Natacha Polony, La Revue de presse 03.02.2016 1280x640 7:03
  • Copié
, modifié à

La presse quotidienne revient ce mercredi sur le nombre de personnes radicalisées en France.

Ce matin en Une de vos journaux il y a toujours ces inquiétudes pour notre santé :
Libération : Libération et cette silhouette de moustique en contrejour : épidémies, voilà l’ennemi.

Mais il y a aussi des raisons d’espérer :
Le Parisien : On guérit de mieux en mieux du cancer.

Finalement, ce sont les êtres humains qui constituent le principal danger :
Le Figaro : Islamisme : 8.250 individus radicalisés en France.

Mais le traitement est-il le bon ?
20 minutes : Ma vie d’assigné. Et l’histoire d’Ahmed, assigné à résidence et qui assure n’avoir aucun lien avec le djihadisme. Il a perdu toute chance d’obtenir le CDI qu’il visait. Qu’est-ce qui se passe si je suis assigné à résidence, mais que je n’ai plus de résidence ?

Enfin, la Croix publie son baromètre annuel : Média, la confiance n’y est pas. Même si la radio est encore le média le plus crédible aux yeux des français devant la presse écrite, le bilan est bien peu reluisant. Et parmi les sujets les bien moins traités par les journalistes, la réforme du collège.

 

Primaires américaines

"Sauf le respect que nous leur devons, écrit Sébastien Lacroix dans l’Union, comment les Américains en sont-ils arrivés à produire des campagnes électorales aussi grotesques ?  La première puissance mondiale, ange tutélaire de la démocratie nous fait vivre tous les quatre ans par médias interposés une sorte de télé réalité de la politique mettant en scène des candidats dont on se demande parfois s’ils n’ont pas juste été choisis pour leur capacité à faire de l’audimat". La question est un peu brutale mais après les multiples commentaires sur l’émergence de Marco Rubio, c’est un bon résumé du sentiment général. Toutefois, c’est le Monde qui met le mieux en lumière le véritable match. Il transcende le clivage entre républicains et démocrates. Celui qui oppose les insurgés anti élitistes aux candidats de l’establishment, Hillary Clinton pour les démocrates et Marco Rubio pour les républicains. Avec ce constat : au terme de ce galop d’essai dans la prairie du Midwest les candidats de l’élite traditionnelle tiennent le coup face à ceux de l’insurrection anti système. Finalement, France et États-Unis ne sont pas si éloignés.

Remaniement

Côté français, la proximité politique des partis de gouvernement se lit en une de l’Opinion : Hollande finira-t-il à droite ? Avec ce dessin de Kak librement inspiré de Boucles d’or et les trois ours. Dans le rôle de Boucles d’or, un François Hollande à petit nœud rose endormi dans le lit de la droite sous le regard légèrement agacé des trois ours : Juppé, Fillon et Sarkozy qui constatent qu’on leur a piqué leur soupe. La soupe en question, c’est celle des règles d’indemnisations du chômage. D’autant que fâcher la droite permet au chef de l’Etat d’occuper un peu les troupes. Parce que d’après le Parisien, il y aurait comme du flottement. En cause, le supplice du remaniement. Cet art de laisser des ministres dans une incertitude totale quant à leur sort immédiat et finalement encore plus impuissants qu’à l’habitude face à l’administration centrale. "Déjà qu’on est de passage, grince un conseiller, mais alors là, ce n’est même pas la peine de leur demander quelque chose". La méthode Hollande, achève un secrétaire d’état, goguenard : super vicelard.

Fractures à gauche

Au-delà des manœuvres politiciennes, c’est la matrice idéologique de la gauche qui semble fracturée. Télérama publie une interview d’une sociologue algérienne Marieme Helie Lucas qui revient sur l’épisode de Cologne. Les féministes algériennes, dit-elle, n’ont cessé d’informer la gauche européenne sans obtenir de soutien. Aujourd’hui, les intégristes ont presque réussi à faire accepter l’idée que l’Islam, c’est eux. Le terme islamophobie illustre leur stratégie, ce renoncement à défendre les droits des femmes par peur des accusations de racisme est une dimension des problèmes. Une autre dimension apparait dans le Figaro qui signale la mobilisation des anti GPA de gauche.  De José Bové à Benoit Hamon, de Marie Georges Buffet à la philosophe Sylviane Agacinski, ils s’élèvent contre ce qu’ils estiment être un nouvel esclavage. Trop tôt pourtant pour se rapprocher des anti GPA de droite. Être accusé de basculement réactionnaire, c’est si vite fait.

Prostitution chinoise

Un film de Nael Marandin, la marcheuse, raconte leur vie. Mais Florence Aubenas est allée à leur rencontre. Des femmes de 40 à 60 ans, anciennes ouvrières ou même entrepreneuses qui ont quitté leur Chine natale pour arpenter les trottoirs de Belleville. Elles ne sont pas forcément soumises à un réseau mais elles subissent la violence, la peur que la famille, au pays, ne découvre la vérité. Et les lois de prohibition qui les ont rendues plus invisibles encore. Dans Causette, ce sont d’autres femmes, beaucoup plus jeunes, 13-14 ans, ces filles qui harcèlent le touriste dans le métro parisien pour le compte de mafias bosniaques. Parfois l’une est enceinte, et puis on la retrouve dans le métro, quelques temps après le bébé a été envoyé dans un autre pays et permet de poursuivre le chantage sur la fille au vu et au su d’une police impuissante.

Bonheur

Pourtant, les raisons d’être heureux il y en a. Et finalement peu importe. Dans les pages Science et médecine du Monde, Laurent Alexandre nous explique qu’il existe un variant génétique du gêne fatty acid amide hydrolase et qui semble rendre les populations plus heureuses. Qu’on soit sous les bombes en Afghanistan peu importe si on a cette fameuse mutation A. Une adaptation du discours politique aux caractéristiques neuro génétiques de la population aurait du sens, explique-t-il. François Hollande dira-t-il un jour : les français sont mécontents, ce n’est pas de ma faute mais celle de leur ADN.

 

 

Pourtant, Causette nous donne des tas de petits trucs pour améliorer la vie quotidienne. Ça s’appelle le Nudge, une façon de nous influencer à notre insu tout en nous laissant libre. Un exemple : dans une boite cylindrique de chips, insérer une chips rouge toutes les 5 chips, la quantité consommée baisse de 60 %. De même si vous mettez un escalier musical produisant des notes de piano à côté d’un escalator, les gens choisissent l’escalier. Et il y a des lecteurs qui donnent leurs idées pour ne plus avoir de traces de dentifrices dans le lavabo, pour que les enfants mangent leurs épinards… Pour l’instant, on n’a pas trouvé la traduction politique. Et les électeurs sont toujours obligés de voter pour des candidats populistes histoire de faire peur au système. L’incitation douce, ça ne marche pas dans la lutte des classes.