Depuis 2003 le tourisme à l'extérieur de la Chine est autorisé par le régime, de quoi développer tout un pan de leur économie en plein boom.
La Chine a changé le monde, voilà maintenant qu'elle change le tourisme. ! Bonjour Nicolas Barré ! L’industrie touristique, comme tant d’autres industries, devient, à son tour un instrument de conquête du pouvoir chinois.
Après la vague des touristes chinois arrive la vague des industriels du tourisme chinois qui prennent de plus en plus de positions sur les marchés occidentaux. C’est parfaitement logique : ces groupes touristiques s’appuient sur un marché intérieur en croissance de plus de 10% par an. Chaque année, il y a plus de 4 milliards de déplacements touristiques en Chine. Les Chinois ont en moyenne douze jours de vacances par an plus des week-ends prolongés. Ce qui, à l’échelle du pays, représente une telle masse de gens que la Chine est devenue le premier marché mondial du tourisme.
Et le régime encourage cela ?
Il faut faire un peu d’histoire. Jusqu’en 2003, les déplacements individuels à l’étranger étaient interdits. Il n’y avait donc pas de touristes chinois à l’étranger. Le tourisme était intérieur. Depuis 2003, la barrière de l’étranger a sauté: 100 millions de touristes chinois vont à l’étranger chaque année. Et il faut bien les accompagner. Le régime y voit deux avantages: ça permet de mettre sur pied une industrie du tourisme qui rivalise avec les grands noms occidentaux. C’est le volet conquête. Et au passage ça permet de garder un œil sur cette masse de citoyens chinois qui vont se promener à l’étranger. C’est le volet contrôle. Conquérir et contrôler, les deux mots résument bien la stratégie chinoise. Une stratégie qui se décline dans d’autres secteurs.
Dans le tourisme, ça se traduit notamment par le grignotage des positions françaises…
On peut y voir du positif et du négatif. Le Club Med, dont le premier actionnaire est chinois depuis 2015, s’en porte plutôt bien. On peut penser que Pierre&Vacances-Center Parcs qui vient de s’associer à un autre chinois, HNA, en tirera aussi profit pour se développer. C’est plus compliqué lorsque des groupes chinois s’attaquent à des mastodontes: ils ne sont pas si bienvenus chez AccorHotels, par exemple, et on voit d’ici la levée de boucliers si un groupe chinois prenait une position importante dans le capital d’Air France qui est une cible intéressante et pas chère.
La leçon, comme dans d’autres industries, c’est que la Chine est en train de profiter de son effet de taille, tout simplement, pour conquérir une nouvelle industrie, celle du tourisme. Elle dispose de grands groupes jusqu’ici inconnus à l’étranger car ils étaient très domestiques. Ces géants sortent des frontières et ça change tout: il va falloir s’y habituer.