Ce mardi, Bruno Le Maire doit annoncer des mesures très attendues sur le financement des entreprises qui ont bénéficié de prêts garantis par l'État. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Mis en place très vite au début de la crise du Covid, les prêts garantis par l’Etat ont sauvé des milliers d’entreprises : un demi-million y ont eu accès ! Mais pourront-elles survivre sans les béquilles de l’État ?
C’est tout le problème de cette rentrée. Les chiffres le montrent, ces prêts garantis par l’État ont été un succès. C’était la mesure intelligente à prendre (avec le chômage partiel) et il faut saluer à la fois le gouvernement et les banques qui ont vraiment joué le jeu. On a tendance à parler plus souvent des ratés que des réussites, il y a eu quelques ratés ici ou là, mais la vérité est que dans l’immense majorité des cas, les dossiers de prêts ont été instruits rapidement et les entreprises qui avaient besoin de fonds en ont eu. Nicolas Barré renvoie les sceptiques aux deux chiffres suivants : durant les 12 mois précédent la crise du Covid, les banques ont distribué 70 milliards de prêts aux entreprises. Depuis, en moins de six mois, en moitié moins de temps, elles en ont distribué pratiquement deux fois plus de prêts garantis par l’État, 120 milliards. L’État et les banques ont été au rendez-vous.
Mais maintenant, il faut en sortir.
C’est là que ça se corse. Ces prêts, qui peuvent s’étaler sur cinq ans, il faut bien les rembourser. Et il ne faudrait pas que les entreprises qui ont bénéficié de cette béquille se retrouvent avec un mur de dette juste au moment où l’activité repart, où il faut investir, où les dispositifs de chômage partiel arrivent en bout de course. Bref, juste au moment où les charges augmentent. D’où deux mesures importantes pour éviter que les entreprises ne soient prises à la gorge. La première, Bruno Le Maire l’annonce ce mardi matin dans les colonnes des Échos. C’est un accord avec les banques pour que le taux de ces prêts garantis reste très bas, entre 1 et 3%, sur toute la durée du prêt. Les banques espéraient un taux plus élevé. Mais leur intérêt, c’est aussi que les entreprises qui se sont beaucoup endettées pendant la crise puissent rembourser et ne fassent pas faillite. C’est un bon compromis.
L’autre mesure vise à renforcer le capital des entreprises.
Oui car le problème du capitalisme français, c’est qu’il manque de capitaux. Les entreprises ont trop de dette et pas assez de capitaux, ce qui freine l’investissement. Alors comme il n’était pas question que l’Etat devienne actionnaire de milliers de PME, Bercy a trouvé une solution intermédiaire avec la mise en place de ce que l’on appelle des prêts participatifs, des prêts à très long terme qui sont presque comme du capital. N’entrons pas dans les détails, retenons l’idée : les entreprises ont subi avec le Covid un choc inouï. Au-delà du court terme, l’État leur apporte un soutien sur plusieurs années. C’est inédit. Et si avec ça certains continuent à prétendre que la politique du gouvernement est trop libérale, c’est qu’ils ont raté les derniers épisodes.