Manuel Valls a réagi avec véhémence face aux propos de Marine Le Pen qui voit la France comme "la catin d'émirs bedonnants".
Ses principales déclarations :
Angela Merkel a été réélue... N'y a t-il pas de quoi faire rêver François Hollande ?
"Il a été élu il y a un an avec une majorité absolue, et une majorité absolue à l'Assemblée Nationale... Attendons 2017. Mais c'est le peuple allemand qui a parlé et qui consacre et une leader, Angela Merkel, et une majorité aujourd'hui..."
L'Allemagne confirme sa stabilité et sa puissance, le déséquilibre s'accroit avec les autres états. Quelle initiative économique ou politique François Hollande peut-il prendre pour plus d'Europe et de manière égalitaire entre ces pays ?
"Nous avons besoin de ce couple franco-allemand, véritable moteur de la construction européenne pour, précisément maintenant que les élections allemandes sont passées, que les deux pays ont du temps puisque les prochaines élections sont dans 4 ans, pour prendre des initiatives, pour davantage d'intégration européenne et pour soutenir croissance et emploi au niveau européen. Au contraire, je crois que progressivement la France rattrape son retard grâce aux réformes engagées depuis un an par le Président..."
Vous êtes optimiste...
"Non, je suis volontariste comme le Président..."
Et l'impopularité, ça n'a pas de sens ?
"Mais Angela Merkel a été aussi impopulaire !Elle a perdu toutes les élections intermédiaires depuis plusieurs années ! En même temps, les allemands reconnaissent que l'Allemagne aujourd'hui va mieux... Mais nous avons besoin pour l'Europe qu'Allemagne et France travaillent ensemble..."
Donc il y a aura quelque chose dans pas longtemps, comme une initiative franco-allemande... Ou française en direction de l'Allemagne...
"Bien sûr, il y aura des initiatives... D'ailleurs le Président, à l'occasion de sa dernière conférence de presse, a fait des propositions pour l'Europe..."
A Nairobi, occidentaux et chrétiens étaient visés. Le mouvement terroriste s'étend à toute l'Afrique ? De quelle manière vous renforcez la sécurité sur le territoire Français ?
"Nous sommes à un niveau d'alerte depuis plusieurs mois déjà particulièrement élevé, c'est le sens du plan Vigipirate qui est à un niveau renforcé. Nos services de renseignements sont en alerte, vigilants, interpellent des jihadistes qui passent des messages particulièrement dangereux sur internet, c'est la première fois que nous appliquons une disposition de la loi anti-terroriste que j'ai fait voter il y a un an. Des individus, des groupes, des réseaux ont été démantelés."
Des cellules dormantes peuvent se réveiller en France ?
"Il y a en tout cas des individus dangereux qui font l'objet d'arrestations ou de surveillance, il y a une coopération avec les services des pays amis européens, mais nous travaillons aussi beaucoup en Afrique..."
130 jeunes Français sont allés combattre en Syrie. Certains sont revenus ; combien ? Quand ils rentrent, ils sont identifiés, surveillés ?
"Il y a environ 130 Français ou résidents Français qui se trouvent en Syrie, une quarantaine sont revenus, autant en transit pour s'y rendre... Nos services de renseignements estiment qu'une centaine souhaite également s'y rendre. Ce phénomène que nous connaissons en Europe est particulièrement préoccupant."
Ils viennent d'où ?
"Leur profil est à peu près le même : relativement jeune, en rupture souvent avec la société, avec un passé délinquant. Il y a quelques jours, un groupe a été arrêté alors qu'il s'était livré à des braquages pour financer leur déplacement avec la Syrie. Il y a un lien avec la délinquance le plus souvent, avec un islam très radicalisé, sommaire, à travers notamment internet. Cela veut dire qu'il faut une vigilance de tous les instants, arrêter ces groupes, une coopération encore une fois avec les services européens. Dans quelques jours je tiendrai une réunion avec les ministres de l'Intérieur européens, c'est un sujet qui nous préoccupe et qui nécessite à chaque fois une très grande coordination entre les services de renseignements de nos divers pays."
A Nairobi, pour la première fois, des forces spéciales israéliennes interviennent contre des jihadistes. Une nouvelle forme de guerre ?
"Il y a une coopération ancienne entre le Kenya et les Israéliens. Oui, l'Afrique est fragile ! Elle a des atouts, sur le plan économique et démographique, et en même temps est fragile... Le terroriste frappe ce continent. Je vous rappelle que si le Président a décidé d'intervenir au Mali, c'était pour combattre le terrorisme qui menaçait l'intégrité du Mali, du Sahel, et menaçait aussi Europe et France. Oui, ça veut dire que le terrorisme est une guerre, de tous les instants, internationale, qu'il faut mener avec l'Etat de droit, avec la démocratie mais avec une très grande détermination. Le terrorisme veut détruire, tuer. Nous avons deux de nos compatriotes qui ont été sauvagement assassinées dans ce centre commercial de Nairobi. Ils s'attaquent à nos valeurs fondamentales, et aux valeurs humaines qui sont des valeurs universelles en Europe et en Afrique..."
Sur Europe 1 hier, Marine Le Pen a répété ce qu'elle avait dit à Marseille : "la France est devenue la catin d'émirs bedonnants"... Aucun dirigeant socialiste ou de droite n'a répliqué...
"Quand j'étends dire que la France est la catin, quand j'entends dire qu'Assad est la moins pire des solutions, quand j'entends dire que notre gouvernement est un soutien du fondamentalisme islamique terroriste que nous combattons partout, quand j'entends dire Mme Le Pen remettre en cause le travail de nos services de renseignements, je me dis que nous sommes dans le degré ultime de l'outrance, je me dis que nous sommes au degré zéro de l'analyse géopolitique. Je me dis que Marine Le Pen porte un discours de défaite, je me dis que Mme Le Pen n'aime pas la France. Elle n'aime pas la France ! Parce que parler ainsi de la France, c'est manifester une absence d'amour pour sa patrie. Cela montre et son incompétence et son incapacité à porter un projet pour la France. Au-delà de cela, car il peut y avoir des gens qui sont sensibles à ce discours de rage et de déshonneur à l'égard de notre pays, cela veut bien dire que nous devons porter les solutions pour répondre aux attentes de nos compatriotes. C'est vrai en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de lutte contre le chômage. »
Un an après le scandale de la BAC Nord de Marseille, est-ce que l'état de la police marseillaise a vraiment changé ?
"Oui je le crois ! Grâce au travail que nous avons mené, aux décisions que j'ai prises, notamment la dissolution de la BAC Nord mais la Justice est en train de faire son travail. Grâce aux effectifs nouveaux, aux dirigeants de la police qui sont sur place et sont mobilisés..."
Ceux de la BAC Nord n'ont pas été intégrés dans d'autres BAC ?
"Non, ils ne sont pas dans des BAC. Ils ont été pour la plupart intégrés dans d'autres unités en dehors de Marseille ou des Bouches-du-Rhône. Par ailleurs, des décisions administratives et judiciaires vont être prises dans quelques semaines, laissons là aussi la Justice faire son travail..."
1,3 tonne de cocaïne saisie à bord d'un avion Air France. De quoi alimenter la région Ile de France, la région Paca...
"Oui, sans doute au-delà, une grande partie de notre pays... 1,3t est une prise unique sur la base d'une enquête, ça représente 50 millions quand ça arrive sur notre sol ; 2, 3, 4 fois plus quand c'est revenu. Cela montre l'ampleur d'un trafic international qui part d'Amérique Latine et qui arrive chez nous. Cela veut bien dire que la lutte contre la drogue qui est une des mes priorités, contre le cannabis, l'héroïne et la cocaïne, nécessite là aussi une très grande mobilisation. De ce point de vue-là, la Police Française fait un travail tout à fait remarquable avec les juges, puisque c'est une enquête sous la responsabilité du parquet."
A t-elle repéré à Roissy ou ailleurs les destinataires de ces groupes ?
"Oui mais je n'en dirais pas plus. Mais je me réjouis en revanche qu'Air France ait ouvert une enquête, car il n'est pas normal qu'on puisse transporter sur un avion Air France plus d'une tonne de cocaïne sans référence avec des passagers. La lutte contre la drogue internationale nécessite que tous les acteurs, notamment les transporteurs, participent de ce travail de coopération."
Etes-vous sûr qu'il n'y a pas eu d'autre voyage de même nature ?
"Je ne peux pas être sûr, je ne l'exclus pas. En tout cas la vigilance est extrême pour lutter contre cette drogue qui représente un marché de 2 milliards dans notre pays, qui amène des jeunes à s'entretuer dans nos quartiers, qui tue une partie de notre jeunesse. C'est une priorité nationale qui nécessite beaucoup de détermination et qu'aucun interdit ne soit levé."
A 7h45, Sébastien Bennardo, l'homme qui a parlé de la BAC Nord, demande à ce que vous le receviez...
"Je vois que beaucoup d'anciens policiers écrivent des livres après des carrières hasardeuses. Je soutiens d'abord les policiers et les gendarmes sur le terrain qui arrêtent les malfrats et ont la confiance du ministre et des Français."