La presse quotidienne revient ce jeudi sur l'engouement d'Emmanuel Macron pour les entrepreneurs qui commence à agacer.
Ce matin en Une de vos journaux il y a nos débats français et les chaos du monde.
Pour l’ailleurs, c’est dans Le Figaro : Istanbul, Jakarta, Ouagadougou : le monde confronté à la contagion djihadiste. Les Echos : le krach rampant.
Mais en France, on patine. Le Monde : la gauche se déchire sur la laïcité.
Alors, pour éviter les débats douloureux, et parce que ça faisait longtemps :
Libération : Toujours affreux, réacs et méchants. L’OPA sur le monde des idées des horribles qui pensent mal.
Enfin, l’événement littéraire :
L’Opinion : Sarkozy : opération survie. Avec le dessin de Kak : Nicolas Sarkozy au bord du lit, en caleçon bleu-blanc-rouge, marcel et Rolex, et Marianne, plongée dans sa lecture : "c’est pas grave, tu sais, ça arrive".
Macron
Loin des pannes de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron entretient le désir. A coup de petites phrases qui agitent les réseaux sociaux et occupent les éditorialistes. Dans Libération, Nathalie Raulin s’insurge : "la vie d'un entrepreneur est souvent bien plus dure que celle d'un salarié". Le ministre aurait pu soutenir l'exact inverse sans plus se tromper, ce qui donne une idée de la profondeur du propos. L'indigence de la réflexion est à peine atténuée par la précision qui suit : "l'entrepreneur peut tout perdre, lui, et il a moins de garantie".
Dans la Croix, au contraire, Guillaume Goubert s’insurge contre ceux qui poussent les hauts cris et qui visiblement ne rencontrent jamais dans leur circonscription d’artisans, de patrons de PME qui se demandent comment ils vont arriver à maintenir leur entreprise et les emplois qui vont avec. C’est un refus de reconnaître ce que l’esprit d’entreprise peut apporter au bien commun. Mais dans Le Courrier Picard, Jean-Marc Chevauché lui répond. "Il y a mille sortes d’entrepreneurs et il y a mille sortes de salariés. Un restaurateur endetté qui se fait planter par deux fournisseurs peut devenir un homme brisé. Un ouvrier sans emploi peut sombrer dans l’enfer. En mélangeant sciemment l’entrepreneur du CAC 40 avec l’artisan, Macron entretient la pensée poujadiste qui fit déjà tant de mal".
Pour autant, la plupart des commentateurs ne voient dans cette sortie qu’une nouvelle péripétie dans l’agitation qui gagne à l’annonce du prochain remaniement. Il est évoqué dans Le Figaro et il donne lieu dans Le Parisien à un petit classement qui circulerait sous le manteau chez les ministres : le hit-parade des membres du gouvernement les plus présents sur le terrain, avec en tête Bernard Cazeneuve et Patrick Kanner, juste devant Thierry Braillard. Il paraît qu’ils font la pédagogie des annonces présidentielles. Emmanuel Macron, une fois de plus, joue les dissidents en bas du classement. Mais comme le confie un ministre, il y a des petits arrangements : "J’en connais un qui organise des voyages officiels juste à côté de chez lui ! C’est de la triche !"
Juifs en France
20 minutes célèbre un triste anniversaire. Il est le seul à rappeler à sa Une qu’il y a 10 ans, un jeune homme était enlevé et torturé pendant 24 jours parce qu’il était Juif. Le martyr d’Ilan Halimi, nous dit le journal, a ouvert un cycle inquiétant. On trouve d’ailleurs dans Le Figaro et dans VSD des reportages sur les Juifs de Marseille. Dans la ville qui fut un creuset pour des populations venues de toute la Méditerranée, les mères tremblent désormais pour leurs enfants et les jeunes gens ne se rendent plus à la synagogue que par groupe de 10 ou 15. On y parle prudence et auto-défense et quand le CRIF veut organiser une réunion sur le Vivre Ensemble, l’imam de Bordeaux, Tarek Oubrou, et Latifa Ibn Zyaten, la mère d’une des victimes de Mohamed Merah, annulent une semaine avant, sous la pression.
Marseille, encore
C’est un texte plein de colère et d’ironie sur le site Causeur. Il revient sur le dernier règlement de comptes qui a ensanglanté la ville. Et il se demande si finalement la légalisation du cannabis ne pourrait pas mettre fin à la lente dérive de Marseille. Ironie parce qu’il y est question de la comptabilité sordide de ce que rapporterait à l’État la vente officielle de stupéfiants par rapport à ce que lui coûte la lutte contre le trafic. En attendant, on achète la paix civile en tolérant le trafic.
Marseille, toujours
Heureusement, un article dans Libé nous démontre que la ville a encore de la ressource. Un magnifique reportage sur ces 18 femmes, mères au foyer, salariées, musulmanes ou non, qui ont monté un spectacle dans les arrondissements sensibles de la cité phocéenne. On y parle féminité et sexualité. Bien sûr, ça n’a pas été simple : certains maris veulent empêcher leur femme de sortir à la nuit tombée. Mais sur scène, les timides, les réservées s’autorisent enfin la liberté, celle de porter une jupe courte, d’évoquer leur désir et même d’être sexy. Un mari a pleuré en découvrant sa femme soudain sensuelle. Anna voudrait maintenant que son fils vienne : "J’aimerais qu’il voit que sa mère, ce n’est pas qu’une femme de ménage, qu’elle a d’autres facettes".
L’homme immortel
S’il y a un article à lire ce matin, c’est le dialogue dans Le Figaro entre le philosophe Olivier Rey et le généticien Arnold Munich. Une réflexion sur le fantasme d’immortalité, sur les rêves d’humanité augmentée, soignée par la génétique. Le médecin avertit : on ne change pas la loi universelle pour régler des problèmes particuliers, aussi sérieux soient-ils. N’oublions pas que de la maîtrise de la production de nos lois dépend la pérennité de nos valeurs.
Il y a un autre médecin dont on parle ce matin. Il est dans 20 minutes. Mikhail Varshavski a 26 ans, il est new-yorkais, et il vient d’être élu par le magazine People médecin le plus sexy du monde. Le jeune homme a donc décidé d’utiliser sa notoriété toute neuve pour financer son association d’aide aux étudiants défavorisés. En échange d’un don de 10 dollars minimum à l’association, vous pouvez gagner une soirée avec le docteur de vos fantasmes, billet d’avion et hôtel quatre étoiles payés, restaurant gastronomique… C’est une idée à creuser pour renflouer les caisses de l’État. Un ministre de l’Economie qui, au lieu de lancer des petites phrases provocatrices, organiserait une tombola. Au point où on en est…