François Hollande redoute les accès de colère du monde agricole qui sont généralement soutenus par une majorité de Français.
On parle beaucoup de la colère des producteurs de lait contre Lactalis, c’est le sujet qui inquiète et que l'on surveille de très près à l'Elysée.
Les bonnets rouges en novembre 2013, la crise du grand Ouest rural et agricole c’est le mouvement social qui a fait reculer le président de la République sur l’écotaxe. Les jeunes et les agriculteurs ce sont les deux catégories dont François Hollande redoute les accès de fièvre et les colères. Or le secteur agricole tout entier est en crise continue, les éleveurs l’an dernier et cet hiver auxquels il a fallu lâcher 500 millions d’euros. Cet été, les producteurs de fruits et légumes ont souffert et la prochaine crise, après celle du lait que le gouvernement redoute, c’est celle des céréaliers dont les niveaux de rendements sont historiquement bas la faute à des conditions climatiques défavorables. Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, est donc prié par l’Élysée de jouer les pompiers de service pour éteindre le moindre début d’incendie.
La crise est structurelle, c’est tous nos modes de productions qu’il faut revoir, l’agriculture intensive et ça ne va pas se régler en quelques mois.
Non c’est pour ça que s’il faut payer, le gouvernement paiera. D’une manière ou d’une autre avec des exonération de charges, des aides ponctuelles ou gestes fiscaux. Si le puissant secteur des céréaliers embraye sur les laitiers, le gouvernement paiera. Non seulement parce que le président redoute une flambée sociale, les mouvements d’agriculteurs ce sont souvent des mouvements musclés, de blocage, de chienlit qui mettent à l’épreuve l’autorité du gouvernement. Mais aussi parce que derrière le monde agricole qui souffre économiquement, c’est la France rurale qui gronde et que le million d’agriculteurs qui subsiste et qui résiste dans nos campagnes bénéficie d’une caisse de résonnance considérable dans le pays. Utiles, courageux, sympathiques, incarnant la valeur travail et l’engagement, on le mesure dans les études. Les Français, par exemple, se disent prêts à payer un peu plus chers leurs aliments si c’est cela bénéficie aux producteurs. Or, François Hollande lui a épuisé son crédit auprès des agriculteurs. Deux images pour l’illustrer : en 2012, il établit le record du temps passé au salon de l’Agriculture et cette année il s’est fait huer lors de son passage, sa visite s’est soldée par deux blessés et cinq arrestations. À huit mois de la présidentielle, le risque d’embrasement du monde rural reste une menace politique à haut risque pour le président.