En 2010, David a pris le volant alors qu'il avait 1,32g dans le sang. Après un accident, il se réveille à l'hôpital et apprend que son ami Vincent qui était assis à ses côtés est mort. Le jeune homme livre son témoignage au micro de Thomas Sotto.
Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait David. Il prend le volant de sa voiture, ivre, en décembre 2010. Le passager à ses côtés est décédé.
Ses principales déclarations :
Vous avez 28 ans. En 2010, vous prenez le volant, 1,32g d'alcool dans le sang. A vos côtés, votre ami Vincent. Vous ne vous en souvenez pas : après l'accident, vous vous réveillez à l'hopital. Vincent est mort. Que se passe t-il dans votre tête quand vous comprennez que vous avez tué votre ami ?
"Quand on m'annonce la mort de Vincent, franchement j'étais plus bas que terre, j'ne pleurais, je trouvais injuste d'être encore là et pas lui. Je n'ai pas compris tout de suite que l'alcool était en cause : je ne comprennais même pas pourquoi j'étais à l'hopital, je n'avais aucun souvenir ! Quelques mois plus tard, quand j'en ai pris la mesure, j'étais effondré, je m'en voulais terriblement. Je pensais mettre fin à mes jours : on a un poids sur les épaules, c'est pas évident."
Certains de vos amis, ce soir-là, vous ont incité à ne pas prendre la route ?
"Dans l'ensemble de la soirée, on ne se posait même pas la question : on est jeune, on l'a déjà fait, tout le monde était content, on passait une bonne soirée..."
Ca vous hante encore ?
"J'y pense tout le temps ; j'y penserai toute ma vie je pense. Quand je n'ai pas l'esprit occupé, j'ai tout de suite une pensée pour lui. Quand je fais des activités, on y pense moins, mais dès qu'il y a un moment de répit dans la journée ça remonte à la surface."
On peut dire que vous vivez avec le fantôme de votre victime ?
"Tout à fait. Des fois, ça m'arrive de lui parler alors que je sais très bien qu'il n'est plus là."
Ce drame : à qui la faute ?
"A moi ! Je connaissais le risque : je sais que quand on boit on ne prend pas le volant. Je l'ai fait pourtant ; je ne peux m'en prendre qu'à moi-même."
Vous avez été condamné à 1 an de prison ferme et 18 mois d'interdiction de permis... Pas de prison mais finalement un bracelet éléctronique... Cette condamnation, vous l'avez acceptée ? C'est la bonne réponse ?
"Moi je l'ai acceptée oui. Mais je trouvais d'une part que ce n'était pas assez payé, et de toute façon quelle que soit la sentence, la prison est dans ma tête : j'y pense tout le temps, on est toujours mal vis à vis de cela."
Vous croisez encore la famille de Vincent, son frère, vous vivez dans le même village... Vous arrivez à soutenir leur regard, à leur parler ?
"On est toujours gênés. Moi plus particulièrement, je suis gêné de croiser leur regard. Quand on se voit, on se dit bonjour mais ce n'est plus comme avant. C'est normal : j'ai enlevé leur fils. C'est normal qu'on n'ait plus rien à se dire sinon bonjour..."
"Je leur ai dit pardon au tribunal... Mais au début de l'accident, je voulais aller les voir pour en parler mais eux n'étaient pas prêts à me recevoir... J'ai laissé le temps... Maintenant, vu que ça va faire 4 ans, je n'ai pas envie de revenir les voir, en reparler, faire remonter la bulle à la surface."
Etes-vous une victime aussi ?
"Je ne pourrais pas dire que je suis une victime : on est conscient des risques avec l'alcool, mais ça n'empêche pas de franchir ces risques. Je me considère plus coupable que victime."
Ce que vous avez vécu est tragiquement banal : comment avancer ?
"J'avance grâce à mes amis, mon entourage, j'essaie de me reconstruire professionnellment aussi. Je fais aussi des préventions pour parler aux jeunes de ce qui m'est arrivé, pour leur éviter ce souci-là."
Ils vous écoutent, le message passe ?
"D'après les ressentis à la fin de chaque prévention, apparemment j'en touche pas mal... Pour moi c'est positif !"
Se retrouver dans la peau d'un assassin de la route, ça ressemble à une condamnation à perpetuité ?
"Oui oui, tout à fait ! A chaque fois, dans le village, quand on me regarde, j'ai l'impression qu'on me regarde en tant que meurtrier : ce n'est pas évident."
Vous considérez que vous êtes un meurtrier ?
"Moi je me considère comme tel, mais pour ma famille, mes amis proches ou ceux avec qui je fais la prévention, eux ne me considèrent pas du tout comme tel..."
Si vous deviez faire passer un message aux automobilistes, jeunes ou pas, qui prennent un verre de trop, conduisent un peu trop vite, téléphonent au volant... ?
"Qu'ils ne pensent surtout pas que ça n'arrive qu'aux autres ! Les autres, pour moi, c'est tout le monde donc on est tous concernés ! Il vaut mieux ne pas prendre les risques."