La presse quotidienne revient ce mardi sur la radicalisation à Sarcelles et sur les rescapées de Boko Haram.
Ce matin en Une de vos journaux l’Islamisme montre ses différents visages :
Le Parisien le trouve à Sarcelles : Une ville face à la radicalisation.
Libération nous emmène au Nigéria : rescapées de Boko Haram.
Pendant ce temps, Le Figaro s’inquiète : faut-il avoir peur de la baisse historique des taux d’intérêt ?
Et l’Humanité campe place de la République : Nuit debout : la politique prend toute la place.
Mer de Chine
En fait, il y a deux sujets d’inquiétude dans le Figaro ce matin. Les taux d’intérêt parce qu’ils auraient dû apporter un peu d’oxygène et qu’ils ne l’ont pas fait, démontrant un pessimisme généralisé et une spirale déflationniste, et puis ce bout de mer si loin de nous où se joue la rivalité entre Pékin et Washington. Il faut lire la page sur les revendications territoriales en Mer de Chine et le réarmement de l’Asie. Philippines, Malaisie, Japon, Australie… tout le monde croise dans ces eaux où les États-Unis ont décidé de mener des exercices dits de liberté de navigation. Mais la conclusion de l’article devrait nous alerter : "aucun des pays de la région ne souhaite un conflit, écrit Patrick Saint Paul, mais la course à l’armement augmente le risque d’une déflagration accidentelle".
Guerre des drones
Il faut lire aussi sur le site Ulyces le récit de quatre vétérans américains pendant des années en première ligne au Pakistan ou en Afghanistan. En première ligne, mais depuis un petit bâtiment du Nevada. Ces hommes ont piloté les drones qui frappent un peu partout les potentiels terroristes. Aujourd’hui, ils souffrent de syndromes post traumatiques qui cadrent mal avec le discours marketing sur une supposée guerre propre. Ils racontent comment les nouveaux robots choisissent leurs cibles en fonction de leur comportement supposé suspect et non de leur identité. Et le moment où ils prennent conscience que la mort de civils innocents ne fait que nourrir la violence. Ils ont écrit au président Obama. Tous les quatre ont reçu des menaces et sont persuadés d’être espionnés par une CIA qui apprécie peu qu’on remette en cause ses programmes de défense. "J’ai du sang sur les mains, déclare l’un d’eux, et je veux savoir pourquoi c’est arrivé".
Le gouvernement et la jeunesse
On sent une légère ironie ce matin dans les commentaires. "Qui osera prétendre encore que François Hollande ne tient pas ses promesses, clame Bruno Dive dans Sud-Ouest. Il avait fait en 2012 de la jeunesse une priorité. Et voilà qu’en une matinée le gouvernement cède à toutes les revendications des organisations étudiantes ou lycéennes. Ce n’est plus une négociation sociale, c’est une distribution des prix". Dans le Figaro, on trouve ce chiffre édifiant : 70 % des contrats signés en 2015 ont concerné des durées inférieures à un mois. La taxation des CDD changera-t-elle quoi que ce soit ? Personne ne fait même semblant d’y croire. Mais les syndicats étudiants sont contents. Et l’on n’osera pas citer l’article d’Atlantico dans lequel un journaliste raconte comment William Martinet, président de l’Unef, l’a appelé pour protester contre son précédent papier : non, il n’a pas mis 10 ans pour obtenir une licence. Mais en effet, après 9 ans passés à la fac, il vient de s’inscrire en master. Une future carrière politique s’ouvre à lui. Très loin des rêves de refondation de Nuit debout et des aspirations des jeunes apprentis sans contrat.
Absentéisme
On parle beaucoup du travail et Le Parisien nous en offre une étonnante illustration avec les protestations des médecins de Poissy. Le maire a écrit aux 45 généralistes du secteur pour les inviter à éviter les arrêts maladie de complaisance. Atteinte à notre indépendance, ont protesté certains médecins. Mais pour le maire, le constat est simple : la suppression en janvier 2014 du jour de carence pour maladie s’est traduit par une hausse de 20 % des arrêts en mairie et les personnels auxquels un congé a été refusé auraient obtenu aussitôt un arrêt de travail. Coût pour la collectivité, dit-il : deux millions d’euros. Mais la méthode agace.
Macron
Pour les méthodes qui agacent, on trouve aussi dans le Parisien ce titre : A quoi jouent Macron et Hulot ? Avec un ton très presse people. Il est question de drague, on se tourne autour tout en jurant fidélité à l’officiel : non, Emmanuel Macron n’a pas quitté François Hollande pour Nicolas Hulot. On trouve aussi des termes politiques, ou politiciens : convergence, préoccupations partagées… Pour ceux qui cherchent le rapport entre le libéralisme décomplexé du ministre et un projet authentiquement écologiste, on répondra que l’amour est aveugle et les Français trébuchent.
Éloge du bistrot
Ce sont des chefs d’œuvre en péril. Des monuments de l’identité française. Un article sur le site Causeur rend compte du travail d’un sociologue, Pierre Boisard. Après un livre : Le camembert, mythe français, il signe La vie de bistrot. Une étude sur "cette forme avancée d’humanité que les algorithmes des réseaux sociaux sont encore incapables de retranscrire ou d’imiter. Sans nul doute, écrit Thomas Morales, une société sans bistrot attesterait la fin de notre civilisation. Avec la faillite des idéologies, la mondialisation triomphante, la religion en cartouchière, l’individualisme forcené, le bistrot semble le dernier refuge où l’autre n’est pas un homme à abattre, où l’étranger a un visage. La liberté de causer ou pas avec son prochain dans un rapport qui n’est pas marchand tient du miracle absolu".
Je ne sais pas dans quelle rue se trouve votre bistrot préféré, mais le site Slate se lance dans une étude sur l’odonymie. Un odonyme est l’association entre un nom générique, rue ou boulevard, et un nom spécifique, Jean Jaurès, Magenta ou de la Pompe. Étude des noms de rues donc. Vous vous en doutez, parmi les noms propres, le grand gagnant, c’est Charles de Gaulle. Mais essentiellement grâce aux ronds point et aux avenues. Pour les rues, c’est Pasteur qui arrive en tête. Mais globalement, les gagnants, ce sont les écrivains. Victor Hugo est champion des impasses. Pour un visionnaire c’est ballot. Les politiques arrivent juste après. Alors, le jour où l’on cherchera des voies à baptiser du nom de Manuel Valls ou Myriam El Khomri, Victor Hugo pourrait être détrôné.