La presse quotidienne revient évidemment ce jeudi sur le débat animé de l'entre-deux tours opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron.
Ce matin en Une de vos journaux c’est lendemain de match.
L’Ardennais : tendu et attendu.
La Charente Libre : Du débat au pugilat.
Le Courrier Picard : À couteaux tirés.
L’Est éclair : haute tension en direct.
L’Union : Scène de ménage.
Le Parisien : emploi, sécurité, Europe : qui a été le plus convaincant ?
Et la réponse du Figaro : Macron tient le choc et s’impose face à Le Pen.
Libération : basse du front.
Débat
Pour les métaphores, c’est celle du match de boxe qui s’impose, avec gants et uppercut. Pour les adjectifs : violent, brutal, rude, assommant, insupportable. Il y a bien sûr ceux qui estiment qu’Emmanuel Macron l’a emporté. "Marine Le Pen s’est ridiculisée, estime Jean Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées. Il fallait la voir s'esclaffer, ricaner à tout propos mais surtout, montrer son incompétence sur la plupart des sujets. Elle est brouillonne, outrancière, dans l'à peu près, il est factuel, précis, analytique. Elle est agressive, il reste calme. Marine Le Pen avec son paquet de fiches, face à Emmanuel Macron qui n'en avait pas, c'était l'élève face au maître". "Franchement, Marine Le Pen n’est pas au niveau", juge Laurent Joffrin dans Libération. Mais il l’admet, ce jugement lui-même pourrait être contre-productif. "Macron a dominé, mais à trop dominer, il a risqué d’irriter une partie du public". Et puis il y a ceux qui ont compris que la question du supposé vainqueur ne se pose pas. "Qui a gagné, qui a perdu ? se demande Patrice Chabanet dans Le journal de la Haute Marne. Ce dont on est sûr, c’est que l’électeur n’a rien appris de nouveau sur le fond. Il a assisté à un combat de rue". "À trop sacrifier au concours de posture, juge Xavier Brouet dans Le Républicain Lorrain, l’exercice redescend au ras des pâquerettes et vire à la foire d’empoigne". Une joute d’abord destinée à porter le discrédit sur l’autre estime Hervé Chabaud dans l’Union. Bref, un débat qui ne changera sans doute rien au résultat de dimanche mais qui nous raconte une France dont il sera difficile de recoudre les cicatrices.
Travailleurs détachés
Ce fut un des sujets du débat. Aujourd’hui en France nous apprend que le gouvernement vient de donner instruction aux préfets d’interdire la clause Molière. Exiger que les ouvriers comprennent le français, comme le prescrivaient certaines collectivités est donc contraire à la réglementation européenne et porte atteinte au principe d’égal accès à la commande publique. La bataille devrait se déplacer sur le terrain judiciaire, nous dit le journal. Le terrain politique, elle y est déjà.
Kosovo
Le Figaro nous emmène aux marges de l’Europe visiter ce petit état indépendant depuis 9 ans et qui concentre les échecs de l’Occident. 17 ans après la guerre et alors que le montant de l’aide internationale dépasse, par tête d’habitant, le plan Marshall, 60% des jeunes sont au chômage. Dans ce pays dont les dirigeants sont ouvertement athées, les femmes voilées ont surgi. Des prêcheurs venus du Moyen Orient rémunèrent les barbes et les hidjabs. Les départs pour le jihad se multiplient. La Turquie s’est engouffrée dans le vide, elle investit, envoie ses imams et a même demandé une modification des manuels d’histoire jugés trop peu favorables à l’empire ottoman. L’Occident, qui a bombardé Belgrade pour l’indépendance du Kosovo, a oublié qu’après avoir gagné la guerre, il faut gagner la paix.
L’espionne et le djihadiste
C’est Libération qui raconte cette histoire incroyable. Celle d’une espionne du FBI partie se marier en Syrie avec le djihadiste qu’elle était censée surveiller. Denis Cuspert, allemand de naissance, s’est pourtant illustré par des photos où il apparaissait entouré de cadavres, après une brève carrière de rappeur délinquant. Mais il a séduit en un temps record et par Skype, Daniela Greene, tchécoslovaque germanophone choisie pour entrer en contact avec lui. La jeune femme a vite compris sa bêtise, elle a été exfiltrée par les services de renseignement américain mais son histoire passionne l’Allemagne.
Ménage dans le sport
C’est aussi dans Libération qu’on trouve un article autour de cette question éthique qui agite la Fédération Européenne d’Athlétisme. Faut-il annuler les records antérieurs à 2005 au motif que les contrôles anti dopage ne sont pas fiables avant cette date. Certains de ces records ne seront jamais battus. Mais des athlètes protestent, estimant qu’ils vont payer injustement pour les tricheurs. Devant la justice, ils risquent d’obtenir gain de cause mais le soupçon n’a rien à voir avec le droit.
Vous ne connaissez sans doute pas Pierre Triep-Capdeville, ancien rugbyman de la Section Paloise. Dans L’Équipe, il raconte ses souvenirs notamment cette troisième mi-temps à Pampelune quand il tombe sur la banda d’Anglet. "Moi je suis béarnais et évidemment le ton monte. C’est là que j’ai compris qu’il valait mieux se bagarrer contre un orchestre à cordes que contre un orchestre à cuivre. J’ai chargé comme un âne. Je me souviens d’avoir pris un coup de trombone". Comme quoi, ce genre de récit est drôle quand on le lit dans les pages sport. Dans les pages politiques, à propos d’un débat présidentiel, on est moins sûr.