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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Jean-Vincent Placé n'en démord pas : Cécile Duflot a eu raison d'attaquer Manuel Valls sur ses propos à l'encontre des Roms.

Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, et Sénateur de l'Essonne 

Ses principales déclarations :

 

Manuel Valls et Cécile Duflot seront au conseil des ministres. Votre amie va t-elle reconnaitre qu'elle est allée un peu loin à l'égard de Valls ?

"Non ! D'une part c'est une amie, d'autre part elle est ministre de l'Egalité des territoires et du Logement. Et quand on tient un propos aussi général et aussi inadapté qu'à tenu Manuel Valls, d'expliquer qu'il y aurait des personnes, des humains tout simplement qui ne seraient pas intégrables dans une société, c'est ça qui est réellement intolérable, insupportable."

 

Pour autant, on lui dit qu'il ne respecte pas le pacte républicain ?

"Le ministre de l'ordre n'est pas fait pour mettre du désordre dans le gouvernement ! Il l'a déjà fait à la rentrée sur la réforme pénale, il l'a fait en suggérant qu'on pourrait réformer le regroupement familial, ce qui est une idée totalement absurde, et là on relance la polémique ! Personne n'a relancé de polémique ! Pas Cécile Duflot, du moins... Elle a répondu, Benoit Hamon aussi, j'ai entendu aussi George Pau Langevin qui a été choqué, on l'entend assez peu..."

Un ministre qui s'en prend à un autre et interpelle le Président sans se soucier du Premier ministre, c'est normal ?

"Le Premier ministre est venu aux journées parlementaires à Angers, il a été très clair, il a dit que la circulaire d'août 2012 s'appliquait... Elle doit être appliquée. Voyez, moi je suis président du groupe écologiste, je vous dis très clairement que, quand les campements de roms sont dans l'illégalité, il faut les démanteler. C'est très clair. C'est la partie 1 de la circulaire, fermeté et droit. Et, deuxième élément, c'est évidemment relogement, humanité, intégration et emploi !"

Dans le 93, 40% des roms de toute la France campent de manière illicite. Faut-il leur donner en priorité des logements quand les locaux attendent depuis des mois, des années, sans créer de nouveaux électeurs FN ?

"Quand on sort de l'écume de la communication, il s'avère que je connais de nombreuses villes où les maires font un travail formidable d'intégration. Mais on est quand même arrivés, c'est terrible dans un pays comme le nôtre, à ce que les maires ne veulent pas communiquer sur ce qu'ils réussissent très bien de l'intégration des roms et d'emploi, en disant qu'on va leur dire qu'ils s'occupent avant tout des roms que des Français dans la difficulté. Voilà où on en est arrivés de façon incroyable pour un public de 15.000 personnes qu'il est extrêmement facile d'intégrer si on souhaite les intégrer, et y compris de les intégrer aussi chez eux, car ça doit être un complément dans une politique tout à fait normale de lien dans l'Europe, avec les roumains et les bulgares aussi."

Avec 2,3% à la présidentielle et 5,4% aux législatives, ne prenez-vous pas le Président, le Premier ministre en otages ? Et même le pays ?

"On a une difficulté : nous sommes passionnément écologistes. Nous pensons qu'il y a un problème majeur pour la planète : le dérèglement climatique et l'épuisement des ressources naturelles, nous pensons que c'est une urgence, protéger la planète et l'humanité."

Votre parti est divisé, les leaders sont partis...

"Il y a un truc quelque part un peu messianique, qui est l'élément fondamental du parti écologiste. Evidemment qu'on se retrouve dans les institutions, on se retrouve confrontés à la realpolitik, y compris à la politique menée par le gouvernement qui n'est pas, je le dis, éminemment écologiste ! On voit bien qu'il y a eu des avancées à la conférence environnementale mais, 8 jours plus tard, c'est à dire à peine hier, la feuille de route de cette conférence est déjà dénoncée par les associations environnementales et les ONG ! Voyez la difficulté de gouverner quand on est écologistes !"

"Il y a deux façons de voir les choses ! Une façon comme Jean-Luc Mélenchon, de dire : tout est nul, rien n'avance, je suis opposant. Nous, nous avons choisi une voie, même pas médiane, mais comme dirait Jean-Pierre Raffarin, un chemin escarpé et complexe. Ce n'est pas si évident que ça ! Les avancées ne nous satisfont pas et, tout à la fois, il y a quand même des avancées. Etre entre deux, ce n'est pas si évident que ça..."

 

Allez-vous demander aux Verts de rentrer dans le rang, de respecter l'autorité du Président ?

"Les Verts n'ont pas vocation à rentrer dans le rang ! Nous sommes des soutiens fidèles et loyaux du Président et du gouvernement. Après, le soutien fidèle et loyal ne veut pas dire être godillots ! Nous ne voulons ni être Jean-Luc Mélenchon ni être godillots dans la majorité ! Manifestement, il n'y a pas que nous : je vois 4 ou 5 paquets de députés du groupe socialiste et qui manifestent aussi car ils veulent plus de social..."

Y'a t-il un problème d'autorité du Président ?

"Non, il n'y a pas de problème d'autorité, il y a un problème de politique ! Ca fait 15 mois que le groupe socialiste demande plus de politique sociale ! Ca va être le débat des retraites. Trouvez-vous normal que, pour la première fois dans l'histoire de ce pays, ce soit la gauche française, cette gauche-là, qui allonge la durée de cotisation ? Avant, c'était l'apanage de la droite !"

François Rebsamen dit que vous êtes agaçants, les Verts. Qu'attendez-vous du Président ?

"C'est vrai qu'aujourd'hui on a une vision assez comptable et techno des problèmes, et on sent beaucoup de confusion. J'attends deux choses, la même chose depuis 15 mois : un cap, une stratégie vers une politique sociale écologiste ! C'est une majorité sociale écologiste !"

Vous ne l'avez pas aujourd'hui ?

 

"Non, la politique menée par le Président est plutôt au centre en réalité. Ce qui fait que socialistes et écologistes les plus fermes sont insatisfaits. Ce cap que l'on attend du chef de l'Etat, ça fait 15 mois... Et aujourd'hui, sous la Vème République, avec les radios, les chaines infos, il faut beaucoup plus de cohésion dans la parole. Donc de l'ordre et un cap stratégique !"

 

Les Verts vont-ils voter l'ensemble du budget 2014 ?

"A priori oui ! Après, ça ne vous a pas échappé que depuis un mois, je suis très insatisfait, je l'ai encore dit hier au Premier ministre, du budget de l'écologie... C'est moins 500 millions, nous allons avoir des amendements sur l'eau, sur l'énergie, sur les déchets, sur la sécurité nucléaire. Vous verrez que nous serons combattifs et déterminés !"

A propos des rythmes scolaires : faut-il réformer, reporter, suspendre ?

"Ces histoires de rythmes scolaires, ça fait vingt ans qu'on en parle... Tous les trois ans, on change ; tous les trois ans, ça râle. En vérité, ça ne change rien à la condition d'accueil des enfants ! Ces réformes, appliquons-les, tout simplement, et essayons de retrouver dans l'école de la République une école du mérite républicain plutôt que la reproduction sociale, ce qu'on voit de plus en plus, sans avoir lu Bourdieu particulièrement..."