Sapin : Les chiffres du chômage "pas bons" en septembre

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Malgré des chiffres peu rassurants, Michel Sapin n'en démord pas : le gouvernement tiendra son objectif d'inverser la courbe du chômage pour décembre.

Michel Sapin, Ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social

Ses principales déclarations :

 

Les contrats de générations ne remportent pas le succès escompté. C'est un échec ?

"Non, ce n'est pas un échec ! Si on veut dire la vérité, il faut regarder la vérité en face ! Ca marche extrêmement bien dans les petits entreprises, moins de 20, 10 salariés. Là où on a l'habitude d'accueillir un jeune, de mettre un plus âgé en face d'eux. Ca marche très bien dans ces entreprises-là."

Vous attendiez 100.000 emplois par an, vous avez dix fois moins...

"Parce que ça commence, c'est le début ! Vous voudriez qu'au début d'une politique on en soit déjà à la fin ! Noël est en décembre, Pâques plus tard, pas besoin d'accélérer le temps ! La vérité : il y a un secteur dans lequel ça ne marche pas suffisamment bien. On dit la vérité ! Elle n'est pas une, elle est diverse en fonction des secteurs et entreprises. Dans les entreprises entre 50 et 300 salariés, il faut des négociations entre les patrons et les syndicats ! Il faut négocier, ils ne l'ont pas assez fait, pas assez conclu, c'est là où il y a des capacités de créer des emplois, dans ces entreprises qui sont très importantes pour l'économie française."

Décembre c'est dans deux mois, la promesse d'inverser la courbe du chômage est-elle tenable ?

 

"Ce n'est pas une promesse, c'est un objectif. On tiendra cet objectif, évidemment. Là encore, le mois de septembre n'est pas le mois de décembre. Vous êtes tous dans une forme d'impatience que je peux comprendre. Les tendances sont au ralentissement du chômage, elles seront demain à la baisse du chômage. La tendance n'est pas à la hausse aujourd'hui, vous le savez bien !"

Des entreprises ferment, ne savent pas comment faire, la liste s'allonge...

 

"Ne confondez pas des drames locaux, des drames dans des entreprises, avec la montée du chômage ! Ce qui se passe en Bretagne, qui est gigantesque quand vous supprimez dans une ville de 2.500 habitants 900 emplois c'est un drame local, il faut y apporter des solutions. Mais ne confondons pas ce drame-là avec l'évolution du chômage, ce sont deux chiffres bien entendu extrêmement différents."

Sur la Bretagne et d'autres régions, maintenez-vous l'écotaxe ? Est-il vrai que vous allez aménager ou même suspendre, retard, supprimer ?

"La vérité, car nous sommes dans un discours de vérité, toujours avec vous : qui a créé l'écotaxe ? Vous auriez pu la supprimer, direz-vous. L'écotaxe, c'est le résultat d'un moment peut-être le plus intéressant de la période Nicolas Sarkozy, où l'on s'interrogeait sur l'avenir écologique, l'environnement, la capacité à peser sur l'environnement. C'est en même temps une politique européenne. Elle existe dans d'autres pays européens ? Oui ! En Allemagne ! Il n'y a pas de révolte des länder et ils paient l'écotaxe comme d'autres ailleurs. C'est une politique qui est une bonne politique, mais elle a des difficultés d'application, on regarde précisément, dans le détail. On met en place des observatoires de l'écotaxe, il y en a un en Bretagne, pour voir les conséquences, les limiter. Mais on ne remet pas en cause une politique globale mise en place dans l'Europe entière, en Allemagne sans grever l'économie allemande..."

On maintient une politique qui échoue...

"Elle n'a pas échoué, elle n'est pas encore mise en place ! C'est quand l'écotaxe ? Vous confondez Noël et Pâques !"

Avec franchise, à quoi faut-il s'attendre demain pour les chiffres du chômage ?

"Ils ne seront pas bons ! Pour une raison très simple mais qui malheureusement... Ce n'est pas une question de vérité... Comme vous le savez, en août, il y a eu un incident statistique avec un bug de SFR, il a augmenté la baisse si je puis dire en août, il va augmenter la hausse en septembre ! Je l'ai dit dès le mois d'août : le mois de septembre ne ressemblera à août. Si on veut voir la tendance, il faut prendre les deux chiffres, les mêler, on verra la moyenne des deux."

Quelle tendance demain ? Noir, gris ?

"Je viens de vous dire que le chiffre de septembre ne ressemblera pas à celui d'août, mais ce n'est pas parce que je connais les chiffres, je ne les connais pas. Mais je sais que le bug du mois d'août qui a donné un effet faussement positif donnera cette fois un effet faussement négatif..."

Vos alliés verts ne votent pas la réforme des retraites, bientôt ils ne voteront pas le budget...

"Ils viennent de le voter ! Ont-ils voté ou non hier ? La majorité était-elle unie ou pas ?"

Elle l'était momentanément...

"Pourquoi momentanément ? Il y a un seul acte qui fonde la solidarité gouvernementale et la solidarité d'une majorité ! C'est l'acte fondamental."

 

Attendons le Sénat…

"Vous le savez bien, il n'y a pas de majorité au Sénat ! Il y en a une à l'Assemblée ! 100% du groupe socialiste a voté le budget, le groupe écologique a 1 ou 2 unités près, les radicaux de gauche à 100%, les amis de Jean-Pierre Chevènement... Hier la majorité était unie sur le seul sujet qui fonde une solidarité gouvernementale et majoritaire, le vote du budget !"

Donc tout va bien...

"Non, mais tout ne va pas mal !"

Et quand les Verts invitent les lycéens à manifester pour Mlle Dibrani, donc contre le gouvernement et le Président...

"Ca c'est de l'enfantillage de leur part ! Ca a la gravité de l'enfantillage. Ce n'est pas grave pour des enfants, ça l'est un peu plus pour des adultes... C'est de l'enfantillage pour deux raisons : d'abord parce qu'ils ont tort sur le fond, sur la politique même. La loi doit être respectée, elle le sera, même si on doit se comporter de manière humaine avec toute personne, en particulier avec des jeunes. Deuxième raison, et M.Mélenchon en a fait les frais l'autre fois : on ne se prend pas pour des jeunes lycéens comme ça, on ne s'invente pas jeune lycéen surtout quand on a dépassé les 40 ans..."

 

Jusqu'à quand un Président et un gouvernement seront-ils les prisonniers de maîtres chanteurs pyromanes qui vous doivent tout et apportent peu de choses ? Qui aura le courage de dire : "Assez ou dehors" ?

"C'est vous qui dites prisonniers. Prisonniers de quoi ? Qui a voté hier ? Qui a voté le budget ? La première partie du budget ? Les mêmes dont vous dites que nous sommes prisonniers ! Nous sommes pas, ni les uns ni les autres, dans un mécanisme de prison mais d'alliance ! L'alliance c'est le respect mutuel. Pas seulement les socialistes qui respectent les écologistes mais aussi les écologistes qui respectent les socialistes."

Vous leur dites : "Arrêtez" ?

"Je leur dis : l'alliance c'est un respect mutuel. Il fonde ce qui a permis hier le vote du budget hier : la solidarité gouvernementale et majoritaire."

Comment Hollande peut-il restaurer la dimension présidentielle et l'autorité mise à mal la semaine dernière ?

"Elles ont été mises à mal par quoi ? Aussi par des images, par tel ou tel qui apporte plus d'importance à la parole d'une adolescente, qui n'est qu'une adolescente ! Demandons aux auditeurs : qu'ils imaginent des caméras, des micros qui viennent leur fille de 15 ans comme ça ? Qu'en penseraient-ils ? Il y a aussi des méthodes sur lesquelles chacun doit pouvoir s'interroger. La parole d'une adolescente, ce n'est pas la parole du chef de l'Etat. Elle doit être respectée, et celle de l'adolescente peut être éventuellement écoutée."

Ne sentez-vous pas monter un rejet de votre politique ?

"Ce que l'on sent monter... Ce qui ne monte pas, ce qui existe, c'est qui est vrai, c'est une inquiétude, sur la situation, l'avenir. C'est le seul sujet important, le seul auquel on doit s'attaquer. Donner de la perspective, de la cohérence, redonner de la confiance. La France a besoin de confiance, elle y a droit, c'est ça qui lui permettra de s'en sortir."

Faites-le...

"J'essaie de le faire."

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