Henry de Laguérie revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Henry de Laguérie remplace Didier François ce lundi 21 mai 2018.
Ce lundi, on reparle de la crise entre Madrid et Barcelone. La Catalogne a enfin un nouveau président. Il s’appelle Quim Torra et c’est un fidèle de Carles Puigdemont. Il a déjà lancé un premier défi à Madrid en nommant dans son gouvernement des ministres incarcérés ou exilés.
Ce conservateur ultra nationaliste de 55 ans, auteur de déclarations incendiaires voire xénophobes contre les espagnols, l’avait promis : les ministres qui avaient été destitués après la tentative ratée de sécession à l’automne dernier seraient réintégrés dans son gouvernement. Il a donc nommé deux ministres qui sont en prison à Madrid dans l’attente de leur procès et deux autres qui sont en exil en Belgique. Ces deux derniers (tout comme Puigdemont qui est en Allemagne) sont recherchés par la justice espagnole.
Ce gouvernement avec des dirigeants poursuivis par la justice, ça ne plait pas à Madrid ?
Et non, c’est vécu comme une provocation. Le Premier ministre, Mariano Rajoy, menace de bloquer la formation de ce gouvernement. Madrid va "étudier la viabilité de cet exécutif catalan". La mise sous tutelle de la région par Madrid, qui devait être levée cette semaine, sera peut être prolongée. C’est en tout cas ce que réclame Ciudadanos, ce parti de droite anti indépendantiste en plein essor en Espagne, qui trouve que Rajoy est un peu trop mou avec les catalans. Les juristes estiment pourtant que ces nominations sont légales, les ministres concernés sont en détention provisoires, ils n’ont pas été jugés et ne sont donc pas encore condamnés. Il n’empêche, on peut se demander s’il est très judicieux d’occuper de telles fonctions depuis une prison.
Les indépendantistes misent tout sur la confrontation ?
Effectivement même s’ils ne sont pas majoritaires en voix, ils continuent de promettre un état catalan. Cette république qu’ils appellent de leur vœux va, selon eux, se déployer dans les prochaines semaines et peu importe ce qu’en dit Madrid. Mais il faudra voir si les mots s’accompagnent des actes. Il y a beaucoup de rhétorique chez le nouveau président Quim Torra mais aucune mesure concrète pour parvenir à l’indépendance. Il y aura sans doute de l’agitation dans les prochains mois, de nouveaux défis lancés à Madrid mais il ne faut pas s’attendre à un remake du référendum illégal marqué par les violences policières d’octobre dernier. Dans les couloirs du Parlement catalan, les indépendantistes le reconnaissent sous couvert d’anonymat : ils ne désobéiront plus car ils le savent, la justice espagnole est intransigeante. Ils en ont fait l’amère expérience. Une dizaine de dirigeants sont en prison. Leur procès est prévu à l’automne prochain et on ne sait toujours pas si Carles Puigdemont sera sur le banc des accusés car la justice allemande hésite à l’extrader.
Il y a des ministres en prison dans ce nouveau gouvernement catalan, mais est ce qu’il y a des femmes ?
Très peu ! Il n’y a que trois femmes pour neuf hommes. Quim Torra avait dit que la république catalane serait féministe ou ne serait pas, et bien c’est mal parti ! Et cette fois-ci, il ne pourra pas dire que c’est la faute de Madrid.