"Les Restos du cœur, plus que jamais nécessaires"

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"Les Restos, ce n'est pas que de l'aide alimentaire, c'est aussi de la réinsertion.", rappelle Olivier Berthe.

Olivier Berthe, président des Restos du Cœur.

Ses principales déclarations :

 

Olivier Berthe, vous savez que nous sommes dans un studio particulier ? C'est le studio Coluche, baptisé ainsi puisque c'est ici que le 26 septembre 1985, Coluche a lancé cet appel aux auditeurs : [...].

Olivier Berthe, ça vous fait toujours quelque chose d'entendre la voix de Coluche ?

"Oui, ça fait quelque chose. D'être dans ce studio, de sentir la responsabilité qu'on a de rester fidèle à cette petite idée, qui est devenue une très grande idée."

Il dirait quoi, Coluche, en apprenant que 28 ans après cet appel, plus d'un million de personnes bénéficient des Restos du Cœur ?

"Ça, je ne me permettrais jamais de le dire parce que je crois qu'on ne peut pas faire parler les personnes disparues, par respect pour lui, par respect pour sa famille. Je pense qu'il aurait toujours la même énergie et la même envie farouche de se battre, comme il l'a fait il y a presque 30 ans, pour lancer les Restos du Cœur, les Frigos de l'Europe, mais aussi la loi Coluche. Il a montré beaucoup d'énergie, il savait que c'était un combat de longue haleine, je crois qu'il serait encore en train de se battre."

Les dons, c'est le nerf de la guerre, pour vous. On a l'impression qu'ils sont stables, voire tendance à une baisse légère. C'est ça le constat aujourd'hui ?

"Au jour près, à l'heure près, en très très légère baisse. C'était une tendance qu'on pouvait craindre du fait de la crise économique, mais ce n'est pas irréversible. Les 10 derniers jours de l'année, à l'approche de Noël, sont une période de très, très grande générosité. Pour toutes les associations, on va recevoir plus de dons cette semaine que pendant le mois qui s'est écoulé. Il est tout à fait encore temps de faire un don, si on veut profiter de la loi Coluche, de la défiscalisation à 75% de son don. C'est plus que jamais nécessaire."

L'an passé, vous avez distribué 130 millions de repas aux plus démunis. Vous avez les moyens de vous maintenir à ce niveau ?

"Si on refuse de nous aider plus qu'aujourd'hui, non. Les moyens, nous les obtenons grâce aux donateurs, c'est tout l'objet de l'appel qui a été fait par Coluche. Mais nous les obtenons aussi en diversifiant nos sources d'approvisionnement, notamment les dons agricoles, qui sont la future source..."

C'est la nouveauté, ça.

"En tout cas, c'est la seule piste qui n'a pas été explorée et qui permettra peut-être aux associations qui font de l'aide alimentaire d'augmenter leurs ressources. C'est tout à fait crucial, ce combat-là."

Comment ça va marcher ?

"Si vous voulez, quand un agriculteur nous donne un produit non-transformé - parce que tous les dons ne sont pas utilisables immédiatement : une tonne de blé, mille litres de lait - il ne peut pas avoir d'avantage fiscal. Ce sera désormais possible. On attend - c'est dans les heures qui viennent - la publication d'une circulaire promise par le ministre de l'Agriculture le 25 novembre dans un centre des Restos, pour permettre la défiscalisation dès 2014. Maintenant, ce qui est crucial, c'est que cette circulaire soit simple, incitative, qu'elle donne envie aux agriculteurs de donner à l'association qu'ils souhaitent vraiment aider. C'est la liberté de choix, la simplicité qui ont fait le succès de la loi Coluche. Il faut que les dons agricoles bénéficient exactement des mêmes règles que les autres, sinon ça ne marchera pas."

Plus de la moitié des bénéficiaires des Restos du Cœur sont demandeurs d'emploi, 57%. Ils viennent vous voir quand les allocations sont à la baisse. C'est une tendance lourde, aujourd'hui ?

"Oui, c'est une tendance, et ce n'est pas en voie de s'améliorer. C'est pour ça que nous sommes en train de nous mobiliser, non seulement pour cet hiver mais probablement pour les deux années qui viennent, puisque les chômeurs en fin de droits, dont le nombre a augmenté ces deux derniers mois, arriveront aux Restos du Cœur d'ici 18-24 mois. Il faut donc que cette mobilisation ne soit pas un feu de paille mais de longue haleine, car c'est en se mobilisant tous qu'on parviendra à les raccompagner vers un emploi durable, ce que nous faisons aussi. Les Restos, ce n'est pas que de l'aide alimentaire."

On vous entend souvent dire que les Restos sont un outil d'insertion, de réinsertion... Qu'est-ce que ça signifie ?

"Ça signifie que dans nos chantiers d'insertion, là où fait de l'accompagnement scolaire, de la lutte contre l'illettrisme, de l'aide au logement, on aide les personnes accueillies par un repas mais aussi à se réinsérer dans la vie, professionnelle ou dans la vie tout court. On y réussit le plus souvent possible. Au niveau de l'emploi, plus du tiers des personnes passées par nos chantiers d'insertion retrouvent un travail. Ce sont des victoires au quotidien, qui comptent tout autant que les repas et l'accueil que nous faisons à ce million de personnes que nous venons malheureusement de franchir."

Il y a un site pour faire un don ?

"Oui, bien sûr. Le site est le moyen le plus simple. Il reste une semaine avant la fin de l'année et, je le rappelle, pour profiter de la déduction fiscale. Plus que jamais, les dons sont nécessaires."