Face à la seconde vague de Coronavirus qui semble toucher l'Europe, l'inquiétude monte sur les marchés financiers. Les places boursières reculent sous l’effet de l’aggravation de la pandémie et des mesures prises un peu partout pour essayer de l’endiguer. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La deuxième vague de Covid est en train de contaminer les marchés financiers et tous les indices boursiers piquent du nez.
Paris, Francfort, Londres, Milan, New York… Toutes les places boursières reculent sous l’effet de l’aggravation de la pandémie et des mesures prises un peu partout pour essayer de l’endiguer. Des mesures catastrophiques pour le tourisme, les loisirs, les transports, des secteurs qui entraînent la chute des cours. Le groupe hôtelier Accor a par exemple plongé de plus de 5% ce jeudi à Paris. À la crise du Covid s’ajoute l’incertitude liée à la situation politique américaine. Les Démocrates et les Républicains n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord au Congrès sur un plan de relance alors que l’économie en aurait bien besoin. Rien que la semaine dernière, 900.000 Américains de plus se sont inscrits à l’assurance-chômage.
Des chiffres qui jettent un doute sur la reprise.
Des doutes sur la reprise aux États-Unis qui vont persister au moins jusqu’à la présidentielle du 3 novembre, voire davantage si elle est contestée. Des doutes également sur la reprise en Europe du fait d’abord des mesures de couvre-feu ou de semi-confinement comme à Londres à partir de ce week-end. Et du fait ensuite des négociations sur le Brexit qui pourraient se terminer sans accord. Bref, cela fait beaucoup de raisons pour ne pas prendre trop de risques en Bourse. Maintenant, si on prend du recul par rapport aux soubresauts actuels, que constate-t-on comme tendances de fond ? Que la planète boursière s’organise autour de trois plaques tectoniques.
C’est-à-dire ?
Vous avez l’Asie et l’Amérique qui progressent : +9% à Shanghaï depuis le début de l’année et +8% aux États-Unis. Tandis que l’Europe recule : -12% en moyenne pour l’ensemble des places européennes. Qu’y a-t-il derrière cela ? Deux choses. D’abord, une dynamique propre en Asie, l’économie est vraiment repartie, on le voit par exemple à travers les ventes de produits de luxe qui se portent très bien. La Chine sera la seule grande économie à croissance positive en 2020. Ensuite, des Etats-Unis qui, dans l’univers occidental, aspirent l’épargne, notamment européenne. Pourquoi ? Parce que sur le long terme, les rendements y sont plus élevés. À long terme, les actions américaines rapportent en moyenne 6,4% contre 4,2% en Europe. Un exemple ne trompe pas : le plus grand fonds souverain du monde, le fonds d’État norvégien, à la tête de près de 1.000 milliards de dollars, vient de décider de basculer une partie de son portefeuille d’Europe vers les États-Unis. Tout se passe au fond comme si le monde était en train de s’organiser autour de deux grands pôles boursiers, un pôle chinois et un pôle américain. Ce monde bipolaire c’est aussi celui de la finance.