Stéphane Le Foll : "On doit faire confiance à la justice"

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Après la garde à vue et à la mise en examen de Nicolas Sarkozy, le porte-parole du gouvernement réaffirme l'indépendance de la justice et la présomption d'innocence.

Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, et porte-parole du Gouvernement.

 Ses principales déclarations :

 Nicolas Sarkozy vous a-t-il paru sincère ?

 "Non, ce qui est apparu, c'est qu'il a, dans une stratégie bien connue, joué l'attaque ou la contre-attaque. Dans une position défensive, j'attaque et je porte des accusations de manière assez générale."

Comprenez-vous qu'il soit humilié, blessé ?

"Oh, je peux comprendre qu'après une garde à vue de 16h ou 17h il y ait quelque chose qui touche l'individu et la personne de Nicolas Sarkozy. Mais au-delà, il y a les sujets qui sont sur la table : les raisons lesquelles il a été convoqué. Tout cela reste là ! Il y a une procédure judiciaire, elle doit aller au bout pour que les choses soient claires. Il est arrivé, d'ailleurs sur l'affaire Bettencourt, qu'à la fin de la procédure, il y ait un non-lieu : la présomption d'innocence comme l'indépendance de la Justice, deux principes rappelés par le Président, restent plus que jamais la règle pour le gouvernement."

 

La Justice doit démontrer qu'elle est vraiment impartiale...

"Là vous portez des accusations qui vous engagent vous, je ne les reprendrai pas. Je considère que la Justice est indépendante, qu'il n'y a plus d'interventions, qu'à partir de là on doit faire confiance à la Justice."

 

Aucune intervention de caractère politique ?

"Aucune intervention, ça a été répété ! Certains ont du mal à l'imaginer pour des raisons que je ne veux pas ici commenter, mais c'est le cas et je le répète, deux principes : indépendance de la Justice, présomption d'innocence, à partir de là j'évite les commentaires et les jugements."

 

A 7h15, la Présidente du Syndicat de la magistrature reconnaissait être un syndicat de gauche...

"Oui, mais comme l'a dit Nicolas Sarkozy très justement hier, il y a aussi des procureurs de droite ! Il faut se garder d'entrer dans ce type de débats : il y a aussi des journalistes de gauche, de droites, des hommes politiques qui assument leurs convictions devant tout le monde... Il faut en rester là. Il y a des institutions : il faut les laisser travailler. Je rappelle que toutes ces procédures, la procédure de la garde à vue, ce qui a pu être aussi le sujet des écoutes, tout ça ce sont des procédures et des règles législatives prises bien avant ! Ce n'est pas le gouvernement qui les a prises !"

 

Elles n'ont pas été faites spécialement pour Nicolas Sarkozy...

"Exactement ! Et elles ont quelques fois été faites par Nicolas Sarkozy !"

Une garde à vue si longue était-elle nécessaire, comme le transfert à Nanterre en car de police ?

"Le principe que je viens d'évoquer : laissons les procédures judiciaires se faire, et réaffirmons l'indépendance de la Justice."

Vous êtes embarrassé...

"Je ne suis pas embarrassé ! Soyons sérieux : je ne porterai aucun jugement sur ce qui a été fait ! Par définition, je respecte et je souhaite que ça aille au bout et qu'on finisse par connaître la vérité ! Point ! Mais si je commence, moi-même, à faire des commentaires sur les juges : il y aurait des juges de gauche, de droite, c'est bien, c'est pas bien... Ce n'est pas à moi de faire quelque commentaire que ce soit ! Il faut être là-dessus d'une fermeté totale."

Comment tant d'affirmations quand on ne connait pas le dossier ? On dit c'est grave, c'est pas grave... Manuel Valls a parlé hier de "faits graves"... Etait-il au courant depuis longtemps des charges ?

 

"Je rappelle que le Premier ministre a dit derrière qu'il y avait la présomption d'innocence ! Les accusations ne préjugent en rien de ce que sera la décision de Justice : l'enquête est en cours. A partir de là, le Premier ministre l'a rappelé : c'est la présomption d'innocence ! Il l'a dit, vous avez oublié de le dire..."

 

Les patrons du Medef décideront demain s'ils vont ou non à la conférence sociale. Manuel Valls a accordé à Pierre Gattaz ce qu'il réclamait : le report d'un an du compte pénibilité. Gouverner pour Valls, c'est ne pas s'entêter et concéder ?

"Je pense qu'il y a des moments, lorsqu'on gouverne, où il faut être capable d'écouter, de dialoguer et d'adapter ce qu'on doit faire !"

 

On parle de recul...

"Sur le compte pénibilité, je veux rappeler une chose : sur les quatre points majeurs, le travail de nuit, la répétition des gestes, les situations difficiles et les trois huit, la pénibilité va se mettre en place comme prévu. C'est sur le reste qu'il y a un report, car il y a un vrai souci pour un certain nombre d'entreprises  sur les calculs de la pénibilité. Mais le compte pénibilité se met en route."

 

Manuel Valls a dit hier dans Les Echos qu'il n'apprécie pas que Pierre Gattaz crie au loup...Mais on a l’impression que quand Valls entend le cri du loup, il s’adapte…

 

"Le cri du loup je ne sais pas… Je pense que Pierre Gattaz en fait beaucoup trop ! Là il manque à la responsabilité qui devrait être la sienne ! Nous sommes dans une situation économique où on demande des efforts à tout le monde, on ne peut pas avoir des patrons qui n'arrêtent pas comme ça de faire de la surenchère !"

A trop concéder, à trop demander en même temps, le Premier ministre ne risque-t-il pas le grand écart ? Les syndicats commencent à protester, ils risquent de boycotter à leur tour la conférence sociale...

"Je le dis : les syndicats ont été jusqu'ici les partenaires qui assument une responsabilité en défendant les intérêts des salariés. Il se trouve que de l'autre côté, du côté du patronat, on a certes un défenseur des intérêts des entreprises mais qui n'a pas le niveau de la responsabilité pourtant nécessaire aujourd'hui pour notre pays !"

 

Réforme territoriale : êtes-vous d'accord avec Didier Guillaume qui pense que les élections régionales auront lieu l'an prochain sur la base d'une nouvelle carte des régions ? Vous arriverez à lutter contre tant de conservatisme et d'opposition ?

"C'est une vraie difficulté ! Sur ces questions, le conservatisme, il existe ! Au Sénat comme ailleurs mais au Sénat en particulier ! Donc il faut arriver à le dépasser ! Mais l'objectif c'est aller au bout d'une réforme qui doit moderniser l'organisation territoriale du pays."

 

A propos de Nicolas Sarkozy… On vous a longtemps dit à la tête d'une cellule...

"C'est ahurissant ! Je ne vais même pas faire de commentaires !"

 

A propos des attaques très violentes contre Hollande, Valls, Taubira...

"J'ai noté que le Président Sarkozy - puisque Jean-Pierre Elkabbach l'a appelé M. le Président - n'a jamais dit le Président Hollande mais M. Hollande. La violence des attaques ? Elle ne nous surprend pas."