"Pour moi, sans hésitation, Lee Harvey Oswald a tué Kennedy, et il a agi seul. Mais a t-il été manipulé, influencé ?", affirme Philippe Labro.
Philippe Labro, journaliste, écrivain, et auteur de « On a tiré sur le président » (Ed. Gallimard)
Ses déclarations :
Kennedy, 50 ans après, le traumatisme est toujours fort... Comme le 11 septembre...
"Absolument aussi fort ! Ça vient d'un espoir fracassé, d'un tournant d'espoir, d'un couple magique. Du sang, de l'inattendu, des énigmes, tout le monde est impliqué, FBI, CIA, l'Amérique en état de panique pendant une heure. C'est traumatisant."
"J'avais 26 ans, j'étais en tournage à Yale pour Cinq colonnes à la Une. Un étudiant s'est mis à hurler, c'était incompréhensible. On a compris : President has been shot. Je me suis précipité sur un téléphone !"
"Pour moi, sans hésitation, Lee Harvey Oswald a tué Kennedy, et il a agi seul. Mais a t-il été manipulé, influencé ? Il n'y a aucune preuve concrète, aucun témoin crédible. Des biographes, des bouquins entiers ont été fait là-dessus... On a revu, corrigé, reconstitué... Je suis désolé ! Il y a un fantasme du complot : pour l'heure, jusqu'à preuve du contraire, c'est la phrase clé, c'est Oswald !"
"Oswald, je l'ai vu : dans cette confusion extraordinaire, dans les couloirs du commissariat de Police de Dallas, avec la télévision, les journalistes, les policiers qui faisaient 1m90 à cause de leurs bottes, qui encadrent un petit bonhomme au visage tuméfié. On le croise, il nous longe, je l'ai frôlé. J'ai entendu sa voix, j'ai vu ses yeux, son rictus au coin des lèvres. Il me donnait l'impression d'un petit animal de sang-froid."
Pourquoi a t-il fait cela, selon vous ?
"On a enquêté sur son enfance, sa jeunesse, son personnage, son caractère, son itinéraire, son voyage en Russie, sa soif de reconnaissance, sa certitude de faire quelque chose d'important, ce qu'il racontait à sa femme. Elle a vu son visage à la télé, elle a dit : "C'est lui, il l'a fait !" Il y a toutes sortes d'explications. Il faut aller vers la psychanalyse..."
JFK était-il un bon Président ?
"On ne le saura jamais, c'est inachevé. Mais il le devenait ! Il a lancé l'homme sur la Lune, il a lancé la détente, empêché le monde d'avoir une 3ème Guerre Mondiale, la crise des missiles de Cuba... Il ne faut pas le dénigrer, il est partagé entre ombre et lumière, mais la lumière est plus forte pour moi."
"S'il était candidat à la Présidence aujourd'hui, il trébucherait sur trois dossiers dans cette Amérique éprise de transparence ! Le sexe, la santé et ses rapports ambigus avec la mafia. La presse ne lui pardonnerait pas cela aujourd'hui."
"Ce qu'il reste de JFK aujourd'hui ? Une image, un leader extraordinaire, l'espoir, cette Amérique qui croit à demain, aux hommes qui décident, qui tranchent. Les Présidents qui décident, ça existe ! Qui font des choses, lancent de grands projets... Lui et Obama n'ont aucun rapport ! Sauf qu'il a été le premier Président catholique, Obama le premier Président noir... Et qu'ils sont jeunes !"