Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.
Dans la presse ce matin, la multiplication des réformes.
Et à chaque journal sa préférée.
Si vous lisez l’Opinion par exemple, on vous parle de la loi asile et immigration.
La Croix de son côté propose un dossier sur le plan de lutte contre le racisme qui sera présenté aujourd’hui.
Les DNA s’intéressent à la réforme des institutions.
Et puis le Parisien revient sur le contrôle des chômeurs.
Faut-il le renforcer ? Question posée en micro-trottoir : "Oui, bien sûr !", répondent Virginie et Michel, "trop de gens profitent du système". "Il y a trop d’abus !" ajoute Aristide, 25 ans..
Il y a bien Sylvie, 50 ans, qui, elle, trouve que le "nombre de fraudeurs est minime". Mais voilà, le message du gouvernement a bien infusé : il y a ceux qui travaillent et les autres qui "profitent du système".
On en oublierait presque qu’il y quelques mois, la question qui faisait la Une de tous les journaux c’était "comment endiguer le fléau du chômage".
Et puis il y a un autre message qui a bien infusé et qu’on retrouve largement ce matin : c’est celui de l’opposition, selon laquelle il y aurait trop de réformes.
Oui, trop de textes, élaborés et discutés trop vite.
C’est ce que le Parisien appelle une "boulimie de réformes". La Nouvelle République une "frénésie" et les Dernière Nouvelles d’Alsace un "feu d’artifice".
"Une stratégie macronienne de saturation des esprits qui fonctionne à merveille, écrit Didier Rose dans son édito. Les voix des cheminots, des retraités, des élus, conducteurs, agriculteurs, profs ou juges se recouvrent les unes les autres, sans se recouper, pour finir par donner l’impression d’un brouhaha catégoriel inextricable".
Plus il y a de réformes, plus chacun crie dans son coin et moins on y voit clair, la meilleure preuve, "c’est que dans ce tintamarre social", ajoutent les DNA, une annonce passe quasiment inaperçu : celle "des privatisations, véritable braderie des bijoux de familles nationaux" qui ne fait pas régir grand monde puisque "tous les regards sont tournés ailleurs".
Et à en croire la presse, tous les regards sont tournés vers une autre réforme : celle de la SNCF.
Oui, avec par exemple ce titre en Une du Courrier Picard : "courage, il faut s’organiser !"
Vu que sur la photo on voit des cheminots en train de manifester, on se dit que cet appel est une forme de soutien. Mais en fait non, vous l’aurez deviné.
c’est "soutien et solidarité avec les usagers !".
Et pour vous aider, tout le monde a eu la même idée, celle de publier un calendrier des jours de grèves, du genre prêt à découper et à coller sur le frigo.
On en trouve dans le Courrier Picard, dans Ouest France, dans le Républicain Lorrain, dans l’Humanité et sur quasiment tous les sites web du figaro.fr à liberation.fr.
De quoi faire dire aux petits personnages du dessin de Chaunu dans l’Union, "ça en fait des jours fériés !". Oui, leur répondent deux cheminots, "mais c’est pas pour vous !".
Voilà, en quelques semaines on est passé de "comment sauver la SNCF", à la mise scène d’une confrontation "cheminots contre usagers".
Mais dans la presse ce matin, on ne trouve pas que des bras de fer.
Oui, sur le site du journal Le Monde, il y a par exemple ce reportage de Patricia Jolly à Vayres en Gironde, dans une déchèterie un peu spéciale, où chacun s’entraide indirectement.
"C’est un lieu, écrit le journal, où l’on peut donner autant que prendre, tout ça gratuitement. Une sorte de supermarché inversé". On prend un caddie que l’on remplit avec les objets dont on veut se débarrasser : on dépose "des vieux livres, des CD, du petit électroménager, en état de marche ou à réparer, mais aussi des boulons, des écrous, le pot de peinture qu’on n’a pas utilisé en entier, des parpaings, des vis. À l’inverse, on peut se servir et prendre ce dont on a besoin. À la fin, les objets, matériaux et pièces détachés qui ne trouvent pas preneur au bout de 15 jours partent alimenter les recycleries".
"C’est un lieu qui permet de reconsidérer le geste de jeter, explique Alain Marois, son fondateur, les gens y échangent des savoirs et des bonnes pratiques, mais l’idée de base c’est de changer de regard sur nos déchets, de faire comprendre que ce qui ne nous sert plus peut continuer sa vie chez quelqu’un d’autre que soi".
Reportage très inspirant, clin d’œil à nos camarades de l’émission Circuits-Court, à lire sur lemonde.fr.
Enfin, La Croix publie ce matin les chiffres de la "générosité des Français".
Oui, et comme dit le journal en Une, ce sont de "beaux chiffres" puisque d’après la Fondation de France, les français donnent chaque années 7,5 milliards d’euros. "Cela représente l’équivalent du budget de la Justice, écrit La Croix".
Alors on apprend que 60% des dons viennent des particuliers, 40% des entreprises que ces dons ont bondi de 70% entre 2006 et 2015.
Et puis la Croix fait le point sur les phénomènes qui n’existaient pas il y a quelques années.
Par exemple la "Love army" de Jérôme Jarre, ce jeune français de 27 ans qui a réussi à récolter deux millions de dollars pour aider les Rohingyas qui ont fui la Birmanie. une campagne menée grâce à de simples vidéos sur le web.
"Un succès, écrit Pierre Cochez, que les grandes ONG regardent avec sidération, elles qui multiplient les mails et les démarchages pour trouver de nouveaux donateurs.
D’après le site GoFundMe, 1,3 milliards de personnes ont été touchées par l’opération "Love army". Pourquoi ? Parce que sur ses vidéos d’appel aux dons, Jérôme Jarre est enthousiaste, l’atmosphère n’est pas à la compassion. Il se filme avec les réfugiés, des gens qui ont l’air heureux de partager un geste fraternel, on est loin de la tragédie, le message est toujours positif, écrit La Croix, qui n’oublie pas non plus au rayon "pourquoi ça marche", le volet people et star puisque l’acteur Omar Sy et le youtubeur Mister V ont largement contribué à motiver des gens, les jeunes, peu habitués à donner pour des tragédies lointaines".
C’est à lire dans La Croix qui publie en exergue de ce dossier "spécial Dons" une citation d’André Comte-Sponville : "la générosité est à la fois conscience de sa propre liberté et ferme résolution d’en bien user (...) c’est pourquoi elle produit l’estime de soi".