L'objectif du quinquennat pour Bernard Cazeneuve est "de faire d'avantage d'économies en dépenses publiques et de diminuer la pression fiscale".
Bernard Cazeneuve, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget
Ses déclarations :
Une remise à plat n'a jamais été une réforme...
"Mais la réforme est engagée depuis notre arrivée en situation de responsabilité. L'an dernier, nous avons fiscalisé les revenus du capital comme les revenus du travail, nous avons réformé l'ISF, les droits de succession. Ce que le Président et le Premier ministre ont souhaité, c'est qu'on poursuive cette réforme, qu'on l'amplifie, qu'on la mette à la concertation parce qu'il faut renforcer le consentement à l'impôt et donner du sens à ce que nous faisons."
Quand et comment avez-vous appris cette remise à plat de la fiscalité ?
"Par le Premier ministre avant qu'il ne l'annonce, quelques heures avant l'interview aux Echos quand l'article s'apprêtait à paraître."
Vous tous, 7 ministres à Bercy, n'avez pas été associés à la décision pourtant contradictoire avec ce que vous répétiez tous : pas d'augmentation d'impôts, pas de réforme...
"Non non, il n'y a pas de contradiction ! Il y a au contraire dans tout cela une cohérence. Nous sommes engagés dans une trajectoire de finances publiques devant l'Union Européenne, et moi, ma stratégie est simple et claire. Elle est dictée par les orientations du Président et du Premier ministre. C'est, un, cap sur les économies. Deux, plus de sollicitation, de pression fiscale pour ajuster les budgets, c'est à dire stabilisation de la pression fiscale et diminution de la pression fiscale d'ici la fin du quinquennat. Ce qui veut dire qu'il faut mettre le paquet sur les économies en dépense. Et pour cela, il faut absolument que nous réformions notre fiscalité."
Jean-Marc Ayrault lance cette remise à plat sans tout dire au Président. Coup de force, erreur ?
"Ni l'un ni l'autre ! Nous sommes engagés depuis le début du quinquennat dans une réforme de la fiscalité. Le Premier ministre, et il a raison de donner cette impulsion, souhaite que nous associons l'ensemble des groupes politiques, des partenaires sociaux, pour aller plus loin et je le souhaite moi-même. Je l'ai dit au Parlement lorsque nous avons eu à examiner un certain nombre d'amendements sur la CSG progressive, qu'on le fasse dans la clarté, dans la volonté de renforcer le consentement à l'impôt, et dans la volonté de faire davantage d'économies en dépense, c'est mon cap, et de diminuer la pression fiscale."
Ces évolutions fiscales, c'est pour 2015 ou 2017 ?
"2015, il y a la définition de la trajectoire jusqu'à la fin du quinquennat, qu'est-ce que nous allons faire budget après budget. Bien entendu cette réforme prendra du temps parce que nous ne croyons pas au grand soir fiscal mais à la réforme fiscale. Il faut qu'en 2015, en liaison avec les partenaires sociaux et les groupes politiques, nous ayons précisé davantage encore la trajectoire et ensuite, année après année, la mettre en œuvre."
Vous parlez avec beaucoup d'optimisme et donnez une impression de cohérence, et beaucoup d'habileté.
"Vous voudriez qu'il n'y ait pas de cohérence et d'optimisme ? Mais nous sommes optimistes et cohérents !"
Qui engage-t-elle, cette remise à plat ? Le Président ou le Premier ministre ?
"Le Président, le Premier ministre, tout le gouvernement, les partenaires sociaux qui sont associés, les parlementaires législateurs. Un mouvement de ce type ne peut pas se faire dans le silence du cabinet de travail de tel ou tel. C'est un mouvement ample qui associe toutes les forces du pays."
Vous recevrez les partenaires sociaux puis les politiques. Dans votre esprit, dans celui de Matignon, les syndicats sont-ils plus représentatifs que les élus de la nation ?
"C'est une mauvaise approche du sujet. Le fait qu'on veuille associer totalement les parlementaires ne signifie pas que le dialogue social s'arrête. Et le fait que le dialogue social s'accélère, s'intensifie, s'approfondisse, ce qui est bien dans une démocratie, ne signifie pas que les parlementaires n'ont plus rien à dire ! Les grandes démocraties européennes sont des démocraties où il y a un dialogue social solide et des parlementaires qui font leur travail."
Vous dites que le problème est de rendre les impôts plus simples et plus justes. Cette remise à plat aidera-t-elle à baisser les impôts en France ?
"Moi bien entendu, je souhaite que l'on baisse les impôts ! C'est un engagement, y compris devant l'Union Européenne puisque nous devons baisser les prélèvements obligatoires de 0,3% d'ici à la fin du quinquennat. Donc, oui, il faut baisser les impôts ! Deux, nous ne le ferons pas si nous faisons pas des économies en dépense, de façon très significative. Donc pour moi, et c'est la consigne qui m'a été donnée, c'est réduction des dépenses publiques, modernisation de l'Etat, réforme de structure pour atteindre le but, diminution de la pression fiscale, baisse des impôts. Et, trois objectifs : simplification, stabilisation du paysage fiscal car on doit savoir où l'on va quand on investit, et plus de justice fiscale. C'est assez simple !"
Quand deux fusionnent, l'un absorbe, l'autre est absorbé. La CSG va-t-elle absorber l'impôt sur le revenu ?
"On n'en est pas là. C'est un sujet très technique et assez complexe, il y a une retenue à la source qui existe pour la CSG et pas pour l'impôt sur le revenu, on ne peut pas faire cette fusion si on ne s'attaque pas à toutes les niches fiscales et c'est un sujet compliqué... L'un des impôts est familialisé, l'autre non... Mon idée, c'est qu'il faut renforcer la lisibilité, simplifier et renforcer la progressivité de l'impôt. C'est ce chantier que nous ouvrons, je ne vais pas le conclure en dix minutes chez vous, alors qu'il a vocation à se déployer dans la concertation."
Appliquez-vous au 1er janvier la hausse de la TVA ?
"C'est décidé, oui. Je rappelle qu'à notre arrivée au pouvoir, elle était à 21,2%, nous l'avons ramenée à 19,6%. On devait prélever 13 milliards, on en prélèvera 6. Par ailleurs, j'ai engagé avec Sylvia Pinel à la demande du Premier ministre et du Président, une négociation intense avec les artisans pour étendre le champ de la réduction de la TVA sur les travaux, qui donne du travail aux artisans (...)"
Deux directeurs importants de Bercy, dont Julien Dubertret, vont être remplacés. Vous le confirmez ?
"Moi je ne confirme rien. C'est au Conseil des ministres que ça se décide. Tant qu'il n'a pas statué, les ministres se taisent."
Ca ressemble à une purge avec des boucs-émissaires politiques...
"Non non. Les deux fonctionnaires dont il est question sont de très hauts fonctionnaires avec un sens de l'Etat très élevé, qui sont d'une loyauté parfaite. J'en profite pour dire que ces critiques récurrentes, constantes sur la technostructure de Bercy, qui serait à l'origine de tous les maux de la République, commencent à bien faire. Tout cela suffit. Il y a dans l'administration de Bercy des fonctionnaires de tous niveaux de responsabilité qui ont un grand sens de l'Etat, qui sont des collaborateurs irréprochables sans lesquels on ne peut faire ni réforme fiscale ni réforme du pays."
Gardez-les...
"Il y a toujours des modifications dans l'administration. Un très grand nombre de fonctionnaires de Bercy sont appelés à connaître des évolutions de carrière. Ces deux collaborateurs sont de bons collaborateurs, ils ont fait un travail remarquable. Je veux rendre hommage à tous les collaborateurs de cette administration qui méritent d'être reconnus pour leur compétence et leur sens de l'honneur."
A 7h25, Caroline Roux expliquait que l'inversion de la courbe du chômage n'aurait pas lieu au 31 décembre mais plus tard. Vous confirmez ?
"Nous sommes déterminés à inverser la courbe. Vous avez les statistiques du 31 décembre ? Caroline Roux les a ? Comme disait le Président Pompidou : nous verrons. Nous sommes déterminés à atteindre cet objectif, si Caroline Roux a déjà les statistiques, très bien, nous ne les avons pas."
A la grâce de Dieu ?
"Non ! Nous sommes déterminés à atteindre l’objectif, nous l'atteindrons."
Pour le 31 décembre ?
"Je vous ai répondu."