À seulement quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, la menace terroriste s'invite dans la campagne.
La politique c’est la menace terroriste qui vient alourdir le climat de cette fin de campagne présidentielle avec le risque, même s’il est difficile à évaluer, d’impacter le choix final des indécis.
C’est le fait marquant de la dernière semaine de campagne. L’évènement qui laisse la dernière impression dans le cerveau de l’électeur. Souvenez-vous Papy Voise le 18 avril 2002, à trois jours du premier tour. Ce vieux monsieur au visage tuméfié après une agression apparaît à la Une du 20 heures. L’insécurité s’invite dans l’isoloir. Jean-Marie Le Pen élimine Lionel Jospin. 1988, à trois jours du second tour de la présidentielle, prise d’assaut de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle Calédonie, 19 kanaks et deux militaires tués. Le président François Mitterrand joue l’opinion il souligne "le bilan douloureux", Jacques Chirac premier ministre salue "le succès de l’opération militaire". Jacques Chirac est largement battu à la présidentielle. Sans pouvoir le quantifier la part de ces évènements dans le résultat final, impossible pour les électeurs de s’en abstraire totalement.
En même temps il n’y a pas eu d’attentats, on est au stade de la menace terroriste, ça crée un climat anxiogène dont les candidats eux-mêmes vont tenir compte pour les derniers jours.
Oui parce que le climat c’est la menace terroriste, mais aussi les bruits de bottes en Corée du Nord et le durcissement du régime Turc. Tout cela les candidats en tiennent compte, voire l’instrumentalise. Marine le Pen joue sur la peur, quand elle annonce qu’elle veut interdire l’immigration légale lundi soir elle est déjà informée de la menace terroriste. On est dans la surenchère. "Avec moi il n’y aurait pas eu de Mohammed Merah, il n’y aurait pas eu les terroristes migrants du Bataclan". La récup politique frise l’outrance. François Fillon à l’inverse fait dans la sobriété, il s’appuie sur son expertise déclinée dans un livre Vaincre le totalitarisme islamiste. Le calme et le sang-froid du responsable politique qui ne "change rien à sa campagne". L’équation est plus délicate pour Emmanuel Macron : sur la sécurité, l’international il ne bénéficie pas de l’expérience de François Fillon mais il a un atout à travers le soutien de Jean-Yves Le Drian Le ministre de la défense avec qui il s’affiche ce soir à Nantes. L’enjeu pour chacun est celui de la crédibilité dans un contexte terroriste qui avait jusqu’ici été peu présent dans la campagne.