La presse quotidienne revient ce mercredi sur la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion.
Ce matin en Une de vos journaux il se prend la tête entre les mains, il est effondré, ou bien il affiche une moue préoccupée :
Libération : Sarkozy devra rendre des comptes.
Le Parisien : Le coup d’arrêt ?
Le Canard Enchainé : Sarkozy : "Franchement, m’sieur le juge, j’ai écrit mes mémoires mais je me souviens de rien".
Mais en Une de l’Opinion, une question : peut-il tenir ? Cette fois, il ne s’agit pas de Nicolas Sarkozy mais de François Hollande : Discrédité au sein de sa famille politique après un remaniement incompris.
Et pendant ce temps, la tension monte :
Le Figaro : Syrie : Russie et Turquie au bord de l’affrontement.
Europe et migrants
A intervalles réguliers, la presse nous rappelle que des centaines de milliers d’hommes et de femmes frappent aux portes de l’Europe.
Libération et le Figaro nous emmènent en Grèce, auprès de ceux qui prennent en charge la misère du monde pendant qu’on tergiverse à Bruxelles.
Dans Libé, Maria Malagardis évoque la solidarité des habitants des iles de la Mer Egée, souvent eux-mêmes descendants de réfugiés arrivés d’Asie mineure après 1922 et l’exode forcé hors de Turquie. Alors, tant que la gauche radicale tient, l’extrême droite ne perce pas. Encore faut-il que la situation économique n’empire pas trop.
Dans le Figaro, Jean Marc Leclerc est allé visiter à Lesbos un de ces hotspots où débarquent les migrants arrivés de la côte turque. Là, un officier de police de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières, explique avec fatalisme les limites de son action : "Je suis sur le poste informatique Eurodac, la base de données européenne qui nous permet d’enregistrer les arrivants. Lorsqu’on prend les empreintes d’un migrant, il nous déclare l’identité qu’il veut. On associe les deux dans nos fichiers mais nous n’avons aucun renvoi en direct de la base qui permettent de nous dire si la personne est connue du système par ses empreintes. Nous pouvons très bien enregistrer un Ben Laden ou un Abaaoud, de toute façon, personne ne le saura ici". L’article décrit les arrivées de migrants que l’hiver n’a pas tari et le travail des mafias en face, sur la Cote turque, en toute tranquillité il y a même des tarifs réduits pour les traverser par gros temps. Et durant les visites des délégations officielles venues d’Europe, les passages s’interrompent. Les Grecs, eux, voient se remplir ce tonneau des Danaïdes.
Sarkozy
Il y a ces mots qui reviennent dans les éditoriaux ce matin : présumé innocent. Laurent Joffrin y revient dans Libération avec une méticulosité qui ferait presque sourire. "Nous sommes bien d’accord : la mise en examen ne signifie pas la culpabilité. Mais elle n’est pas anodine. En droit, elle indique que les juges estiment détenir des indices graves ou concordants rendant vraisemblable la participation du prévenu aux délits qui font l’objet de l’instruction. Ainsi, le mis en examen bénéficie-t-il, c’est la moindre des choses, de la présomption d’innocence ; mais il est, en même temps, officiellement et juridiquement, soupçonné par la justice". Il ne faudrait pas avoir l’air de se réjouir, ni de tirer sur l’ambulance. Donc, on fait dans le cours de droit de première année.
D’autant que le Figaro prend soin d’insister sur le fait que la dite mise en examen n’interviendrait que pour marquer la responsabilité pénale du donneur d’ordre et signataire du compte de campagne. Une responsabilité toute formelle.
Alors, les uns glosent sur le Sarkozy regonflé à bloc par l’adversité, les autres sur la défiance des français et Yann Marec dans le Midi Libre en conclut que François Hollande risque de perdre là son adversaire le plus souhaitable.
Et puis Jean Marc Chevauché dans le Courrier Picard, identifie la principale victime de toute l’affaire : la politique.
Série télé
Le monde impitoyable de la politique nous est souvent décrit dans les séries télé.
Les Echos consacrent une page au livre d’un de leur chroniqueur, Dominique Moïsi qui décrypte la géopolitique à travers Game of Thrones, Homeland ou House for Cards. Entre la culture de la peur développée aux États-Unis après le 11 septembre, la violence morale qui supplante la violence physique. Le scénario de Game of Thrones est un tel trésor qu’il serait conservé dans les coffres d’une banque. On dit même que le président Obama exercerait le privilège régalien de pouvoir visionner l’ensemble d’une saison avant le commun des mortels. Une expression moderne et innocente du droit de cuissage de l’ancien régime.
Les jeunes et le tabac
C’est un étonnant article dans le Parisien : il nous signale une conséquence inattendue de l’état d’urgence : pour éviter que les lycéens ne sortent dans la rue, certains établissements les autorisent à fumer dans la cour. Une mesure qui hérisse certains. Mais le plus désarmant, ce sont les considérations des lycéens eux-mêmes. Les uns se réjouissent de profiter vraiment des récréations et de n’être plus obligés de calciner leurs clopes en vitesse. Les autres estiment qu’une interdiction de fumer provoquerait une révolution : il y aurait forcément des élèves pour sécher une heure le temps de cloper tranquille. Le lycée, un lieu de vie comme les autres.
Diffusion du savoir
Le site Rue 89 nous fait découvrir un outil extraordinaire de diffusion de la connaissance scientifique. Sur Sci Hub, on trouve les articles scientifiques des plus grands éditeurs mondiaux. Sauf qu’ils sont piratés. Parce que ces articles ne sont disponibles en général que pour des lectures uniques à un prix inaccessible pour les chercheurs de pays en voie de développement. Plus problématique, l’article nous rappelle que c’est l’argent public qui finance cette recherche mais que ce sont les éditeurs privés qui s’enrichissent de cette manne. Alors, vive ce piratage qui retrouve la tradition de partage du savoir qui a toujours prévalu dans le monde scientifique.
On peut signaler la première sortie en kiosque d’un journal improbable qui existait jusqu’à présent sur le net : Gonzaï. En Une, un article contre la dictature du bien-être. A l’intérieur, une interview exclusive de nounours. Celui de Bonne nuit les petits. Il évoque cette époque bénie de la chaine de télévision unique où il suffisait de dire aux enfants qu’il était l’heure d’aller se coucher pour qu’ils y aillent. Les inventeurs de la série ont d’ailleurs eu cette idée lors d’un voyage en Allemagne de l’Est, où ils ont vu une speakerine dire aux enfants d’aller se coucher. Et ça marchait. La speakerine en question c’était Nina Hagen. Moins sage que Nicolas et Pimprenelle. Les lycéens d’aujourd’hui on davantage écouter Nina Hagen que Nounours.