Éric Alt, magistrat et vice-président d'ANTICOR, a critiqué la tenue du procès des "Luxleaks", pour lequel trois lanceurs d’alerte comparaissent.
Quelques semaines après les révélations des "Panama Papers", le procès des "Luxleaks" s'est ouvert mardi à Luxembourg. Trois lanceurs d’alerte français, dont un journaliste, ont comparu dans la matinée devant le tribunal correctionnel de Luxembourg. Ils sont accusés d'avoir fait fuiter près de 30.000 pages éclairant les pratiques fiscales de grandes multinationales établies au Grand-duché.
Pour Eric Alt, magistrat et vice-président d’Anticor, une association pour l’éthique en politique et de lutte contre la corruption, "cette situation révèle une Europe et un monde malades". "On salue les lanceurs d’alerte, mais on en a aussi un peu peur", a-t-il estimé, mardi soir sur Europe 1.
"Je questionne la légitimité de ce procès." "Ni la responsabilité de Jean-Claude Juncker, qui a été président du Luxembourg pendant 18 ans, ni la responsabilité de PricewaterhouseCoopers (le cabinet d’audit dont les documents ont fuité et qui ont abouti aux "Luxleaks", ndlr) n’ont été engagés. C’est pourquoi je questionne la légitimité de ce procès et de ces poursuites", a critiqué le magistrat.
"Ce qu’a révélé Antoine Deltour (un des lanceurs d’alerte jugés, ndlr), c’est un pillage légal qui permettait à des grandes multinationales de s’exonéraient d’une part considérable de l’impôt sur les sociétés. Et c’est aussi de l’argent qui nous manque, pour nos services publics et nos emplois. C’est un système malade qu’il faut réformer", a conclu Eric Alt.