Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Un jardin contre l’antisémitisme
À la Une, un jardin planté à Menton à la mémoire d’Ilan Halimi par Syrine (17 ans) et Yasmine (19 ans). Les deux jeunes filles participent à la première édition nationale du prix qui porte le nom du jeune juif assassiné le 13 février 2006. Elles ignorent si elles gagneront ce prix qui récompense une création par des jeunes de moins de 25 ans visant à lutter contre le racisme et l’antisémitisme mais peu importe, explique Le Parisien-Aujourd’hui en France. Elles ont pioché, bêché et contribué à faire éclore ce jardin bordé d’oliviers qui fera face à la Méditerranée. Vilaine ironie ajoute le quotidien, ce prix sera remis ce soir par le Premier ministre alors que ce lundi, on apprenait la profanation des arbres plantés à la mémoire d’Ilan Halimi à Saint-Geneviève des Bois, alors qu’hier encore on découvrait ces croix gammées dans le 13e arrondissement de Paris sur le portrait de Simone Veil décorant des boites aux lettres et que samedi la vitrine d’un restaurant parisien se trouvait souillé par l’inscription Juden. Et Yasmine confie au Parisien cette question qu’on lui a posée souvent "Pourquoi tu fais ce jardin, tu es musulmane, pas juive ?". Et Yasmine a cette réponse "Je le fais justement pour lutter contre ce type de questions".
Le contexte politique et social : haro sur les Gilets jaunes ?
Ce site c’est Jew Pop, un site d’analyse et de polémique qui pointe du doigt ce contexte et qui disons le met les pieds dans le plat. "On aurait aimé ne pas faire d’amalgame entre Gilets jaunes et antisémitisme. Mais les tags et autres slogans complotistes et antisémites se propagent sans frein au sein et en marge des manifestations du mouvement, et la multiplication des violences verbales, conspirationnistes, racistes, homophobes, et d’images antisémites qui les parcourent est édifiante. La souffrance sociale, aussi insupportable qu’elle puisse l’être, n’excuse rien". Reste à prouver que ces actes antisémites sont le fait des Gilets jaunes. Bon courage.
Profanation, les églises en toute discrétion
Le phénomène inquiète les pouvoirs publics, titre le quotidien qui ajoute que la conférence épiscopale reste discrète pour éviter la surenchère. Sauf que la surenchère est là. 978 actes recensés en 2017, ce qui fait deux églises par jour. Rester discret quand vos lieux de culte ou de mémoire sont profanés, c’est difficile pour la communauté juive comme pour la communauté chrétienne comme pour la communauté musulmane. Rester discret, ça s’appelle avoir peur. Alors il faut lire le Figaro entre les lignes et tenter de comprendre le préfet des Yvelines, un département où l’église de Houilles a été prise pour cible par trois fois ces derniers jours. "Dans un département aussi sensible, il est important que le représentant de l’État s’exprime pour redire sa vigilance, afin que tous les lieux de culte restent des lieux de paix". On traduira qu’il faut ne pas allumer la mèche de tensions religieuses ou communautaires. Et si les évêques de France se refusent à crier au loup par prudence, Monseigneur Giroux à Montauban s’est inquiété du peu de réactions au plan national. Sur Twitter, Erwan le Morhedec (avocat et chroniqueur à l’Hebdo catholique la Vie) a lui cherché en vain une réaction gouvernementale à ces profanations et il s’étonne lui aussi que nos ministres soient plus prompts à réagir à certaines polémiques nées sur Internet qu’à ces profanations d’églises.
L’affaire de la ligue du LOL
Peut-être à la ligue du LOL (la ligue de la rigolade sur internet, pour ceux qui ne fréquentent pas les réseaux sociaux). Au début des années 2000, une bande de jeunes journalistes et de jeunes communicants organisés sur Facebook va prendre pour cible des bloggueurs ou des journalistes, souvent des femmes, pour les moquer, les ridiculiser puis les invectiver. De l’humour, disent-ils aujourd’hui, avant d’admettre ce qui est en réalité du cyber-harcèlement. L’affaire en serait restée là si ces jeunes gens qui ont vieilli n’étaient pas journalistes ou consultants qui à Libération, qui aux Inrocks, qui au Huffington Post, qui chez Publicis. Ce week-end, les victimes se sont mises à parler et les harceleurs à s’excuser, ce qui n’a pas empêché leur mise à pied ou leur licenciement. L’affaire interpelle au moins sur trois plans. Le cyber-harcèlement a beau être virtuel, il inflige de vraies blessures aux adultes comme aux enfants. La violence sexiste prolifère sur Internet. Enfin, et c’est Libération qui le dit, cette affaire va provoquer une remise en question profonde et collective de l’entre-soi et du sexisme qui gangrènent le milieu (des médias).
Ça ne fera jamais qu’un procès de plus.