La crise sanitaire a donné lieu à une intervention hors normes de l’État avec des mesures d’aides et de relance qui se succèdent. Selon les experts, le plan du gouvernement a été plutôt redistributif et social. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Quatre budgets de crise, des mesures d’aides et de relance qui se succèdent : la crise du Covid a donné lieu à une intervention hors normes de l’État. Mais a-t-elle été pertinente ?
C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs de l’Institut des politiques publiques et du Cepremap, un autre organisme de recherche. Leur démarche est très intéressante pour deux raisons. D’abord parce qu’ils ont travaillé "à chaud" pour évaluer la pertinence des politiques publiques mises en œuvre depuis le printemps. Or ce recul, cette analyse manque souvent, notamment aux parlementaires qui s’apprêtent à voter un budget 2021 contenant des dizaines de milliards d’euros de dépenses de relance. Il faut être sûr que cet argent est bien dépensé. Et puis c’est intéressant aussi parce que les mesures d’aide et de relance ont été beaucoup critiquées, notamment à gauche qui les a jugées pas assez sociales.
Alors quel est le verdict ?
Il est beaucoup plus nuancé que bien des critiques. D’abord ces experts font le constat que le choc de la crise a été plus rude pour les ménages les plus modestes, premièrement parce qu’en moyenne, ils travaillent plus que les autres dans des secteurs très touchés par la crise comme la restauration. Deuxio parce qu’ils occupent aussi plus souvent des postes où il n’est pas possible de télétravailler. Et trois parce qu’ils sont moins souvent que les autres en CDI. Mais les mesures gouvernementales, notamment les deux aides exceptionnelles aux bénéficiaires d’aides sociales et l’allocation de rentrée scolaire ont été bien ciblées sur ceux qui en avaient le plus besoin. Ces aides ont fait gagner 5% de revenus aux 5% les plus modestes. Les aides aux indépendants ont également davantage bénéficié aux plus modestes. En résumé, le plan du gouvernement a été plutôt redistributif et plutôt social: voilà qui bat en brèche bien des critiques.
Mais quid des classes moyennes qui ont aussi été durement touchées par la crise ?
Par rapport aux autres pays, la France est sans doute celui qui a le mieux aidé les classes moyennes grâce aux 20 milliards d’euros du chômage partiel. Pour les ménages se situant au milieu de l’échelle des revenus, la perte de revenu a, grâce à cela, été limitée à 0,4% entre mars et juillet, peu de pays peuvent se prévaloir d’un tel bilan. Comme le résume l’un des auteurs de l’étude, "le chômage partiel a bien protégé les actifs occupés". Là où le bât blesse, en revanche, c’est pour les personnes en contrat court et les jeunes qui ont un mal fou à trouver du travail. C’est vers eux que doivent porter les efforts des mois à venir. Mais à l’heure d’un premier bilan, le plan de relance français ne mérite clairement pas toutes les critiques dont il a été l’objet.