Alors que l'Italie vote dimanche pour renouveler son parlement, "on parle du retour du fascisme, mais les Italiens l'ont encore en mémoire", analyse sur Europe 1 Laurence Morel, chercheuse au CEVIPOF.
Une coalition droite/extrême droite en tête des sondages mais hétéroclite, un parti populiste fort mais pas assez pour gouverner seul, une coalition de centre gauche en perte de vitesse et des frondeurs… Alors que les Italiens votent dimanche pour élire leurs députés et sénateurs, plusieurs scénarios sont possibles, selon les experts. "Je ne pense pas qu'il y ait de risque d'un régime fasciste", tempère cependant sur Europe 1 Laurence Morel, maître de conférences à l’université de Lille et chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF).
"Les Italiens sont très sensibles à ce regain d'intolérance". "On parle beaucoup du retour du fascisme en Italie, mais ce qu'on ne dit pas, c'est qu'il y a une réelle peur du fascisme, non pas parce qu'il va arriver, mais parce qu'ils l'ont dans leur mémoire. Ils sont très sensibles à ce qu'il se passe, à ce regain d'intolérance", note-t-elle, alors que la campagne a été marquée par plusieurs violences.
Une campagne émaillée de violences. Il y a eu bien sûr l’attentat de Macerata le 3 février dernier : un jeune néofasciste avait ouvert le feu sur des migrants africains, faisant six blessés. L'événement avait été suivi de manifestations ravivant l'opposition historique entre fascistes et antifascistes. Un représentant du mouvement néofasciste Forza Nuova a également été roué de coups à Palerme, mardi. Le même soir, des militants de Forza Nuova ont fait irruption dans des locaux de la chaîne de télévision La7, en réclamant le droit de participer à une émission politique. Un autre homme a été poignardé alors qu'il placardait des affiches pour le parti de gauche radicale Potere al Popolo, et une stèle à la mémoire de l'ex-Premier ministre Aldo Moro – assassiné en 1978 par le mouvement d’extrême gauche Brigate Rosse – a été profanée et marquée d’une croix gammée.
"Au fond, ce n'est pas très différent du Front national en France". "Il y a un état d'esprit", reconnaît Laurence Morel. "Il y a La Ligue, qui effectivement est un parti que l'on peut qualifier de fasciste, il y a aussi les alliés de la coalition de droite, Fratelli d'Italia, mais tout cela fait entre 15% et 20%. Au fond, ce n'est pas très différent du Front national en France", lance encore la chercheuse. "Simplement parce que l'Italie a été fasciste, on parle de fascisme".