Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Après 10 ans à la tête du groupe public, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a annoncé qu’il allait passer la main. Cette annonce arrive à un moment clé de l’histoire de la compagnie de chemins de fer.
Emmanuel Macron (car in fine c’est lui qui décide) n’a pas le droit à l’erreur. La SNCF compte 220.000 employés en France dont encore 130.000 au statut. La première qualité que demandent les politiques à un patron de la SNCF, c’est de savoir gérer ce grand corps social sans le mettre en ébullition. Mais le vrai défi du successeur de Guillaume Pepy, ce sera de faire de la SNCF une entreprise comme les autres. La SNCF vient de fêter ses 80 ans mais avec la réforme qui vient d’être adoptée avec deux grands volets, la fin du statut pour les nouveaux entrants et l’ouverture à la concurrence. La SNCF change de monde.
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Est-elle prête à devenir une entreprise comme les autres ?
Non et elle ne l’est pas, en réalité. Elle reste une structure compliquée, organisée autour de trois établissements publics, un qui pilote l’ensemble et deux autres qui gèrent l’un le réseau ferré et l’autre qui s’occupe du transport, passagers et frêt. Donc un groupe complexe à piloter, ne serait-ce que pour une raison toute simple : vous avez un monopole d’un côté, c’est-à-dire l’entité qui gère les voies ferrées. Et une société de transport qui s’ouvre à la concurrence de l’autre et qui va voir arriver des concurrents sur les lignes gérées par la branche en charge du réseau.
Et justement, la SNCF peut-elle survivre au choc de la concurrence, est-elle prête à ça ?
C’est l’énorme défi du prochain patron. Il y en a d’autres bien sûr : la ponctualité, la sécurité, la qualité de service. Mais la concurrence, c’est un choc terrible. Sur le terrain, tout le monde n’y est pas prêt mentalement. La concurrence signifie que la SNCF va perdre des parts de marché. C’est mathématique : elle part de 100% de part de marché. Elle ne peut qu’en perdre. En Allemagne, la Deutsche Bahn est passée de 100% à 70% de part de marché sur les lignes régionales : c’est ça qui risque d’arriver à la SNCF sur les lignes TER. Donc le prochain patron va devoir gérer ce choc qui, pour l’instant, est encore un peu théorique puisque les appels d’offres sur l’ouverture des lignes à la concurrence commencent à peine. Le premier, sur la ligne Marseille-Nice, est en préparation. Le défi du prochain patron de la SNCF, ça va être de passer de la théorie à la pratique : la réforme est théorique aujourd’hui, elle va entrer en vigueur dans les années à venir. C’est un énorme chantier que l’on peut résumer d’une formule "s’adapter ou mourir".
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