La fille d'un otage "oublié car tout seul et sans entreprise derrière" affirme qu'Areva a payé pour libérer ses otages.
Diane Lazarevic, fille de Serge Lazarevic, toujours retenu au Mali
Ses principales déclarations :
Vos sentiments à vous ce matin sont partagés...
"Je suis très contente qu'ils soient libérés ! Je les envie, j'envie les familles, j'aurais aimé être avec eux, que mon père soit libéré. Je suis très en colère contre le gouvernement qui m'a assuré il y a deux mois que s'il y avait libération il y aurait libération des otages d'AREVA et de mon père, le négociateur en place négociait pour les 5. Le gouvernement devrait revenir vers moi dans quelques semaines pour me dire pourquoi les négociations pour mon père auront échoué. Je n'y crois pas du tout : je pense qu'il n'y a pas eu de négociations pour mon père."
"Les otages d'AREVA, il y a une entreprise derrière, une puissance. Mon père est un anonyme. Il y aura peut-être une libération plus tard, mais la priorité était à ces otages-là..."
"Mon père a été enlevé dans la nuit du 24 novembre 2011, dans son hôtel, il était parti pour un projet de cimenterie avec Philippe Verdon."
Pourquoi le fait d'avoir une entreprise derrière change quelque chose selon vous ?
"L'argent ! La puissance... AREVA est une grosse entreprise, beaucoup d'argent, d'enjeux. Derrière mon père, il n'y a rien."
Vous pensez qu'il n'y a eu une rançon ?
"Le Quai d'Orsay m'a dit il y a deux mois que la France ne verse pas de rançon, mais qu'AREVA le ferait sûrement. Ce sont les mots du Quai d'Orsay. Mais AREVA et la France, c'est quand même assez proche..."
Europe 1 a demandé à Jean-Yves Le Drian si le fait d'avoir une grosse entreprise derrière changeait quelque chose. Il dit : "Pas du tout, il y a d'autres otages, je pense à eux. Dans tous les cas, il faut détermination et discrétion. Je comprends les déceptions, mais les familles de ceux qui ne sont pas encore rentrés doivent savoir qu'il existe la même détermination pour chaque otage."
"C'est vraiment de l'hypocrisie ! J'ai vraiment du mal à croire que le Président qui va accueillir 4 otages d'une grosse entreprise à Villacoublay... Je ne comprends pas ! Mon père est un anonyme ! Il est toujours plus important pour le Président de faire libérer quatre otages qui sont super médiatisés, avec une entreprise derrière... Mon père est un anonyme, il n'est rien."
Vous n'avez pas confiance dans le gouvernement, dans sa conduite des négociations ?
"Je suis déçue. J'ai toujours défendu le gouvernement, je suis toujours allée dans leur sens, je me demande pourquoi ? Je suis dépitée, il n'y a pas de mots ! Contre, pour... Je suis dépitée ! J'ai demandé des nouvelles hier soir : ils ne savent pas, ils ne peuvent pas me le communiquer, je dois attendre les résultats... Les résultats ne sont pas là !"
"Beaucoup de colère contre le gouvernement, notamment le Quai d'Orsay puisque j'ai des contacts avec eux, même si ça va plus haut que le Quai d'Orsay... Mon cri ce matin, c'est : j'aimerais être moi aussi à Villacoublay, accueillir mon père, je veux le gouvernement arrête de mentir, en dise plus. Je n'attends pas qu'on me raconte tout, je sais qu'il y a des choses secrètes. Mais ça ne coûte rien de me dire où il est, dans quel pays..."
Vous dites : assumons le fait de payer, ça faciliterait les choses ?
"S'ils ont payé, c'est honteux. Ca a toujours été ma position, je suis contre les rançons, c'est alimenter le terrorisme, faire en sorte qu'Al-Qaïda prenne d'autres otages. Je ne souhaite cette souffrance à personne !"
Il faut tenter une opération militaire pour sauver votre père ?
"Je ne peux pas répondre à cette question. Je souhaite une libération mais pas de paiement de rançon ! Il y a d'autres moyens, les prisonniers..."
Ca vous obsède au quotidien depuis deux ans, j'imagine...
"Oui, c'est difficile. Je ne travaille pas, j'ai deux enfants en bas âge, c'est une bouffée d'air, ils me tirent des moments où je peux être sombre, j'essaie d'être le mieux possible entourée."