Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
La confirmation est tombée ce jeudi soir dans une déclaration officielle doublée d’une vidéo, le mouvement séparatiste basque ETA annonce sa dissolution.
Ainsi que l’arrêt de toute violence. Ce qui marque la fin des stratégies de lutte armée révolutionnaire pour les indépendantistes en Europe.
C’était le dernier mouvement insurrectionnel d’Europe occidentale, le groupe basque indépendantiste ETA a confirmé sa dissolution ce jeudi. L’arrêt de toute activité politique et à fortiori de toute violence.
C’est vraiment la fin d’une époque puisque ETA était le tout dernier groupe nationaliste prônant la lutte armée révolutionnaire pour obtenir l’indépendance. Un mouvement fondé en 1959 sous la dictature du général Franco et qui c’était fait connaitre par des actions terroristes spectaculaires, comme l’assassinat de l’amiral Carrero Blanco en décembre 1973. Quatre activistes de l’ETA avaient placé une énorme bombe à Madrid, dans un tunnel creusé sous la rue qu’empruntait chaque dimanche à la sortie de la messe le président du gouvernement espagnol qui était considéré comme le dauphin très probable du dictateur. Les assassinats et les attentats à la bombe étaient un peu la marque de fabrique des Etarras, avec une petite spécificité technique qui était la bombe magnétique posées sous les voitures. C’était particulièrement vrai dans les années 70 avec pour cibles principales des tortionnaires du régime franquiste, ce qui leur offrait une certaine sympathie et donc un certain soutien jusque chez les républicains espagnols.
Seulement, l’ETA a poursuivi sa campagne terroriste après l’instauration de la démocratie en Espagne en 1977 ?
Une espèce de fuite en avant. L’organisation à même multiplié ses attentats se lançant dans série d’assassinats ou d’enlèvements d’hommes politiques, d’élus locaux ou de personnalités publiques qui n’étaient pas particulièrement liées au franquisme. Pour vous donner une idée de cette radicalisation, ETA aura fait 118 victimes en 1980 alors que l’Espagne était une démocratie. Quand ETA avait tué 44 personnes sous la dictature, ce qui va d’ailleurs provoquer la première scission du mouvement en 1978 entre la branche politique qui abandonne la lutte armée et la branche militaire qui poursuit sa course folle. Puisqu’en 1995, les Etarras se mettent pour la première fois à tuer des Basques dont des élus autonomistes considérés comme traitres puisqu’ils collaborent avec l’Espagne. C’est à partir de cette période que le mouvement perd une grande partie de ses soutiens. Dans les années 2000, l’ensemble des partis traditionnels espagnols se mettent d’accord pour en finir avec cette insurrection et ferme toutes les façades légales d’ETA. En plus, l’Espagne et la France se mettent à collaborer de manière extrêmement sérieuse sur le plan policier et judiciaire ce qui va décapiter la direction de l’organisation qui avait caché une bonne partie de ses cadres et de ses opérateurs ainsi que ses armes de ce côté-ci de la frontière.
La coopération anti-terroriste est donc venue à bout de ce mouvement.
Alors partiellement oui. Depuis 2004, pas moins de 21 hauts responsables militaires d’ETA ont été arrêtés en France. L’autre raison c’est que la lutte armée dans une démocratie, qui offre toute même une très grande autonomie à ses régions, était une impasse politique totale. Elle l’a d’ailleurs été pour tous les mouvements révolutionnaires des années 70 : Action Directe ici , les Brigades rouges en Italie, la Fraction armée rouge en Allemagne ou l’organisation du 17 novembre en Grèce. Mais également pour tous les mouvements indépendantistes : FNLC corse ou même l’Armée républicaine irlandaise (l’IRA) qui a d’ailleurs beaucoup œuvré pour convaincre ETA de déposer les armes puisque c’est d’ailleurs à Gerry Adams (le patron de Sin Fein) que les Etarras ont adressé leur lettre de dissolution.