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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Renault réunit ce lundi matin même un conseil d’administration très important. Au menu, rien moins qu’un projet visant à créer le premier groupe automobile mondial ?

Ce projet audacieux consiste à marier Renault et Fiat-Chrysler pour créer un groupe disposant de positions fortes sur tous les grands marchés, des États-Unis avec Chrysler jusqu’en Asie avec Nissan et Mitsubishi, les partenaires japonais de Renault. Ces constructeurs, ensemble, produiraient une quinzaine de millions de voitures par an, contre 10 millions environ pour des groupes comme Volkswagen ou Toyota. Un tel, projet, vous l’imaginez, peut buter sur de nombreux obstacles. Ce n’est donc pas fait. Le point clé dans ce genre d’affaires ce sont les modalités de la fusion.

C’est-à-dire, en clair, qui dirige et qui contrôle le capital ?

Exactement. Alors qui dirige : ce pourrait être Jean-Dominique Senard, le président de Renault, avec un représentant de la famille Agnelli à la présidence de l’ensemble. Qui contrôle le capital : la famille Agnelli, qui possède 29% de Fiat-Chrysler, deviendrait le premier actionnaire du nouveau groupe devant l’État français qui possède 15% de Renault. Il y aura donc des équilibres subtils à trouver pour apaiser la crainte, qui va immédiatement surgir côté français, d’une prise de contrôle rampante de Renault par Fiat.

Et si ce projet aboutit, que devient l’Alliance entre Renault et Nissan qui s’est gravement détériorée ?

Question majeure : Jean-Dominique Senard, le président de Renault, va se rendre à Tokyo dès ce début de semaine pour expliquer ce projet de fusion Renault-Fiat-Chrysler à des dirigeants de Nissan qui n’étaient pas dans la boucle jusqu’à présent. L’Alliance Renault-Nissan, vous avez raison de le dire, a du plomb dans l’aile depuis l’arrestation de Carlos Ghosn, elle doit être refondée sur de nouvelles bases. Évidemment, si Renault entre temps fusionne avec Fiat-Chrysler, ça change encore les rapports de force avec le japonais. Reste que de chaque côté, on peut trouver beaucoup d’avantages à cette alliance élargie : accès à plus de marchés, accélération dans l’électrique, investissements en commun. Sur le papier, le projet offre de grands bénéfices. Ensuite, tout est question d’exécution.