Manifestations de l'extrême-droite à Berlin : les récents dérapages de l'AFD qui ne connaît pourtant pas de déconvenue dans les sondages

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Hélène Kohl revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Hélène Kohl remplace Didier François ce lundi 28 mai 2018.

Ce dimanche, le parti d’extrême droite allemand AfD avait appelé à une grande manifestation dans Berlin. Mot d’ordre très large pour mobiliser au maximum.

Sur le papier, on ne pouvait pas faire plus rassembleur que cela, puisque l’Alternative pour l’Allemagne (c’est le nom du parti) appelait à défiler pour "l’avenir de l’Allemagne". Un slogan assez vague pour lisser le temps de quelques heures les points de discorde qui empêchent depuis toujours ici que la nébuleuse d’extrême droite fasse masse.
Pour une fois, il y a eu concorde entre les groupuscules, qui se sont bel et bien retrouvés derrière l’appel de l’AfD et sont venus défiler ce dimanche dans le quartier de la chancellerie. Des nationalistes à la porte de brandebourg, du jamais vu depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

C’est un succès pour l’AfD ?

Pas forcément, car ils attendaient 10.000 manifestants et finalement ils n’auraient été que 3.000.
Alors oui, l’extrême droite a pris la rue. Elle a occupé le terrain et elle s’est sentie pousser des ailes. En fin de manifestation, les discours prononcés à la tribune étaient très radicaux. Les orateurs assumaient la xénophobie, la nostalgie "de l’Allemagne de nos grand parents". On n’est plus tout dans la stratégie de dédiabolisation, sur le modèle du FN, qui a fonctionné au cours des trois dernières années jusqu’aux élections de septembre dernier. Avec un succès historique dans les urnes.
Là, on revient à un discours classique de l’extrême droite allemande, celui tenu depuis 70 ans par les néonazis. Qui n’ont jamais cessé d’exister, mais dans des cercles restreints.
La journée d’hier a donc marqué une rupture. Il faudra surveiller de près les sondages dans les prochaines semaines. Depuis deux ans, l’Afd est stable entre 10 et 15%. On va vite voir si le changement de ton fonctionne, ou si au contraire l’AfD en se radicalisant ouvertement comme cela s’est tiré une balle dans le pied.

Ces images et ces paroles ne passent pas en Allemagne ! Ça doit réagir ce matin !

Cela a réagi dès ce dimanche même avec une contre-manifestation très imposante. 13 cortèges qui ont encerclé l’AfD. 10 fois plus de monde, et là aussi c’est une première ! Jusqu’à présent, la mobilisation était limitée globalement aux groupes d’extrême gauche et aux activistes antifascistes. Ce dimanche, il y a eu une prise de conscience bien plus large que l’AfD n’est pas un parti allemand comme les autres.
Et ce sont bien deux Allemagnes qui se sont fait face au centre de Berlin. Deux Allemagnes qui ne se parlent pas, qui se contentent de se hurler dessus. Avec au milieu la police sur les dents. Dans le ciel, un orage a grondé pendant toute l’après-midi sans jamais éclater. Et bien l’ambiance était à l’unisson.