Cette semaine, l'oeil d'Hervé Chabalier s'est penché sur la COP21, conférence sur le climat qui a totalement changé de nature après les attentats survenus à Paris.
Wendy Bouchard : "Hervé cette semaine, votre regard s'est porté sur la COP 21 qui se tient au Bourget, en région parisienne mais qui évidemment change de nature, après les événements terroristes. C'est devenu le principal sujet..."
Oui, et c'est tout à fait compréhensible. Quand notre sécurité est menacée, il est difficile de penser à autre chose. La crise terroriste est immédiate. Les dangers que fait peser sur nous le réchauffement climatique sont, du coup, encore plus lointains. Ca s'entend, mais c'est dommage. Une fois de plus, les problèmes écologiques n'occuperont pas le devant de la scène. Daech, je le crois, je l'espère en tout cas, constituera un accident de l'Histoire. Le réchauffement climatique et ses conséquences, eux, feront l'histoire avec un grand H, de ce 21e siècle. Si les 143 chefs d'Etat sont présents au Bourget, c'est un signe très fort pour l'humanité, mais ça n'aura pas réellement d'impact sur la mobilisation autour du climat. Ce sera le service minimum....
Wendy Bouchard : "Vous pensez vraiment que la COP 21 sera très affectée par les événements ?3
Totalement. En même temps, cela masquera l'incapacité des grands de ce monde à prendre des décisions essentielles, fondamentales, sur le réchauffement climatique. Déjà les Américains s'opposent à des mesures contraignantes. Autant dire que les effets de manche pallieront l'incapacité à combattre les effets de serre. Mais a minima, je crois que certains projets pourraient, devraient aboutir....
Wendy Bouchard : "Vous pensez à quoi ?"
Au projet de Jean-Louis Borloo par exemple, qui souhaite apporter l'électricité au continent africain, tout le continent africain en dix ans. C'est un pari un peu fou, mais contrairement à beaucoup d'autres voeux pieux pour sauver la terre d'un destin apocalyptique, Jean-Louis Borloo propose du concret. En plus il offre la possibilité à l'horizon d'une génération seulement, de mesurer les résultats d'un combat écologique majeur. Car vous le savez, Wendy, le problème, pour ce qui concerne les grandes causes environnementales, c'est que les résultats sont hors de notre temps, de notre imaginaire, de nos intérêts immédiats. Encore plus en ce moment, évidemment.
Wendy Bouchard : "Mais Hervé, en quoi ce projet aurait des conséquences au delà de ce continent africain ? Et qu'a t-il à voir avec le réchauffement climatique ?"
L'électrification de l'Afrique freinera considérablement le nombre de réfugiés climatiques. Accès à l'électricité veut dire accès à l'eau, accès aux soins, accès au développement. Et si, comme le projet l'affirme, les énergies renouvelables seront le point majeur de cette incroyable avancée technologique, alors la planète s'y retrouvera. Déjà au Maroc, au Rwanda, d'énormes champs solaires sont en construction. Et puis, d'une manière plus pragmatique, c'est une opportunité pour les entreprises qui possèdent le savoir technologique de participer à l'aventure et d'avoir de bons retours sur investissement, comme disent les managers.
Wendy Bouchard : "Mais il va falloir beaucoup d'argent..."
Pas tant que ça. 5 milliards par an pour que 90% des Africains aient l'électricité d'ici à 2030. Aujourd'hui, ils ne sont que 25%. Les pollueurs peuvent bien payer pour un continent qui, lui, ne pollue pas. Tous les Etats africains adhèrent au projet Borloo. Et ce sont eux qui, à travers une agence ou un fond commun, peu importe, décideront des projets à financer. Et je crois, que Jean-Louis Borloo, cet homme chaleureux, spontané, généreux mais pragmatique, a le panache pour pousser le dossier.
Vous savez Wendy, je n'ai pas de certitudes mais j'ai une opinion. Borloo cite souvent Victor Hugo : "Quand une idée est juste, elle finit toujours par s'imposer". En tout cas, elle s'impose déjà à moi.