Pour Didier Migaud, président de la Cour des Comptes, le "risque de dérapage est plus élevé en 2015 qu'en 2014".
Il n'y a plus de problèmes avec Bruxelles : notre rythme de réduction des déficits publics convient à l'Union européenne, qui a récemment accordé un délai de deux ans à la France pour arriver à 3% du PIB. Mais attention à ne pas nous reposer sur nos lauriers, car le "dérapage" est toujours très proche, met en garde la Cour des comptes dans son rapport publié mercredi.
"Plus de risque en 2015 qu'en 2014". Les Sages de la rue Cambon se demandent même si l'Etat pourra tenir son objectif de réduction de déficit cette année. Le gouvernement prévoit de passer de 4 à 3,8% du PIB. Mais pour la Cour, l'Etat dépense plus que prévu et le budget pourrait déraper d'1,8 à 4,3 milliards de dollars.
"Le risque est plus élevé en 2015 qu'en 2014", prévient Didier Migaud, le président, invité jeudi d'Europe 1. "Nous sommes dans une situation plus déséquilibrée que celle de la moyenne de la zone euro. En cas de hausse des taux d'intérêt de la dette, nous serions dans une situation plus fragile que d'autres", s'inquiète l'ancien député socialiste. Didier Migaud reconnaît "les efforts" du gouvernement mais regrette que celui-ci "ne s'intéresse pas suffisamment aux résultats" de sa politique sur les dépenses publiques.
La guerre coûte trop cher. Parmi les dépenses qui ne pourraient être mal budgétées : les dépenses de guerre, celles pour colmater les brèches du chômage (les emplois aidés notamment) ou encore les économies attendues des collectivités territoriales. La Cour des comptes incite aussi pour que l'on fasse plus de réformes structurelles, sur le long terme. Parmi les "risques" également invoqués, figure l'aléa de la non-livraison des navires Mistral à la Fédération de Russie - qui va entraîner un remboursement conséquent - et la vente des fréquences hertziennes si celle-ci devait être reportée à 2016.
Bercy pas inquiet. "Nous n'avons pas d'inquiétude particulière à ce stade de l'année, pas de raison de s'inquiéter" sur la tenue de la norme de dépense, a réagi un ministère des Finances plutôt agacé, évoquant une gestion tendue "classique" en milieu d'année.
Invité(s) : Didier Migaud, président de la Cour des Comptes