La presse quotidienne revient ce mardi sur l'horreur qui a frappé Orlando et l'impact que cet attentat aura sur les élections présidentielles américaines.
Ce matin en Une de vos journaux on prend la mesure de l’horreur :
Le Monde : Le deuil et la colère.
Le Figaro : L’onde de choc.
Libération : Orlando : la cible arc-en-ciel.
Et 20 Minutes qui nous montre le visage du tueur : adoubé par Daech.
Pendant ce temps, Aujourd’hui en France, s’intéresse au mouvement de grève qui vous empêcheront d’ailleurs de trouver certains de vos journaux ce matin : que reste-t-il de la loi El Khomri ?
Orlando et la campagne américaine
C’est la première question qu’on trouve dans les journaux, à côté des récits du drame : quelle influence sur la campagne américaine ? L’Amérique, nous dit le Figaro, s’unit dans le deuil et se divise dans la riposte. "Dans un pays en pleine campagne électorale, doutant de lui-même, écrit Jacques Hubert Rodier dans les Echos, l’abominable geste d’Omar Mateen relance le discours le plus sécuritaire possible. Le discours évidemment est outrancier, populiste, voire choquant, mais face à la prudence affichée par la candidate démocrate, il pèse lourd dans la balance électorale". Sur la question du terrorisme, comme sur celle des armes à feu, c’est tout le clivage entre Républicains et Démocrates que vient illustrer la tuerie.
L’homophobie au cœur du débat
Les commentaires se cristallisent sur cette question précise : faut-il insister sur le caractère homophobe du carnage ? Sur le site Slate, on trouve un article intitulé : Chers élus, la tuerie d'Orlando n'a pas frappé une boîte, mais une boîte gay. Dans Libération, le ton est le même : Orlando : la classe politique française montre sa carence honteuse. La presse elle-même est accusée de n’avoir pas assez souligné l’idée de crime homophobe. Mais sur le site Causeur, le sociologue québécois Mathieu Bock Coté renverse l’argument. Il s’étonne de la façon dont le drame a été rapidement rattaché par certains militants de la cause homosexuelle à l’ensemble des discriminations que subissent les gays et les lesbiennes. "Encore une fois, on assiste à l’instrumentalisation d’un crime islamiste pour faire le procès de l’Occident, en disant que ce meurtre de masse n’est pas sans lien avec l’homophobie de masse qui régnerait encore dans nos sociétés. Mais aussi détestable soit-elle, la droite morale américaine inscrit son programme dans les paramètres de la démocratie libérale, proscrit la violence et ne plaide pas pour la persécution des homosexuels. Cela ne devrait pas être considéré comme un détail". Mais le site Slate va plus loin. On y apprend le concept d’homonationalisme. Forgé par certains intellectuels militants, il dénonce le fait que des homosexuels pourraient s’inquiéter de l’homophobie d’une partie des musulmans. Racisme intolérable. Et trahison de la solidarité entre minorités forcément discriminées par l’Occident blanc hétérosexuel. L’homonationalisme, c’est quand un homosexuel forge ses idées politiques en tant qu’individu, sans se référer uniquement à son statut de minorité.
Euro 2016
D’accord, on est là pour communier, pour ne pas bouder son plaisir, mais dans la presse certains se lassent déjà. Dans Libération, c’est Pierre Guerlain qui proclame : rien à foot. Plus drôle, l’article de François Begaudeau dans le Monde qui évoque le traditionnel partage des rôles entre la Coupe du monde et son vent de fraternité planétaire et l’Euro, lieu de la densité sportive. "Comme on disait au comptoir : dans un Euro, il manque le Brésil et l’Argentine mais au moins on a pas à se taper Iran-Honduras". Avec l’élargissement de 16 à 24, on dit au comptoir : il manque le Brésil et l’Argentine et en plus on doit se taper Galles-Slovaquie. Parce que Platini, du temps où il pensait que Blater était un chouette papy avec des bonnes joues, rêva d’un Euro organisé sur tout le continent sans comprendre que c’est plus de droit télé, plus d’occasion de faire banquer les sponsors. D’autant que, sur Bastamag et le Figarovox on nous rappelle que la société organisatrice ne paiera aucun impôt.
Le débat sur la loi Travail prend parfois une drôle de tournure. Les pages Essonne du Parisien nous signalent le cas d’un agent municipal d’Evry qui risque la révocation pour avoir publié sur le web un montage photos. Il proposait d’ajouter cette question aux tests du code de la route : Manuel Valls traverse devant vous : je conserve mon allure, réponse A. J’accélère, réponse B. Je marque l’arrêt sur sa tête et je fais patiner mes pneus, réponse C. Je stoppe et le castre avec un coupe ongles, réponse D. Je le quenellise avec la borne blanche, réponse E. "Un appel au meurtre", s’est indigné le maire. Après Orlando ou les démonstrations de force des hooligans russes, on pourrait peut-être garder le sens des proportions : c’est mal, mais c’est juste une mauvaise blague.