Natacha Polony, La Revue de presse 26.04.2016 1280x640 6:38
  • Copié

La presse quotidienne revient ce mardi sur la grève des cheminots qui protestent contre leurs conditions de travail.

Ce matin en Une de vos journaux c’est la grève et  ça pourrait continuer :
La Croix : les cheminots sur la défensive.
Le Parisien : Grève à la SNCF, le pire est-il à venir ?

La suite mi-mai aux premiers jours de l’euro. Mais la presse s’intéresse surtout, on pourrait dire enfin, à ce fameux traité de libre-échange :
Libération : Tafta : le traité de tous les non.
Les Echos : Négociation transatlantique : les raisons du malaise.

Tchernobyl

Il y a les Unes bien sûr : le Figaro : 30 ans après Tchernobyl, quel avenir pour le nucléaire ? Mais il y a surtout ces photos illustrant les articles. Des bâtiments gagnés par la végétation, des gravats aux couleurs grises dans lesquels on distingue des lits d’enfants rouillés, des poupées abandonnées, toutes les traces d’une vie brutalement interrompue. Libération nous parle de ce petit village déplacé à l’autre bout de l’Ukraine et dont les habitants vivent en silence la douleur de l’exil et la souffrance de multiples pathologies. Le Figaro nous raconte la colère des liquidateurs, peu à peu abandonnés par l’État et moins considérés que les vétérans d’Afghanistan. Et puis il y a ces jeunes gens qui viennent visiter la zone, qui louent pour cinq euros un compteur Geiger et pour qui Tchernobyl évoque avant tout Stalker, le jeu vidéo inspiré de la catastrophe où des braconniers mercenaires s’aventurent dans la zone irradiée et rencontrent des mutants. Déjà l’oubli. Nous n’avons pas tiré les leçons de Tchernobyl et Fukushima, nous dit le site Slate. Il évoque le décalage immense entre ces décisions qu’il faut prendre dans la seconde, au moment où tout s’écroule et les dizaines de milliers d’années qu’il faudra à la terre pour digérer la radioactivité. "Comment mettre en évidence l’incommensurable écart entre notre vie et la longévité des forces que nous avons mises en branle?" s’interroge la journaliste Galia Ackerman. Le nucléaire nous rappelle à notre dimension.

Merkel

Angela Merkel est partout ce matin. Parce que, quand il s’agit de venir discuter d’un accord commercial avec l’Europe,  c’est à sa patronne que s’adresse Barack Obama. Le Parisien nous le raconte d’ailleurs à quel point la chancelière allemande assume, sans complexe, cette position puisqu’elle s’est payée le  luxe, au grand dam des agriculteurs français de lancer, devant le président américain, un "achetez allemand" qui ne sonne pas très collectif. D’autant plus problématique que le journal, dans un autre article, nous rappelle combien la politique de la visionnaire Angela Merkel, vantée par le président américain, laisse des traces en Europe. 35 % pour l’extrême droite en Autriche. Une poussée qui, nous dit le Parisien, s’explique par la crise des réfugiés qui a déstabilisé les pays sur la route des Balkans.

He oh la gauche

Il faut avouer que le nom fait rire tout le monde. "Il est des hé oh qui s’entendent comme des au secours" raille Patrick Apel-Muller dans l’Humanité. "On le croyait ministre de l'Agriculture, s’amuse Bruno Dive dans Sud Ouest, et on retrouve Stéphane Le Foll professeur de médecine, flanqué d'une quinzaine de praticiens de la faculté gouvernementale, au chevet du hollandisme moribond. Pour mesurer le caractère inouï, et déplacé, de la manifestation d'hier soir, il suffit de se poser cette question : qu'aurait dit la gauche si quinze ou vingt ministres de Nicolas Sarkozy avaient tenu meeting à un an de l'élection présidentielle, en semaine et dans la journée, pour soutenir la candidature du président sortant ?" Mais le Parisien saisit surtout l’occasion pour nous parler des deux absents de cette réunion : Manuel Valls et Emmanuel Macron : hé oh où est passé Manuel Valls ? se demande le journal qui nous explique comment le coucou Macron lui a pris son nid. Parce le briseur de tabous a été contraint de rentrer dans le rang, un plus jeune est venu lui piquer la place. Mais que vaut ce plus jeune ? Dans le Figaro, le chantre de l’ultra libéralisme décomplexé, Gaspard Koenig, chante ses louanges jusqu’à rêver d’un second tour Le Pen-Macron en 2017 : étatisme contre libéralisme, la vraie alternative. Mais juste au-dessus Philippe Villin se demande s’il n’y a pas là une incroyable hallucination collective. Quel journaliste, se demande-t-il, a interrogé Emmanuel Macron sur son programme ? A quel moment a-t-il pesé sur le débat. Les bus Macron ne sont qu’un gadget qui achève de plomber la SNCF, dit-il, et à part ça rien. L’énarchie dans toute sa splendeur. Lui rêve d’une vraie présidentielle gauche-droite : Montebourg ou Valls face à Sarkozy. Et non une élection vasouillarde entre deux candidats centristes. Il reste un an pour les départager.

Sport et médecine

Un article passionnant dans La Croix sur les frontières de plus en plus floues entre médecine et dopage. Parce que les progrès scientifiques permettent de remplacer des ligaments croisés par une prothèse plus performante que les ligaments originaux. En viendra-t-on à opérer préventivement des athlètes ? Est-ce que cela constituera un dopage mécanique ? Et que dire de certaines thérapies géniques qui permettront bientôt d’implanter un ou plusieurs gênes dans des groupes musculaires pour les renforcer. Le sport, dit un médecin, est l’un des laboratoires de la médecine d’amélioration. Bientôt, c’est nous tous qui pourrons nous doper.

Paris-Las Vegas

En attendant, certains sportifs ont d’autres préoccupations. Le Parisien nous raconte le petit voyage du PSG à Las Vegas et se demande si un aller et retour en trois jours  est bien raisonnable. Very bad trip ou simple bouffée d’oxygène entre copains ? A voir la photo, tous en slip de bains avec des demoiselles boudinées dans leur bikini lacé, on se dit que cette petite escapade avait peu à voir avec le foot mais beaucoup avec l’élégance habituelle des footballeurs.

 

C’est aussi dans le Parisien, pages Essonne, qu’on trouve un article sur les travaux de l’école polytechnique et de l’université Paris Sud autour de la cuisine du futur. Outre les recherches sur les bulles permettant de concevoir la mousse au chocolat parfaite, on retiendra le gel d’omelette à faire couler directement dans la poêle, parce que, nous dit un chercheur, casser quelques œufs, c’est déjà le bout du monde pour ces étudiants et surtout la vinaigrette en tranches qui vous évite la petite goutte tombée du sandwich. On dope les sportifs, la vinaigrette, l’omelette, parce que c’est fatiguant de casser des œufs. Et l’on attend que, dans des dizaines de milliers d’années, les conséquences de nos choix s’effacent du côté de Tchernobyl ou Fukushima.