Glaner les voix de la banlieue, a priori perdues pour la gauche, c'est le pari d'Alain Juppé. Un pari qui risque d'être oublié une fois l'élection passée.
La banlieue est le passage obligé de toute campagne présidentielle. Alain Juppé est attendu à Argenteuil cette semaine et dans les quartiers nord de Marseille. Une terre de conquête pour la droite et une façon aussi pour Alain Juppé de se démarquer de Nicolas Sarkozy.
"Vous en avez marre de toute cette bande de racaille? On va vous en débarrasser!" La phrase de Nicolas Sakozy résonne encore dans la tête des habitants des cités. Alain Juppé veut montrer que lui peut aller partout, y compris dans les cités les plus chaudes, là où ce serait beaucoup plus périlleux pour Nicolas Sarkozy.
Et ce n'est pas plus simple pour l'actuel Président François Hollande. Il y quelques mois à la Courneuve, il se faisait huer "Le changement c'est pour quand ?!", lui lançaient les habitants. La gauche a perdu la banlieue, François Hollande a fait ses meilleurs scores à la présidentielle de 2012 au-delà du périph. Aux départementales et aux régionales, l'abstention a été massive et la droite souvent devant. Oublié le droit de vote des étrangers aux élections locales, les mesures pour lutter contre le contrôle au faciès. Quant aux emplois aidés, ils n'ont rien changé : le chômage a augmenté de façon continue en banlieue tout au long du quinquennat.
Le risque c'est qu’une fois l’élection passée, on oublie à nouveau les banlieues. C'est une histoire déjà vue. Emmanuel Macron les fait rêver : je vous aiderai à monter votre business là où la gauche vous maintient dans la culture de l'aide. Alain Juppé va jouer la fibre gaullienne, l'Etat n'est plus providence, mais il restera protecteur pour ceux qu'il faut épauler. Et après, après l'élection, merci pour vos voix et à dans 5 ans. Alain Juppé est pourtant bien placé pour éviter que ça ne se reproduise. En 1995 le candidat de la fracture sociale Jacques Chirac avait promis un plan Marshall pour les banlieues, une fois élu son Premier ministre l'avait tranquillement enterré. Il s'appelait Alain Juppé.