Le Conseiller régional d'Ile de France réagit à l'actualité dont la récente garde à vue de Nicolas Sarkozy.
Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France.
Ses principales déclarations :
A propos de Nicolas Sarkozy :
"Des procédures judiciaires sont en cours. Nécessairement, à partir du moment où le nom de Nicolas Sarkozy était au cœur de ces procédures judiciaires, il y avait nécessité pour lui de s'expliquer et pour la Justice d'avoir les éléments nécessaires pour comprendre sa place et son rôle dans ces affaires."
Etait-il prévenu de sa convocation ?
"Oui, ils ne sont pas venus à 5h du matin le prendre au lever avec les croissants... Je pense qu'il le savait depuis longtemps... A partir du moment où la procédure est en cours, où il est au cœur, il savait qu'il allait être entendu. Mais être entendu n'est pas une preuve de culpabilité ! C'est une possibilité pour lui de s'expliquer sur le fond du dossier !"
Il est en garde à vue...
"Oui, quand vous êtes convoqué le mardi matin, ça préfigure une garde à vue, ça lui permet de se dérouler..."
"Il va profiter de la réforme qui a été faite : la présence de l'avocat pendant la garde à vue."
Lui-même était écouté...
"Il aura un autre avocat !"
Des proches dénoncent déjà un zèle excessif...
"Je pense que le meilleur service que puissent rendre les amis de Nicolas Sarkozy à Nicolas Sarkozy lui-même, c'est de laisser la Justice faire son travail. On verra les résultats, et ne pas commencer tout de suite à essayer de mettre une pression sur les juges. En général, c'est l'effet inverse : les juges mis en accusation font des excès de zèle ! Il y a une procédure judicaire, il s'agit de ne faire aucune utilisation politique, je n'en ferai pas ce matin, on verra à l'arrivée. Ni zèle, ni acharnement : une procédure judiciaire qui doit se dérouler jusqu'à son terme."
N'est-ce pas fait pour empêcher Nicolas Sarkozy de se présenter à la tête de l'UMP, la Présidence... ?
"Si c'est concernant ma famille politique, la gauche, je vous le dis honnêtement : nous, on veut bien affronter Nicolas Sarkozy, mais pas sur le terrain judiciaire. On préfère le battre sur le terrain politique, on l'a déjà fait une première fois."
Que dites-vous à vos amis politiques ?
"Comme je l'ai dit aux amis politiques de Nicolas Sarkozy : il faut laisser la Justice faire Sion travail, essayer de faire que les choses se passent sereinement."
Cohésion, efficacité : les Bleus ne donnent-ils pas l'exemple à tout le pays ?
"Pensez que c'est du sport, il ne faut pas trop... (Interrompu.) Il n'y a pas de récupération politique à avoir mais des leçons de sociologie sur ce que le pays attend à travers ces événements ! Ça, ça a un intérêt pour les leaders politiques ! On voit un pays qui a envie de gagner, de vivre des émotions collectives, de retrouver de la fierté, une place, qui a envie de se projeter vers l'avenir, c'est important."
Quelle responsabilité pour les Bleus et Deschamps !
"Comme l'a dit le Président dans une image d'Epinal qui l'intéressait : le capitaine, ça compte ! Il faut le reconnaître : Didier Deschamps est un bon entraîneur, il a donné une certaine discipline. Voyez comment les Bleus arrivent désormais, avec une tenue : ça compte, c'est aussi l'image de la France."
Défaite des Algériens, beaucoup sont heureux de ne pas voir un match France-Algérie...
"Moi je suis très triste, j'étais vraiment un supporter de l'Algérie ! J'étais doublement supporter hier soir, supporter de mon pays et de cette nostalgie et de ce rapport particulier que j'ai avec l'Algérie ! J'y suis né, mes ancêtres y sont enterrés, mon histoire est mélangée à l'Algérie, même mon histoire actuelle. J'aurais aimé un match où le meilleur l'emporte et où on va boire un verre ensuite pour fêter cela !"
Vous faites preuve de complaisance méditerranéenne...
"Non... Oui ! Totalement, j'assume complètement ! Pour moi, la Méditerranée n'est pas une frontière mais un lien ! Je pense que la France ne fait pas assez utilisation de ce lien : elle doit comprendre qu'elle a une façade méditerranéenne, qu'elle a un rapport avec le Maghreb, un rapport d'avenir, pas un rapport coupable. C'est aussi avec ces pays que nous allons construire notre avenir, avec la jeunesse de ces pays-là, qui aime la France, la culture française. Je suis fier d'entendre les joueurs algériens parler très correctement français, parler naturellement français. C'est une force !"
Ils sont formés en France, sont dans des clubs français...
"Mais tant mieux !"
Tous les Verts vont soutenir les Bleus ?
"C'est même une manière de démultiplier la France et l'idéal de la République ! Comme d'un certain point de vue certains d'entre nous auraient soutenu l'Algérie contre l'Allemagne si on avait perdu..."
Peu de troubles hier : effet Ramadan ? Effet Cazeneuve ?
"Il y a des hooligans ! Quand il y a eu la Coupe du Monde en France, qu'a t-on dit sur les hooligans anglais qui débarquaient Marseille et cassaient tout ? Il y a des hooligans, ils doivent être sanctionnés mais il ne faut pas chercher à faire de l'interprétation politique. Ce qui est insupportable, c'est quand la France va de l'avant, quand il se passe des choses y compris dans notre relation à l'Algérie : il y a toujours la Cinquième colonne qui sort pour gâcher la fête. Elle porte un nom et une longue histoire pas brillante avec l'Algérie : Le Pen !"
Quand Marine Le Pen a demandé la suppression de la double-nationalité, la gauche a mis du temps à réagir, comme tétanisée. A-t-elle peur du FN ?
"On est dans une situation où il faut arrêter de regarder M. et Mme Le Pen jouer : la gauche doit reprendre l'offensive. Il y en a assez de ce discours qui, en permanence, dès que la France est en situation de vivre un moment d'émotion positif, d'aller de l'avant, tout de suite il y a la Cinquième colonne qui sort, qui tire dans le dos, qui essaie de mettre en avant des choses qui n'ont rien à voir, qui essaie de culpabiliser, d'utiliser... Il y a une France moderne !"
La Cinquième colonne, c'est l'ennemi de la France...
"Je l'assume complètement ! Si elle veut me faire un procès, on fera un procès ! Il y a beaucoup de choses à raconter y compris pour l'Algérie : ma famille a combattu pour la Libération de la France, elle n'a pas attendu, à 19 ans mon père et mon oncles sont partis avec des combattants algériens, marocains... Plus de 25.000 soldats algériens sont morts dans cette guerre, pas comme d'autres qui sont aux côtés de Mme Le Pen et qui revendiquent une certaine France..."
Ils étaient collabos ?
"Autour de Mme Le Pen, pas elle elle-même... Mais je ne fais pas le procès de l'Histoire, c'est autre chose. Je dis simplement que dans le moment actuel, il y a deux possibilités de voir la situation dans laquelle nous nous trouvons : une nous tire en arrière, fait croire qu'il y a une France qui va se reconstruire avec son passé. Je crois que l'avenir de la France est dans le métissage. Ça veut dire quoi ? Qu'il y a des problèmes ? Oui. Des trafics, de la violence parfois dans certaines cités ? J'ai été le premier à le dénoncer. Voyez la réalité de la société : la France aujourd'hui connait le plus de mariages mixtes, regardez ce qui se passe dans le monde économique. Il faut être positif, donner la chance à toute cette génération de vivre ensemble, de vivre mélangés. Il ne faut être ni naïfs ni complaisants avec les comportements quand ils sont dangereux."
14 Juillet : une pétition inspirée par le FN demande qu'il n'y ait pas d'algériens sur les Champs-Elysées...
"Regardez ce qui se passe : il y a la fachosphère sur internet ! Elle explique et beaucoup de nos concitoyens pensent que l'armée algérienne, avec tout ce que ça porte derrière par rapport à la guerre d’Algérie, va défiler sur les Champs Elysées ! Or il s'agit de 3 jeunes qui viennent rappeler que l'Algérie, comme 80 nations, a participé à la Première guerre mondiale, et aussi à la deuxième. C'est normal ! On va exclure l'Algérie de ces commémorations ?"
François Hollande va bien avec une majorité qui part de tous les côtés ?
"Il y aura un débat à l'Assemblée Nationale. Forcer les frondeurs à voter ? Non, on ne force pas. La meilleure manière de travailler, c'est dialoguer, discuter. Mais il y a un équilibre à trouver sur le plan économique : le patronat fait beaucoup de pression, les parlementaires se souviennent de l'Histoire, c'est à dire que parfois quand on a ouvert des dispositifs, notamment l'autorisation administrative de licenciement, on nous avait promis des emplois : on ne les a pas eus ! Il y a un équilibre à trouver, c'est ce que cherchent les parlementaires."