Bien qu'il n'exclue pas que le FN devienne un parti de Gouvernement, Eric Woerth réfute toute coalition possible avec l'extrême droite.
Eric Woerth, maire de Chantilly et député UMP de la 4ème circonscription de l’Oise
Ses principales déclarations :
Filloniste convaincu ou tourneboulé ?
"Je ne suis pas tourneboulé ! Ce n'est pas mon caractère. Je vois que ça prend de l'ampleur, une querelle, une polémique... Je ne crois pas que ce soit justifié. François Fillon a dit les choses, il a sa liberté de ton comme tout le monde, comme tous ceux qui peuvent le critiquer, il y a un débat. Il a voulu dire que ce sont les électeurs qui choisissent, il n'y a pas de consigne de vote qui vaut."
Regrette t-il ?
"Il n'y a aucune raison de regretter quoi que ce soit. Il a le droit d'apporter au débat. La vraie question est que le FN est toujours élevé depuis 20 ans, que le PS a toujours fait prospérer le FN, il y a l'intérêt ! Qui perd dans les triangulaires ? L'UMP, pas le PS. A un moment donné, il faut bien à la fois afficher son éloignement du FN, nous n'avons jamais voté pour le FN, nous ne le ferons jamais, nous n'avons jamais fait d'alliance..."
Les Français ont-ils encore peur du FN ?
"Non, ils ont moins peur, il s'est banalisé. Il faut faire attention à cela et envoyer le message aux électeurs que l'électeur a toujours raison et le convaincre à voter pour vous."
A force de dédiaboliser, le FN ne va t-il pas devenir un parti de gouvernement ?
"Il est aujourd'hui dédiabolisé dans la tête de beaucoup de Français, c'est comme ça ! On peut le regretter. Il faut le combattre sur ses idées, le combattre de façon forte ! Et en même temps les électeurs qui votent FN, à un moment donné il faut bien qu'ils votent pour l'UMP ou quelqu'un en tout cas..."
Le FN peut-il devenir un parti de gouvernement ?
"Rien n'est exclu aujourd'hui ! Il était au deuxième tour de l'élection présidentielle, donc c'est dangereux !"
Il pourrait y avoir une cohabitation, une coalition UMP-FN...
"Jamais ! Bien sûr que non ! Jamais, jamais, jamais ! Ca fait 20 ans qu'on essaye de nous placer dans ce débat, on a toujours répondu de façon claire, de Chirac à Sarkozy et François Fillon aujourd'hui comme l'ensemble de l'UMP. Sauf qu'il faut déplacer le débat pour essayer de montrer qu'on respecte les électeurs et que le PS ne se gêne pas pour voter FN. Chez moi, dans l'Oise ! Le PS a voté largement au deuxième tour FN aux législatives partielles. Nous n'avons pas de leçon de morale à recevoir de la gauche."
"Les électeurs sont libres. Il faut les convaincre. Ils ne croient plus à la politique. Ils ne croient plus à la gauche, ils ne croient pas encore à l'UMP... Il faut leur montrer que nous sommes capables de régler les problèmes du pays. Il faut des propositions pour cela qui ne sont pas du tout celles du FN, on est à des années lumière des propositions du FN..."
Comité politique UMP ce matin, François Fillon va t-il expliquer pourquoi il n'interdit plus qu'un électeur UMP vote FN ?
"J'imagine qu'il l'expliquera. S'il faut expliquer, on expliquera. Et puis il faut discuter ensemble... Je vois d'ailleurs que les commentaires sont plus calmes aujourd'hui, que ce soit Jean-Pierre Raffarin ou Jean-François Copé hier. Il y a un débat, il faut le faire. On ne peut pas rester dans des débats techniques, théoriques ou stratégiques d'appareils. Ni ni, etc. Ce sont des débats techniques, les Français n'y comprennent rien. Il faut leur dire : on respecte votre vote, on voudrait que vous votiez pour nous, il faut leur expliquer pourquoi."
Ca veut dire que François Fillon pourrait faire voter pour des socialistes modérés, non sectaires ?
"Je ne veux pas rentrer là-dedans. La question, c'est d'abord de faire voter pour l'UMP ! Les élections municipales sont des élections de proximité, il est assez naturel qu'un leader politique comme François Fillon puisse indiquer qu'on vaudra pour celui qui est le moins sectaire, le mieux à même gérer sa ville."
Qui peut-être un FN ou un socialiste !
"Ce doit être un UMP, c'est d'abord la vérité. C'est qu'on sera toujours au 2ème tour des élections municipales"
Croyez-vous que pour sa stature d'homme d'Etat, ce qu'il fait est bon ?
"Je pense qu'il a une idée qui est très forte, que les électeurs font vraiment ce qu'ils veulent. Les électeurs du PS votent Front national ! Je veux redire ça et renvoyer au sectarisme du Front National (lapsus)... Du Front National, c'est sûr, mais renvoyer au sectarisme du PS, c'est aussi une réalité. On le voit tous les jours à l'Assemblée Nationale ! Le texte de Mme Duflot sur le logement, c'est du sectarisme ! La garantie universelle des loyers, c'est du sectarisme ! Les textes de Mme Taubira, c'est du sectarisme ! La vision économique et fiscale du gouvernement, c'est du sectarisme, pas du pragmatisme !"
Tous ces chefs et sous-chefs de l'UMP ne préparent-ils pas un lit à baldaquins pour Nicolas Sarkozy ?
"Qu'on ait beaucoup de candidats potentiels pour 2017 qui sont de bons candidats, je m'en réjouis tous les jours. On verra, il faut que le débat s'installe, que les propositions se fassent. Notre réponse, notre crédibilité, ce sont nos propositions : il faut en débattre au sein de l'UMP, un débat très très large."
Endettement : plus de 95% du PIB fin 2014. Pierre Moscovici confirme que l'endettement va atteindre un maximum avant de décroître...
"C'est comme pour le chômage : on constate que ça va mal, et on dit que ça ira mieux. Il faut que ce soit la réalité. Le PS et le gouvernement d'aujourd'hui ont critiqué l'endettement de la France. Il a mis sur le dos de Nicolas Sarkozy une dette gigantesque due à la crise, au plan de relance, à notre capacité à lutter contre la crise ! Le PS et M. Hollande font pire que ça ! Il attend 2% de croissance pour dire qu'il y aura une inversion de la dette comme il y aura peut-être une inversion du chômage..."
Quel risque court-on avec ces chiffres ?
"Un manque de crédibilité de la France. On nous a laissé deux ans pour réformer structurellement notre pays, c'est ce qu'à dit l'Europe. Nous avons abandonné nos objectifs en terme de déficit des finances publiques, contrairement à ce qu'à dit le Président. Ces deux ans sont perdus ! Il n'y a pas de réforme structurelle, ni en préparation, ni sur la table aujourd'hui. C'est dénoncé par l'Europe, le FMI et l'OCDE. Le Président n'est pas réformiste. Barroso a raison ! Nous avons deux ans pour réformer notre pays, il faut le faire !"
A propos des recommandations de la Cour des comptes sur la sécurité sociale...
"Il faut faire des économies sur l'hôpital, sur les soins ambulatoires... Il faut réformer la sécurité sociale ! Elle est magnifique mais il faut la réformer. Je n'entends rien du Président là-dessus sinon des intentions et des illusions."