Yannick Agnel : "Il n'y a pas de secret : ça se passe dans la tête !"

6:28
  • Copié
, modifié à

Le double champion olympique et double champion du monde de natation va concourir pour le 100m du championnat de France ce samedi 12 avril. Thomas Sotto interroge Yannick Agnel sur son ressenti avant la compétition.

Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Yannick Agnel, double champion olympique et double champion du monde de natation.

 Ses principales déclarations :

 Ces championnats de France partent bien : vous avez déjà les titres dans les 200 et 400m, il vous reste le 100m demain pour un triplé historique que personne n'a jamais réalisé... C'est dans la poche ?

 "Absolument pas, bien au contraire ! Le 100m sera la course la plus relevée : je vais essayer de faire de mon mieux, d'empocher cette médaille d'or que j'affectionne tout particulièrement ! Je l'ai eu une fois, depuis elle m'a lâché un petit peu..."

 Vous avez quitté Nice pour Baltimore : pourquoi ce besoin d'aller voir ailleurs ?

 "A cause de la météo ! (Rires.) Non, absolument pas ! S'il y a bien un endroit où je ne serais pas allé pour la météo, c'est bien Baltimore... C'était important pour moi : j'étais arrivé au terme d'une aventure nicoise, j'avais besoin de raviver la flamme, de trouver d'autres choses. Ca a été le cas sur Baltimore : jusqu'à preuve du contraire ça se passe super bien..."

 Les liens sont fusionnels avec l'entraineur et son nageur : et ça se termine mal parfois... On l'a vu entre Manaudou et Philippe Lucas, entre vous et Fabrice Pellerin... C'est une vie de couple, la relation entraineur-nageur ?

 "Il y a un peu de ça ! Mais l'amour en moins, et probablement le respect en plus... Mais je ne dirais pas que les histoires finissent mal en général entre entraineur et nageur... On prête beaucoup plus attention à celles qui se terminent mal qu'à celles qui se terminent bien !"

 Votre nouvel entraineur Bob Bowman a fait nager Michael Phelps. Quel est son secret pour vous faire nager plus vite ?

 "Je pense que c'est secret défense !"

 Qu'est-ce qui a changé dans votre entrainement ?

 "Pas mal de choses ont changé ! C'est une méthode plus à l'américaine, plus d'effet de groupe, de musculation, des entrainements techniquement un peu différents... Mais je crois que Michael n'aimerait pas que je dévoile ces secrets..."

 Combien de temps nagez-vous chaque jour, chaque semaine... ?

 "Bonne question ! Je réponds comme le vieil homme dans Jurassic Park : j'ai dépensé sans compter ! De 6 à 8 heures par jour dans le bassin, et hors du bassin avec la musculation... Ca fait des chiffres mirobolants sur quelques années : quand on commence à compter, il faut s'arrêter."

 Comment l'envie est-elle là tous les jours ? Vous ne voudriez pas rester parfois au sec ?

 "Bien sûr que si ! Il n'y a pas de secret : ça se passe dans la tête ! Il y a des jours plus durs que d'autres, quand on se lève à 6h, qu'il fait super froid, qu'on va devoir plonger dans l'eau glacée, tout seul au bord du bassin... C'est pas facile tous les jours..."

 Vous êtes une star mondiale de la natation : comment réagissez-vous ? Ca vous plait, ça vous angoisse ?

 "Je ne sais pas ! J'ai beaucoup de mal à me le dire ! A Baltimore, je ne représente pas grand chose : je suis champion olympique, mais je peux me retrouver avec quelqu'un qui l'est 18 fois ! Il y a encore du chemin à parcourir, ça remet les pieds sur Terre. C'est quelque chose que je vis très bien : les gens dans la rue, dans les gradins, à qui on peut faire un maximum de plaisir, c'est mon plaisir aussi. J'aime nager pour moi, pour eux aussi, si on peut faire bondir un maximum de personnes de leur canapé, tant mieux !"

Vous y pensez pendant une compétition ?

"Quand je suis dans la course, c'est très étrange, mais beaucoup de nageurs auront la même réponse : on ne pense à rien ! Tellement on est presque en méditation, focalisé sur la course. On a tellement répété ces gammes : c'est comme le pianiste en concert, il joue, il prend juste du plaisir, mais il ne va pas penser à autre chose."

Sur les fiches de rentrée scolaire, vous écriviez "Ministre des Sports" sur la profession souhaitée...

"C'est vrai, ça m'est arrivé ! J'ai toujours apprécié l'organisation et la Politique avec un grand p. La politique politicienne ne m'intéresse pas. Les jeux de partis, aller à l'Assemblée pour lire le journal de Mickey, ça ne m'intéresse pas forcément. Mais rendre la vie des gens meilleure, l'organiser en fonction de tout ça, notamment au niveau du sport un univers que je connais bien, ça m'intéresserait beaucoup."

 Ca peut être votre vie après ?

"Pourquoi pas ? Mais honnêtement c'est assez loin, faisons les choses étape par étape. Je vais essayer de bien nager, on verra ensuite."