Chaque jour, Mathieu Charrier scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Mathieu Charrier remplace David Abiker du lundi 4 mars au vendredi 8 mars 2019.
C'est donc le visage d'Emmanuel Macron qui s'affiche en Une de beaucoup de vos journaux ce mardi.
En Une du Parisien Aujourd'hui en France, de Libération, de L'Opinion, mais aussi d'un quotidien régional sur deux.
"Europe : l'appel d'Emmanuel Macron" titre Ouest France. "Contre attaque européenne" pour Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Et ce dessin de Kak en Une de l'Opinion, qui résume bien la situation. On y voit Emmanuel Macron avec dans les mains ces jouets pour enfants, ces formes géométrique de toutes les couleurs. Il s'interroge, comment faire entrer ce rond, ce carré, ce cône, dans les étoiles européennes. Compliqué ! Alors que les populistes gagnent du terrain et que le Brexit s'enlise.
On ne reviendra pas sur le détail des mesures voulue par le président français, largement reprises dans nos éditions ce matin. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que la presse veut y croire. Même l'Humanité écrit : "Emmanuel Macron et son mouvement ont identifié l'urgence de changer de ton". Alors que ces élections européennes du 26 mai seront "les plus décisives depuis 1979", selon Dominique Jung dans les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Ce que note Jean-Michel Helvig dans la République des Pyrénées, c'est que "d'ores et déjà, les sondages semblent montrer que le parti du président ferait plutôt bonne figure le 26 mai prochain". Malgré la crise des Gilets jaunes et alors que la popularité d'Emmanuel Macron poursuit sa reprise avec 36% d'opinion favorable, dans le sondage Viavoice pour Libération. C'est 5% de plus qu'en février. "Macron se requinque mais les fractures perdurent", titre le journal.
Qu'en pensent nos voisins européens de cette tribune ?
Certains se contentent de la publier, sans la commenter. C'est le cas d'El Pais en Espagne ou du Corriere Della Serra en Italie qui mettent quand même un petit appel dans un coin de Une. Die Welt, le journal allemand, l'accompagne d'un commentaire de Martina Meister, sa correspondante à Paris qui souligne le ton "dramatique" de cette lettre. Pour Le Soir, en Belgique, Macron lance "un appel à agir".
C'est aussi le portrait d'une Europe malade que dresse les journaux du jour.
Avec d'abord un Brexit qui patine encore et toujours. Alors que Michel Barnier (le négociateur de l'union européenne) doit rencontrer aujourd'hui les négociateurs britanniques à Bruxelles. Officiellement, la fin des discussions est toujours fixée au 29 mars. Le négociateur en chef accorde une interview au journal Sud Ouest et déjà, cette éventualité : "une prolongation des négociations est possible". Le temps qui passe nous rapproche inexorablement du "no deal", en raison notamment de la question irlandaise. Alors que Theresa May est accusée de chercher à acheter des voix, celles des députés du Labour, c'est à lire dans Le Figaro. La Première ministre britannique vient de dévoiler un fond de 1,6 milliard de livres destiné aux bastions industriels travaillistes. La ficelle est grosse, à huit jours de sa seconde tentative de faire ratifier son accord sur le Brexit au parlement britannique. Theresa May multiplie les appels du pied envers les élus de gauche pour essayer de contourner la résistance de ses propres troupes conservatrices, écrit Le Figaro. L'Europe malade sur son aile anglaise, mais aussi sur son aile italienne.
Avec la difficile reconstruction de la gauche italienne.
C'est une enquête à lire dans Les Échos. Depuis sa débâcle il y a un an et l'arrivée au pouvoir des populistes, le parti démocrate italien est paralysé à l'image du parti socialiste français. Pour beaucoup, écrit le journal, les élections européennes apparaissent comme sa dernière chance de construire une alternative crédible face à ces populistes. La raison de l'échec, selon le philosophe et sociologue Umberto Galimberti : "le fait que la gauche n'a pas compris qu'aujourd'hui, l'ouvrier et le patron ne sont pas face à face. Ils sont côte à côte contre le marché, ennemi invisible".
Alors le visage de cette nouvelle gauche italienne, c'est Nicola Zingaretti, on le découvre dans les Échos, avec un physique qui s'approche de celui de Berlusconi jeune. Le cadavre du parti démocrate bouge encore et attend juste d'être ressuscité conclut le journal.
Les patrons des services de renseignement européens se réunissent aujourd'hui à Paris.
Avec un petit air de bureau des légendes, la série de Canal+. Imaginez tous les responsables des services de renseignement européens autour d'une même table. Pas de photo au programme, question de discrétion, écrit Le Parisien-Aujourd'hui en France. Là encore, c'est Emmanuel Macron qui est à la manœuvre. Le président veut créer "un collège du renseignement en Europe". Cette date de lancement colle plutôt bien, jour de la parution de la tribune européenne dont nous parlions. Le Parisien qui publie dans le même temps les conclusions d'un livre noir qui dresse le bilan du terrorisme en Europe entre 2000 et 2018, 753 morts du terrorisme en Europe sur cette période. Le pays le plus touché c'est l'Espagne avec 268 victimes, juste devant la France avec 263 morts.
Et puis l'Europe est souvent critiquée pour ses normes trop restrictives, pourtant elle peut aussi aider nos territoires ruraux.
Encore faut-il réclamer l'argent ! C'est en Une du journal Sud Ouest.
Va-t-on perdre des millions, s'interroge le quotidien régional. Le fond européen avait alloué 687 millions d'euros pour la cohésion sociale de la France en 2014. Il faut les dépenser d'ici 2020. Hors à ce jour, seul 4% de cette somme a été attribuée. Il va donc falloir rendre l'argent. La raison ? Un logiciel français qui ne marche pas, Osiris. 7.500 projets sont toujours bloqués par la machine et des ministères qui se renvoient la balle. Sud Ouest de citer l'exemple de ce festival de rock dans la creuse qui n'aura pas lieu car les 45.000 euros promis n'ont pas pu être versés à temps. C'est la faute de la bureaucratie française, clame Isabelle Boudineau (vice présidente du conseil régional de Nouvelle Aquitaine). Pour une fois que ce n'est pas de la faute de l'Europe...