La presse quotidienne revient ce mardi sur les primaires américaines avec une Hillary Clinton qui oppose et un Donald Trump qui pourrait peut-être finalement s'imposer.
Ce matin en Une de vos journaux on regarde vers l’Ouest :
Dans Libération, c’est Hillary Clinton qui peine à convaincre les électeurs de Bernie Sanders : tous contre elle.
Dans le Figaro ils étaient tous contre lui mais il grimpe quand même : Trump peut-il gagner ?
Côté français, on cultive les débats locaux :
L’Opinion : Faut-il un pacte avec l’Islam de France ?
Et le Parisien : l’alcool, ce n’est plus tendance. Et ce n’est pas la météo qui va pousser les ventes de Rosé.
Libéral ou social
Il y a bien sûr Emmanuel Macron qui cristallise les oppositions entre les tenants d’un libéralisme modernisateur et les défenseurs du modèle social. Dans le Monde, c’est une tribune de Mathieu Laine, qui chante ses louanges. En face, François Ruffin parle de la macronite, cette maladie du socialisme en phase terminale. Il évoque le CICE, et les 40 millions économisés par Auchan l’an dernier pour 1.400 équivalent temps plein supprimés. Dans Le Parisien, c’est même un secrétaire d’État qui lâche à propos des jets d’œufs essuyés par le ministre de l’Économie : "on ne peut pas expliquer en mai que le clivage droite-gauche c’est ringard et aller ensuite célébrer les 80 ans du front populaire". Mais à droite aussi le débat fait rage. Le Parisien nous raconte comment les candidats à la primaire de droite, après avoir joué au concours du plus libéral, s’aperçoivent qu’un petit discours social s’impose aussi. Même Alain Madelin, figure tutélaire du libéralisme français estime que le programme de François Fillon s’apparenterait "à la caricature d’un libéralisme anti social". On se souvient d’ailleurs que François Fillon avait, autrefois, un compte twitter sous pseudonyme. Il a abandonné la pratique mais d’autres non. Sur le site de l’Obs, le journaliste Denis Robert publie un texte initialement écrit sur sa page Facebook et rapidement censuré. Un texte dans lequel il s’attaque à des comptes Twitter sous pseudonyme particulièrement actifs pour défendre la loi Travail et attaquer les grévistes. Sauf qu’il oute les twittos en question. Un trader, un banquier d’affaire, qui, sous pseudonyme, aiment plaisanter sur les uniformes nazis, les coups de fouet reçus par des jeunes iraniennes, ou les cégétistes qu’il faudrait balancer d’un hélico. "Nos Goldens Twittos sont millionnaires et éduqués. Ils sont les petites mains manucurées du capitalisme new look, les ratés de la Noblesse. La caste du dessus ne les acceptera jamais vraiment. Ou alors un pour cent. Donc ils se vengent. Twittent que les profs sont des "bâtards". Les femmes "des putes". Les cheminots, des "mecs à buter";. Que c’est drôle". La démarche de Denis Robert agite le web. Peut-on remettre en cause le pseudonymat ? Elle nous révèle surtout la violence croissante d’une société qui redécouvre un vieux concept : la lutte des classes.
Allemagne
L’Allemagne, ce modèle de réussite qu’il nous faudrait imiter, semble connaitre quelques ratées. Les pages économie du Figaro nous racontent l’appauvrissement des retraités allemands et la proposition de Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, de repousser l’âge du départ à 70 ans. Sur les 20 millions de retraités allemands, 3,4 millions vivent déjà sous le seuil de pauvreté. D’ailleurs, le livre d’un économiste fait débat Outre Rhin : sa thèse : l’Allemagne est l’un des pays les plus inégalitaires du monde industrialisé, même si cela n’est pas apparent immédiatement. On attend sa traduction pour nos politiques.
École
C’est aussi dans le Figaro qu’on trouve un article sur les enseignements interdisciplinaires promus par la réforme du collège. Avec quelques pages de manuels fournissant des exemples. Et là on se régale. Le projet "fait bouger ta littérature" mêlant français et sport pour construire un roman photos à partir d’une chorégraphie collective en danse ou art du cirque, le projet proposant de concevoir le profil Facebook et la séquence audio vidéo sur Vine, de grandes figures scientifiques du passé comme Copernic. Une fois qu’on aura bien ri, on ira lire la tribune de François-Xavier Bellamy quelques pages plus loin. Le philosophe catholique adresse un texte à l’enseignement privé. Il lui reproche d’avoir applaudi la réforme du collège, lui qui peut sélectionner ses élèves et recruter ses professeurs, lui qui trouvera les moyens de maintenir le latin, le grec et les classes bilangues pour répondre à la demande des parents. "Combien de collèges privés trouveront dans ces dernières réformes l’occasion de capter pour de bon toutes les familles un peu favorisées, prêtes à payer pour éviter à leur enfant un naufrage qui condamne définitivement les élèves du public auxquels on retire tout ce qui pouvait constituer des occasions de survie scolaire. L’hypocrisie risque de devenir si intenable qu’elle conduira tôt ou tard à l’explosion d’un système si manifestement injuste".
Enseigner la musique
La musique pour tous, un rêve de démocratisation de l’enseignement. C’est ce que l’état de Malte vient d’offrir à ses citoyens. Libération nous raconte l’histoire incroyable d’une plateforme ludique créée par une start-up française pour apprendre la musique par l’intuition plus que par le solfège. Avec le soutien du ténor Joseph Calleja, principal star international maltaise, le programme est offert à tous les citoyens et des formations ont lieu dans les écoles, les prisons et les hôpitaux. Comme le résume un trompettiste, autre star maltaise, devant des prisonniers : "je suis sûr que ce programme donnera de la joie".
Le site Atlantico nous raconte le cas de cet Italien qui passionne la science. A la suite d’un traumatisme cérébral, il a été plongé dans un état d’euphorie qui s’exprime par un amour immodéré de la France. Il parle français, adore les films français, la cuisine française et propose à tout le monde des cours pour apprendre cette langue de Molière qu’il massacre allègrement puisqu’il ne l’a pas parlée depuis le collège. On espère que les scientifiques vont trouver l’explication de ce phénomène. Ça pourrait servir. Une petite opération du cerveau et nos élites trouveraient le modèle français tellement plus enviable que le modèle allemand.