Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité. Mardi, il se demande comment gouverner un pays qui compte 120 fromages sans lait.
Sécurité routière et sécurité de l’emploi
Mardi matin dans vos journaux, c’est la sécurité routière et la sécurité de l’emploi qui sont mises en question. Tous vos journaux régionaux ou presque font la une sur le bilan positif de la sécurité routière avec le débat sur la limitation de vitesse à 80 km/h. Et La Nouvelle République pose la question : le bon bilan défendu la veille par le Premier ministre sauvera-t-il la mesure ? La Dépêche du Midi a son idée. On s’achemine vers un 80 km/h à la carte ! Libération qui est lu par des gens qui font du vélo et qui ont un usage modéré de la voiture est plus radical. Ralentir ou mourir, il faut choisir. Ça, c’est pour la sécurité routière.
Pour la sécurité de l’emploi c’est un peu pareil nous expliquent Le Figaro et Les Échos. Pourquoi les patrons ont-ils quitté les négociations sur l’assurance chômage ? Parce que le président leur promet de payer un malus s’ils dépassent non pas les 80 km/h mais un certain nombre de salariés précaires dans le personnel. En clair, les élus et les "gilets jaunes" ne veulent pas de la limitation de vitesse en l’état et les patrons ne veulent pas qu’on leur impose une limitation des précaires à l’embauche. Sécuriser la route et sécuriser l’emploi, c’est compliqué compliqué.
Macron, les "gilets jaunes" et le bonus-malus
Démonstration par Cécile Cornudet dans son édito des Echos. Écouter les "gilets jaunes" et les doléances des Français dit-elle conduit à se pencher sur le sentiment d’injustice d’un côté et à nuancer le discours pro-entreprise de l’autre. En clair, le président fait plus de social à travers le grand débat qu’au travers de sa négociation avec les patrons. Voilà pourquoi il y a clash avec les le patronat sur la question du bonus malus tandis qu’il essaie d’être plus social dans le "grand débat" et d’éviter le clash avec les élus locaux sur la question des 80 km/h.
Les radars tourelles se déploient dans l’Oise
C’est la nouvelle terreur des automobilistes titre Le Courrier Picard. On les appelle les radars tourelles, expérimentés dans l’Oise toute cette année. Perchés à quatre mètres du sol, sur les zones les plus accidentogènes, ils peuvent être déplacés et surtout on ne sait jamais quand ils vont flasher. Il y a des radars toujours plus perfectionnés qui jouent à cache-cache avec les automobilistes pour réduire leur vitesse d’un côté et de l’autre un pays qui hésite à limiter cette vitesse à 80 km/h alors que la mesure sauve des vies. Les Français ont-ils besoins de psy ? Je me suis posé la question en lisant Le Parisien-Aujourd’hui en France et Challenges ce matin.
Choc psychologique ou choc de consommation ?
La question n’est pas de savoir si les Français vont s’évanouir en découvrant leur salaire net amputé de l’impôt, la question c’est plutôt de savoir s’ils vont freiner leur consommation en découvrant leur bulletin de paie. Pour les économistes dans Challenges, ce qui compte c’est le revenu réel, les Français vont même épargner moins et peut-être consommer plus. Le Parisien Aujourd’hui en France est encore plus optimiste. Entre les Français mensualisés, entre ceux qui découvriront que payer l’impôt en 12 fois c’est pas si mal et ceux qui se diront finalement on fait comme beaucoup de pays européens, dans quelques mois on aura oublié que le tiers provisionnel existait. La mise en place tranquille du prélèvement à la source, il ne fallait pas en faire un fromage…
Fromages et "fauxmages"…
De Gaulle disait "Comment gouverner un pays qui a 258 variétés de fromages ?" Aujourd'hui la question est plutôt comment exporter notre fromage. C’est le dossier savoureux d’Alternatives économiques où l’on apprend que nous exportons moins de fromage que l’Allemagne et les Pays-Bas sans doute parce qu’on les mange. Vous apprendrez aussi que le fromage d’appellation d’origine protégé le plus vendu est le comté - plus de 50.000 tonnes par an – loin devant le roquefort ou le reblochon.
La clé du succès, c’est la force de la filière qui sait défendre la qualité et le prix. Mais si vous ouvrez Ouest France, vous trouverez un "fauxmage", un fromage sans lait à base de végétaux. Ça vise bien sûr les vegan. C’est fait à base d’amandes, de noix et de noix de cajou. Pour le goût ça peut s’approcher du Saint-Nectaire, du bleu ou du reblochon et surtout ça coûte quatre fois plus cher.
Ouest France nous apprend que ça plait avec une croissance mondiale de 8% par an et qu’il existe 120 variétés de "fauxmages" à base de végétaux. Voilà qui permettrait de moderniser la formule du Général De Gaulle. Comment voulez vous gouverner un pays dans un monde qui compte désormais 120 variétés de "fauxmages" ?