La fusion des régions proposée par le Président, "j’en suis très partisan", a déclaré Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France.
Noyer, Gouverneur de la Banque de France
Ses principales déclarations :
Faut-il réduire le nombre de régions ?
"Oui, c'est une réelle source d'économies pour le pays, quand on regarde autour de nous : 15 länder en Allemagne, un nombre de provinces divisé par deux en Italie, on a 36.000 communes, 12.000 en Allemagne, 8.000 en Italie... On a vraiment beaucoup trop de structures : c'est lourd, ça coûte cher, il y a des doublons. Il faut simplifier pour faire des économies et être plus efficace."
Moins de régions, c'est une France plus dynamique ? Vous y êtes partisan ?
"C'est une France plus dynamique, plus efficace, j'en suis très partisan. Il faut regarder toute la structure ! Régions, départements, communes, communautés de communes... Il faut essayer d'avoir une structure plus simple, plus efficace et sans doublons, sans que trois structures fassent la même chose."
L'Etat a les moyens de vaincre la récalcitrance des barons ?
"Je fais confiance à la responsabilité des élus et des populations. Si vraiment on est capable de montrer que ce sera une France plus dynamique, plus efficace, et des structures moins coûteuses qui demanderont moins d'impôts pour plus d'efficacité, je suis sûr que tout le monde sera d'accord."
Il faut décourager le chauvinisme local...
"Je suis absolument d'accord avec votre formule ! Il faut vaincre le chauvinisme local et soutenir ce débat."
Sur le livret A, Moscovici maintient 1,25%. Vous recommandiez 1%... Qui se trompe ?
"Nous en avons parlé, il n'y a pas de drames entre nous. Moi, pourquoi ai-je proposé 1% ? Parce que la BCE a baissé très fortement ses taux, à 0,25%. Que dirait-on si la BCE avait aujourd'hui un taux à 1,25 ? On dirait qu'elle tue la croissance et l'emploi. Pourquoi a t-on fait ça à la BCE ? Pour soutenir la croissance et l'emploi ! C'est à cela que j'ai donné la priorité, j'ai pensé que c'était bon. Parce que ce qu'on donne aux épargnants, on le prend aux emprunteurs !"
C'est un désaveu de Christian Noyer ou une erreur de Bercy ?
"C'est un désaccord. Pierre Moscovici a pris en compte plus que je ne l'ai fait la psychologie des épargnants. Je respecte son point de vue mais je n'ai pas changé d'opinion, je ne vais pas changer d'opinion..."
Le 1,25% peut-il avoir des conséquences néfastes sur la croissance ?
"C'est moins bon pour la croissance et l'emploi bien sûr ! Mais bon, je comprends ses raisons... C'est une décision politique et je la respecte telle quelle..."
Pour 2014, 1% de croissance prévoit la zone euro. Comment fouetter la croissance ?
"Pour fouetter la croissance, il faut être plus compétitifs. Donner aux entreprises des raisons d'investir et de créer des emplois. Et donc il faut faire des réformes : le pacte proposé par le Président de la République est exactement le genre de choses qu'il faut faire pour fouetter la croissance."
C'est porteur de croissance ?
"Ce sera porteur de croissance. Améliorer la compétitivité des entreprises, réduire la réglementation, la bureaucratie inutile... Pour que ce soit porteur de croissance, il faut le faire vite, mettre en œuvre rapidement les décisions prises, ne pas renâcler, être audacieux, faire confiance aux entreprises, aux entrepreneurs, aux investisseurs."
On donne 30 milliards aux entrepreneurs, ils en veulent 100... Que faut-il attendre d'eux en échange ?
"Bien sûr il faut qu'en échange il y ait des créations d'emploi mais encore une fois, l'intérêt des entreprises est de développer leur activité, d'investir, d'embaucher si elles ont la capacité de le faire, si elles sont compétitives sur le plan international... Je suis très confiant : si ces décisions sont mises en œuvre rapidement, il y aura de l'investissement, de l'embauche... Il faut le surveiller... On le verra dès cette année."
La baisse du coût du travail permettra sûrement de créer des emplois, dites-vous... A t-on une idée de la fourchette de la création d'emplois ?
"La baisse du coût du travail va permettre de créer des emplois, c'est absolument certain. De créer et de sauvegarder des emplois. Sur le CICE, on avait différentes estimations d'économistes, entre 400.000 et 1 million. Moi je dis qu'avec le nouveau paquet présenté par le Président de la République, on devrait avoir au moins 1 million d'emplois créés et sauvegardés."
Dans quel délai ?
"Le temps que ce soit mis en œuvre ! Plus ce sera rapide, plus l'emploi ira vite."
"Encore des cadeaux aux patrons" disent le PCF, la gauche du PS...
"Ce ne sont pas des cadeaux aux patrons et aux entreprises mais des chances données aux chômeurs, aux futurs salariés. C'est comme ça qu'il faut voir les choses."
Qu'allez-vous écrire dans une prochaine lettre au Président ?
"Je lui écrirai que c'est la bonne voie, que je pense qu'il a absolument raison et qu'il faut aller vite parce qu'il y a urgence. J'insisterai je pense sur la nécessité de ne pas perdre de temps, d'être hardi, audacieux, d'aller vite dans la ligne qu'il a tracé."
Il n'est pas question de baisse d'impôts pour les particuliers... Est-il possible de baisser les impôts avant 2017 ?
"Bien sûr il sera souhaitable de baisser les impôts. Mais la double priorité, c'est d'améliorer la compétitivité des entreprises, donc réduire le coût du travail pour les entreprises, et réduire les déficits, rétablir l'équilibre des finances publiques. Ensuite on redistribuera mais il faut se concentrer là-dessus."
On dit les banques frileuses... Que leur demandez-vous ?
"Moi je leur demande de rester les premières de la classe ! Ce sont elles qui distribuent le crédit avec le plus dynamisme dans la zone euro. Le crédit est faible partout, un petit peu moins chez nous qu'ailleurs... Je leur demande de continuer et, précisément, avec les réformes qui sont annoncées, d'accompagner les entreprises pour investir. Les entreprises vont prendre des risques en investissant et en embauchant, les banques doivent les accompagner."
La BCE prendrait-elle en cas de besoin des mesures de soutien quelles qu'elles soient pour éviter la crise et favoriser la croissance ?
"On l'a toujours fait ces dernières années, on a été très audacieux. Si besoin est, on prendrait de nouvelles mesures, ça ne fait aucun doute."
François Hollande parle d'un gouvernement de la zone euro. Une bonne chose pour la France, à condition qu'elle écoute ce qui est décidé à Bruxelles ?
"Oui, il faut un gouvernement économique de la zone euro. J'en suis partisan depuis longtemps. Oui, il faut aussi, si on a un gouvernement de la zone euro, que les Français soient prêts à faire ce que décide ce gouvernement, et ne pas regarder leur propre envie d'agir différemment."
Vous parlez de réformes... La France est dans un mauvais état ?
"La France a pris du retard par rapport à ses voisins qui ont été plus rapides dans les bonnes réformes ces dernières années, à cause de la crise. Les pays du Sud étaient sous pression ; la France doit accélérer le rythme. Sinon on sera dépassés."