Pour Jean-François Copé, Manuel Valls n'incarne que l’ambiguïté après ses multiples annonces.
Invité : Jean-François Copé, président de l’UMP et député-maire de Meaux
Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Jean-François Copé, président de l’UMP et député-maire de Meaux.
Ses principales déclarations :
Valls vous a-t-il rassuré hier soir concernant le budget de la Défense ?
"Non, il est resté très ambigu ! Cela confirme que le lièvre levé par Xavier Bertrand au nom de l'UMP mérite d'être levé ! Nous sommes très nombreux à considérer qu'il y a un vrai plan caché, j'en suis d'autant plus inquiet que François Hollande, qui est jusqu'à nouvel ordre le Président de la République et le chef des Armées, s'est à au moins trois reprises engagé à préserver les crédits de notre outil de défense. Je suis d'autant plus préoccupé qu'hier, entre autres ambiguïtés, M. Valls n'a absolument pas levé les inquiétudes qui peuvent être les nôtres."
Manuel Valls hier : "Les armées sont préservées / Chacun doit participer à l'effort." Cela veut dire que les armées ont déjà donné ou qu'elles doivent réduire leur budget au-delà de ce qui est prévu par la loi de programmation militaire ?
"C'est une très bonne question ! Nous avions compris que la loi de programmation militaire était pour solde de tout compte puisqu'on demandait déjà beaucoup d'efforts à nos armées ! On a un Président isolé sur le plan diplomatique au point de ne pas réussir à convaincre nos partenaires d'amplifier l'effort de défense européen, qui est en train de fermer les yeux sur des restrictions qui viendraient au-delà pour ce qui concerne notre outil de défense, à un moment où les menaces géopolitiques et terroristes sont présentes et où nous sommes au Mali et en Centrafrique. C'est intenable."
Pour avoir les 50 milliards d'économies en 3 ans, il y a l'influence des nouveaux titulaires de Matignon et Bercy ?
"Il n'y a pas de nouvelles influences. Le problème, c'est que Manuel Valls, depuis 3 semaines, veut incarner la réforme, le changement, le courage. Hier soir à la télévision - c'est quand même la troisième fois qu'il fait un 20-heures en un mois - il était censé donner le coup d'envoi de la campagne européenne. Il n'a pas parlé d'Europe : il a simplement annoncé des baisses d'impôts pour nos compatriotes les plus modestes auxquels le gouvernement socialiste a infligé un coup de massue fiscal considérable depuis 2 ans. Je sais que la gauche aujourd'hui ne s'étouffe plus devant aucune contradiction mais le même qui nous dit qu'il va faire un plan de baisse des dépenses ne nous dit toujours pas ce qu'il va baisser comme dépenses publiques ; en revanche nous apprenons qu'il y a une nouvelle baisse d'impôts (lapsus), enfin une baisse d'impôts, pardon, qui aujourd'hui est en fait une nouvelle dépense non financée : il n'a pas le premier euro pour la financer !"
Quand il promet pour 2015 une pression fiscale qui baisserait, vous le croyez ?
"Personne n'y croit ! Pas un français n'y croit ! Voilà un gouvernement qui a augmenté de manière inédite les impôts et charges des Français et qui, en catastrophe, fait semblant, comprenant que les Français le désavouent massivement, essaie de trouver des échappatoires à deux semaines des européennes. Je trouve ça d'autant plus choquant que c'est le gouvernement des mots, avec un Premier ministre qui passe son temps à prendre un air martial pour nous annoncer des réformes censées incarner le courage et qui dans les faits n'est absolument concret. C'est pourquoi je lui ai dit, à la tribune de l'Assemblée, que l'UMP ne voterait pas ce plan : il n'est pas documenté, l'effort n'a rien à voir avec ce dont on a besoin et il ne réforme pas le pays."
C'est bon pour Valls que vous l'attaquiez autant ? N'est-ce pas la preuve que vous redoutez la popularité de Valls et son avenir ?
"Vous savez, je crains malheureusement que je ne sois pas le seul à l'attaquer... Il multiplie les ambigüités ! On ne sort jamais de l'ambiguïté à son avantage ! Notre pays a besoin que l'on bouge ses structures et son modèle ; il n'en fait rien. Nous proposons beaucoup de choses : un vrai programme de baisse des dépenses, 130 milliards, que nous documentons ! La fin des 35 heures, la vraie fusion des départements, des conseils généraux, des régions, mais pas ce changement institutionnel complet sans consulter les Français..."
Vous ne toucheriez pas au budget de la Défense ?
"Non, je pense que c'est irresponsable. Il faut absolument préserver notre outil. J'attends du Président qu'il lève toutes les ambigüités là-dessus mais que, pendant ce temps-là, on ait le courage, ce que M. Valls ne fait pas, de poser la question de notre modèle social qui, aujourd'hui, fuit de partout du fait des fraudes, du fait qu'un certain nombre de gens en bénéficient sans qu'on évalue si ça leur permet de s'en sortir. Autant de choses dont je mesure à Meaux combien elles nécessitent d'être suivies au cas par cas."
Manuel Valls encourage à aller voter aux européennes, d'abord contre votre épouvantail commun, le Front National...
"Epouvantail commun, je ne suis pas d'accord ! Je ne laisserais pas dire épouvantail commun : il y a une alliance que tout le monde a comprise depuis des années entre le PS et le Front National. J'en ai assez de cette manière de présenter les choses. Quand François Hollande, comme par hasard, il y a huit jours, dit : "Tiens, on va remettre le droit de vote pour les étrangers"... C'est un chiffon rouge pour faire monter le Front National ! Quand vous voyez la manière dont, sur cette affaire stupide, ridicule du maire de Villers-Cotterêts qui refuse de se rendre à une commémoration concernant cette abomination absolue que fut l'esclavage, quand vous voyez les socialistes en faire leurs frais, c'est tout simplement car c'est une manière pour eux de faire un buzz médiatique autour du FN !"
Jacques Chirac l'avait lancé il y a huit ans...
"De quoi me parlez-vous ? Jacques Chirac a été le chef de l'Etat français qui a eu le courage de dénoncer l'abomination historique, mais ce n'est pas la même chose que de le dénoncer et d'en finir avec cette concurrence des mémoires absurde, pour avoir le courage de dénoncer tout cela, une autre est de faire un magnifique buzz médiatique au profit du Front National et les socialistes sont toujours très forts pour le faire en période de campagne éléctorale..."
Le Front National arrivera avant l'UMP le 25 mai ?
"Je n'en sais rien ! On est en campagne, à fond."
Vous ne vous battez pas pour être devant le FN ?
"On n'arrête pas de le faire ! On fait campagne, je fais moi-même des meetings tous les jours, je vais faire un débat contre Mme Le Pen à la télévision. Mon objectif est très simple : dire aux Français attention, l'Europe que nous voulons est une Europe que nous pouvons changer de l'intérieur, certainement pas de sortir de l'Europe comme le préconise Mme Le Pen, ce qui serait catastrophique pour le pays."
Alain Juppé dit que si Guaino ne veut pas voter, qu'il quitte l'UMP. Vous dites la même chose ?
"Je dis qu'il faut être cohérent ! Alain Juppé a raison : à un moment, il faut rappeler qu'on a une famille politique, que même si on peut avoir des nuances, moi j'attends qu'on soit constructifs. Etre constructif, ce n'est pas simplement dire ce qui ne marche pas : bien sûr, il y a des choses qui ne marchent pas, mais c'est aussi rappeler tout ce que la France peut faire grâce à l'Europe ! Il y a un article très intéressant dans Le Parisien sur un couple d’agriculteurs qui se bat, qui en bave, qui dit heureusement qu’on a l’Europe, la PAC, mais qui ajoute que la France doit aussi se réformer, alléger les coûts. Le message que nous disons à l'UMP tous les jours aux Français : c'est balayons devant notre porte ! Ayons le courage de réformer la France pour être plus forts en Europe !"
Etes-vous favorable à la réforme des régions ?
"Je milite depuis des années pour qu'on fusionne les conseils généraux et régionaux ! Je dis à François Hollande que je ne suis pas dupe : s'il invente cette réforme, c'est pour annuler les régionales et cantonales de l'an prochain dont il a très peur ! Je lui dis : Chiche ! Si vous voulez faire cette réforme, passons par un référendum ! S'il s'agit de fusionner les conseils régionaux et généraux, je suis pour ! S'il s'agit de transformer la République Française avec 11 régions, ça devient un état fédéral : rien sans l'avis des Français ! Un referendum avant toute autre chose."
A propos de Christiane Taubira et du "karaoké d'estrade"...
"Ca pourrait être considéré comme une boulette de plus de Mme Taubira, mais ce qui est profondément choquant c'est qu'elle ait pu qualifier le fait de ne pas chanter l'hymne national en parlant de karaoké d'estrade. Je suis désolé mais il y a un moment où il faut quand même que chacun assume ses responsabilités : elle est ministre de la République, il y a des choses qu'on ne peut pas dire, qu'on n'a pas le droit de dire. Je suis je pense comme des millions de Français prpofondément choqué qu'elle ait pu utiliser ce type de formule."
Elle doit démissionner ?
"Le problème, c'est qu'à mes yeux elle aurait dû démissionner depuis très longtemps, au regard de la politique pénale qu'elle mène, exgtrêmement laxiste. Je pense que tout cela n'est pas tenable, sur le fond comme sur la forme. Il parait que M. Hollande a maintenant de l'autorité, qu'il est doté d'un Premier ministre très très ferme, nous verrons ce qu'il en est !"