David Doukhan est revenu sur une phrase prononcée par Bruno Le Maire sur notre antenne lundi matin : " Je n’ai pas de respect pour François Hollande".
C’est une affirmation qui peut surprendre par sa violence et son caractère personnel. Et c’est dit très tranquillement, comme si c’était normal.
Les cas inédits du mépris affiché. Une événement similaire a eu lieu juste avant le week-end. Laurent Wauquiez, se tourne vers le président du Sénat et lui dit en public : "S’il arrive quelque chose à François Hollande, vous seriez le nouveau président, ce ne serait pas forcément une mauvaise affaire." Il souhaite donc, lui aussi très tranquillement, à François Hollande de se retrouver en situation d’incapacité, voire pire.
La violence en politique ça existe. Mais ce dédain, cette façon d’afficher son mépris envers la figure du chef de l’Etat, ça c’est nouveau. Lorsqu’en 2002, Lionel Jospin parle de Jacques Chirac comme de quelqu’un de "vieilli, usé, fatigué", c’est irrespectueux. Il a été lourdement sanctionné dans l’opinion. A ce moment-là, on est dans une confrontation de haut niveau entre un Premier ministre et le président de la République, tous deux adversaires d’une présidentielle.
Aujourd’hui, des responsables politiques d’envergure moindre, comme Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez ou d’autres, peuvent se livrer à ce qui relève de l’outrance verbale, en toute impunité ou en tous cas dans une forme d’indifférence.
François Hollande porte une responsabilité. Il y a d'abord le climat de tension extrême créé par la primaire qui explique la libération de la parole envers le Chef de l’Etat. Mais surtout, François Hollande lui-même porte une responsabilité. Comment exiger que l’on respecte l’institution présidentielle, quand soi-même, on ne respecte pas, par exemple, l’institution judiciaire, en la qualifiant d’institution de lâcheté ?
Avec le livre de nos confrères Davet et Lhomme, quelque chose s’est brisé. Malgré toutes les péripéties de ce quinquennat, François Hollande avait toujours un reste d’aura, lié à son statut. En se confiant ainsi sans prudence, parfois dans des situations très anormales comme dans des dîners ou des cocktails chez les journalistes, il a lui-même renoncé à la protection que devrait lui conférer sa fonction. Ça ne justifie pas les violences verbales excessives, mais ça les explique.