Marius Trésor et Patrick Battiston, anciens footballeurs, ont participé au mythique France-Allemagne de 1982. Dans la perspective de la demi-finale, ils livrent leurs impressions et leurs conseils.
Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait les anciens footballeurs Marius Trésor (Coupes du monde 1978 et 1982) et Patrick Battiston (Coupes du monde 1982 et 1986).
Leurs principales déclarations :
Trésor : "Le secret pour sortir les allemands vendredi ? Simplement croire en nos possibilités, en nos qualités ! Hier on a vu un match assez crispant de la part de l'Equipe de France jusqu'à un quart d’heure de la fin où on a enfin haussé notre niveau de jeu. Mais on s'est aperçu aussi que les allemands ont eu les mêmes difficultés : la défense allemande me parait un peu friable, aux attaquants français de faire ce qu'il faut pour faire chuter cette équipe allemande !"
Battiston : "Ce qui s'est passé sur le terrain le 8 juillet 1982 ? Je me souviens de ce qui s'est passé avant, de l'après... Sur le terrain, sur l'instant c'est un peu le noir mais je pense que l'Equipe de France avait fait un match assez magnifique. Et puis elle a eu la possibilité de remporter cette rencontre mais je crois qu'on a subi notre manque d'expérience, c'est de là que vient la grosse déception qu'on peut avoir après ce match..."
Maxime Bossis demande aux Bleus de nous venger de Séville...
Battiston : "Je pense qu'il a très mal vécu ce qui s'est passé : il a manqué le dernier tir au but, donc c'est très frustrant, très difficile, de mettre son équipe en difficulté, de ne pas la mener en finale. Mais c'est un autre match. L'Equipe de France a montré depuis de nombreux mois qu'elle peut avoir un état d'esprit remarquable avec des joueurs fantastiques : une possibilité s'offre à elle de venger cette équipe de 1982 mais ce serait un autre match ! Elle a des qualités à faire valoir. Comme Marius l'a dit, l'équipe allemande a quelques difficultés en défense. Si les joueurs vont être des joueurs très techniques avec un jeu tout en vivacité, elle peut mettre à mal cette équipe allemande même si elle a de très grands joueurs."
Trésor : "De la vengeance dans l'air ? Je ne pense pas ! Quand on regarde les joueurs de l'équipe de France : ils n'étaient pas nés ! (Rires.) C'est un match super à jouer pour eux, ils veulent écrire une page d'histoire : je pense qu'ils feront tout pour arriver en demi-finale. Hier, l'équipe de France était favorite de ce match contre le Nigéria mais ils ont eu beaucoup de difficulté à rentrer dans le match. Etait-ce le fait de jouer à 13h ? On rencontre une équipe européenne : si on doit souffrir, ce sera les deux équipes ! A nous d'être au top, de faire en sorte que cette équipe allemande soit sortie de la compétition après ce match."
"Des points communs avec notre équipe ? Oh, ce n'est pas le même style de jeu. Mais dans l'état d'esprit, je crois qu'ils ont en tête un peu comme nous notre mésaventure de 1978 ! En 1982, on a voulu montrer qu'on pouvait faire autre chose. Cette équipe de France, c'est pareil ! Quatre joueurs ont participé à la débâcle de Knysna, et là sur le terrain on sent qu'ils ont envie de se faire pardonner quelque chose. Faisons-leur confiance !"
Battiston : "Les joueurs français ont vraiment des possibilités énormes ! Ils ont un cœur. Un état d'esprit anime cette équipe, c'est un groupe. Ils ont envie de bien faire, je pense que leurs qualités sont des qualités d'abnégation, de solidarité, des qualités aussi de grands joueurs de foot puisqu'ils évoluent dans de grands championnats. Mais en jouant avec le cœur, avec beaucoup de clarté, de sérénité, d'envie, cette équipe de France peut encore aller très loin."
Marius Trésor : "C'est leur histoire, c'est à eux d'écrire cette page ! Il y a eu 1982, 1986... Deux éliminations en demi-finale par cette équipe allemande. Là c'est quart de finale, c'est à eux de faire en sorte de retrouver une autre équipe en demi-finale. Cette équipe, comme l'a dit Patrick, a d'énormes qualités : ça a été un peu difficile hier peut-être à cause de l'heure du match. A eux de faire en sorte de sortir vainqueurs de ce duel avec les allemands."
"Cette défaite de Séville, on m'en parle toujours : automatiquement, je vis avec. Et quand on me demande ma plus grosse déception de ma carrière, c'est toujours ce match de Séville 82. J'aurais préféré ne pas avoir à marquer, que l'arbitre siffle la faute du gardien allemand sur Patrick, ou que le tir de la 90' de Manuel Amoros sur la transversale rentre... J'aurais eu au moins la chance de jouer une finale de Coupe du monde !"
Euro 84 : la légende dit que vous avez fait croire à Michel Hidalgo que vous étiez blessé juste pour faire rentrer Amoros...
Battiston : "C'est vrai ! Manu avait été expulsé contre le Danemark, il n'a pas pu jouer : j'ai trouvé logique que ce garçon qui a fait une Coupe du monde 82 remarquable participe à la fête ! C'était un élan peut-être du cœur : j'ai appréhendé parce qu'ensuite on a joué à 10 contre 11 et lorsque le second but est arrivé avec Bruno Bellone, j'étais totalement soulagé. C'était peut-être un geste un peu fou mais c'était aussi un trait de caractère : montrer, comme ce qu'on voit avec l'Equipe de France aujourd'hui, qu'une équipe c'est un tout, c'est faire participer tout le monde à un bel événement. J'espère que les français vont jouer leur jeu : les allemands sont friables, il y a des failles dans cette équipe d'Allemagne. Les Français avec des petits gabarits ont tout à fait la possibilité de la mettre à mal."