La presse quotidienne revient ce matin sur la recherche de solutions pour lutter contre Daech et le terrorisme.
Ce matin en Une de vos journaux, on cherche encore et toujours des solutions :
Le Monde : la France en quête d’une coalition contre l’EI.
Le Figaro : La France à la pointe du combat contre Daech.
La Croix s’interroge : La France sur trop de fronts ?
Le Parisien regarde du côté de nos voisins : Frontières : la faille de l’Europe.
Libération scrute la France : Attentats : le terreau salafiste.
Et pendant qu’on s’interroge sur la libre circulation des hommes, la libre circulation des capitaux reste déterminante :
L’Opinion : Finances de Daech, l’autre guerre asymétrique.
La variante légale : Les Echos : le méga-exil fiscal d’un géant de la pharmacie.
Coalition
Tous les journaux ce matin évoquent les efforts de François Hollande auprès de nos alliés américains et anglais pour penser les contours d’une coalition cohérente. Mais c’est au détour de quelques articles que l’on comprend à quel point la définition même de cette coalition et de ces buts de guerre est encore très loin.
Ainsi, Libération centre son article sur cette fameuse stratégie russe qui constituerait à renforcer Bachar al Assad en pilonnant non pas l’Etat Islamique mais l’opposition syrienne libre.
Mais dans le Figaro, Georges Malbrunot est un peu plus précis : "Il n’y a aucun débat, explique-t-il sur le point de savoir si Daech et la branche locale d’Al Qaida, le front Al Nosra, sont des cibles des bombardements russo-américano-français. En revanche, le débat est vif autour de deux autres factions islamistes, Ahrar Al Cham (salafiste proche du Qatar) et Jaich Al Islam (l’armée de l’Islam pro-saoudienne)" Georges Malbrunot explique que ces deux groupes dominent le reste de l’insurrection, cette fameuse rébellion qu’il faudrait épargner. Le Qatar et l’Arabie Saoudite se sont d’ailleurs appliqués à les policer. Ce qui n’a pas empêché un chef d’Ahrar Al Cham d’applaudir aux attentats de Paris. La définition d’une coalition et de ses véritables ennemis, tous ses ennemis, ça n’est pas gagné.
Radicalisation
Libération s’interroge à son tour sur ces mouvements salafistes qui se développent un peu partout en France. Le journal se pose la question : le salafisme antichambre du jihadisme ? Car le salafisme serait devenu, selon Libé, une cible toute indiquée pour les politiques. Mais le philosophe et sociologue du fait religieux, Raphael Liogier entend nous rassurer : Plus on est fondamentaliste explique-t-il, moins on glisse dans l’action terroriste. Finalement, ces Imams radicaux qui expliquent aux enfants qu’écouter de la musique les transformera en porc ou en singe, il faut les écouter et décrypter leurs discours. Ils ne font que prêcher sur la rigueur des mœurs et méprisent l’action violente considérée comme impure car trop moderne. Alors bien sûr, concède le philosophe, les prescriptions de ces imams ne sont évidemment pas audibles pour un occidental qui a vécu les années 70 et les libérations de l’époque : de la femme, de la sexualité. Donc, le fait de laisser se développer des micros sociétés totalement hermétiques à ce qui fait le mode de vie occidental et français ne posent aucun problème.
Tiens, Les Echos nous expliquent dans un petit article que le CNRS s’inquiète de la décrépitude des études consacrées au Moyen Orient et au monde musulman. Son président vient d’adresser un appel à propositions à 115.000 scientifiques pour les mobiliser sur tous les sujets pouvant relever des questions posées à nos sociétés par les attentats. On pourrait suggérer un travail sur la destruction de la communauté nationale par la tolérance envers le séparatisme de l’Islam radical. On enverra les résultats à Raphael Liogier.
Climat et violence
C’est un débat par journaux interposés.
Dans Le Monde une tribune de Naomi Klein et un article de Stéphane Foucart. Ils évoquent une thèse élaborée par certains chercheurs depuis une dizaine d’années, expliquant qu’il y aurait un lien entre le dérèglement climatique et les déstabilisations politiques. Ainsi, la Syrie aurait subi entre 2007 et 2010 une sécheresse hors norme, provoquant la ruine de centaines de milliers d’agriculteurs. Dans un rapport de mars 2008, on trouvait identifiées plusieurs zones sensibles au réchauffement, Mésopotamie, Yémen, Sahel. Toutes, nous dit Stéphane Foucart ont depuis basculé dans l’instabilité.
Mais dans l’Opinion, Bruno Tertrais balaie la thèse d’un coup de plume. Les facteurs politiques et humains sont bien plus importants, dit-il. En Syrie, c’est l’incurie du pouvoir dans la gestion de la crise agricole qui est en cause. Il s’appuie sur les travaux du Giec puisque ces experts sont eux-mêmes très prudents sur le lien entre changement climatique et conflictualité armée. Pour autant, venir nous expliquer qu’il n’y aura de guerre pour l’eau parce qu’il n’y a jamais eu de conflits majeurs dans lequel l’eau était l’enjeu central, laisse un peu perplexe.
Pour imaginer l’avenir, il faut aussi être capable de le penser comme radicalement nouveau.
Mayenne
Je vous emmène en Mayenne. Parce que c’est très beau la Mayenne et parce que le magazine Néon consacre un reportage à des compétitions d’un genre particulier : le moiss-batt cross ou cross de moissonneuse-batteuse. Des machines bricolées, tunées, lancées dans des courses ou des acrobaties sur deux roues, avec des jeunes gens qui vivent pour leur machine, des monstres de 15 tonnes et de plus de quatre mètres de haut. A la sono, Michèle Torr ou Frédéric François et autour du terrain des familles, des amis qui se serrent les coudes, qui parlent prix agricoles, prix des matières premières alimentaires et qui viennent là pour se sentir moins seuls.
C’est aussi dans Néon qu’on trouve un recueil des meilleures petites annonces du Bon Coin. Des tests de grossesses positifs. J’ai vu que certaines femmes utilisaient ce procédé pour que leur conjoint les demande en mariage, argumente la vendeuse. Il y a aussi un cochon apprivoisé, énorme, merci de ne pas le manger, dit l’annonce. Une collection de 17 cuvettes de toilette usées, un dentier d’occasion qui n’a servi que pour 17 repas, un déguisement de Mygale. Et puis une paire de chausson présidentiel récupéré le 12 février 2009 par le service de chambre dans la suite de l’hôtel Concorde Resort à Marseille, là où avait séjourné Nicolas Sarkozy. L’objet a vraisemblablement été porté. Un poil brun est présent sur le flanc gauche du chausson, poil lui ayant probablement appartenu. On trouve de tout sur internet, tout ça, et puis des vidéos de prêcheurs salafistes expliquant que les femmes doivent rester chez elles et obéir à leur mari. Alors on achètera plutôt les chaussons présidentiels.