François Clemenceau revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Le président de la République se rend aujourd’hui à Strasbourg pour s’exprimer devant le parlement européen. Que veut-il dire aux élus des peuples d’Europe ?
En fait il s’agit pour lui, ni plus ni moins d’ouvrir la séquence des élections européennes de 2019. Elles auront lieu dans pile un an et le chef de l’Etat, dont le parti En marche n’est pas représenté au Parlement, veut en quelque sorte tester ses idées sur l’avenir de l’Europe auprès des différents groupes qui siègent à Strasbourg avant d’affiner sa propre stratégie. Veut-il rallier le Parti populaire européen qui engobe une bonne partie des mouvements de la droite et d’abord la CDU de sa principale alliée, la chancelière Merkel ? Veut-il rallier la gauche social-démocrate européenne dont les scores au niveau national ont été très décevants, que ce soit en Allemagne, en Italie, en Espagne ou au Royaume Uni ? Les centristes libéraux très pro-Européens dont il se sent peut-être le plus proche ? Ou faire concourir En Marche sous sa propre bannière en espérant être rejoint par des élus ou des candidats de droite, de gauche et du centre, dans toute l’Europe ?
Mais est-ce que justement, ça ne fait pas un peu « politique politicienne » tous ces calculs, lui qui a promis de renouveler le genre ?
C’est vrai qu’il a réussi à imposer en France une nouveauté. Mais s’il veut faire passer ses idées et ses politiques sur l’Europe de demain, qui passe selon lui par plus d’intégration économique et sociale, plus de convergence sur le plan de la diplomatie et de la défense, plus de souveraineté pour s’imposer face aux géants américains et chinois, il lui faut des relais au Parlement, d’autant que ce sera le candidat du groupe arrivé en tête qui risque d’être le prochain président de la Commission européenne, c’est-à-dire l’homme ou la femme qui dirige au quotidien la politique de l’Europe. Donc, il ne faut pas se tromper, la décision ne sera pas prise tout de suite, mais lui qui ne se retrouve ni dans le PPE qui accueille aussi le populiste de droite hongrois Viktor Orban, ni dans la gauche social-démocrate de Jeremy Corbyn ou des socialistes d’Europe orientale, n’aura pas le droit à l’erreur s’il veut que sa voix continue à porter au-delà du Conseil européen des chefs d’Etats.
Comment peut-il s’y prendre concrètement pour convaincre les Européens de marcher derrière lui ?
D’abord peut-être, on le verra dans son discours en rappelant ce que sont, pour lui, les valeurs de l’Europe. Et que sur la démocratie, l’état de droit, l’indépendance de la justice et des médias, la solidarité entre Etats, notamment sur les migrants, la complaisance n’est plus de mise. Pour lui, la Pologne et la Hongrie par exemple, sont des pays membres qu’il faut menacer de sanctions ou de restrictions en termes d’aides si ces pays continuent de contourner les principes qui ont fait l’Europe démocratique d’aujourd’hui.