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Une mort qui en vaut la peine de Donald Ray Pollock aux éditions Albin Michel
Un roman américain signé par un grand romancier.
Donald Ray Pollock est sans doute l’écrivain le plus talentueux actuellement. Son deuxième roman vient d’être traduit chez Albin Michel et s’intitule : Une mort qui en vaut la peine.
Vous connaissez les frères Coen ou les westerns de Tarantino ? Eh bien, ce livre se situe entre les deux, avec une écriture à la Mark Twain, le père de Tom Sawyer. On y trouve aussi un peu du grand William Faulkner.
Qu’est-ce que raconte ce chef d’œuvre ?
Nous sommes en 1917. La première guerre mondiale détruit l’Europe, mais les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre. Dans le sud du pays, entre la Géorgie et l’Alabama, on rencontre la famille Jewett. Avec le père, Pearl, une brute un peu taciturne qui élève seul ses trois fils depuis la mort de leur mère. Enfin, qui "élève", c’est beaucoup dire. Il les traine à la recherche de petits boulots agricoles et de tâches ingrates pour tenter de survivre. Le matin, on avale une boule de farine et d’eau frite dans une vieille graisse et ce sera le seul repas de la journée. Ces trois enfants qui sont les vrais héros de l’histoire, sont tous très différents. Il y a Cane, l’ainé, le plus intelligent, le seul qui ait eu le temps d’apprendre de leur mère des rudiments de lecture, Chimney, aussi brutal que son père et Cob, un gentil simplet toujours affamé. C’est un peu le Averell des Dalton.
Une histoire qui ne semble pas très joyeuse.
Ça va le devenir un peu plus quand les trois frères décident de prendre leur envol et de s’improviser braqueurs de banque. Sauf que précisément, ça ne s’improvise pas. Ils vont bientôt devoir fuir. On les suit dans leur chevauchée infernale et sur la route, on croise d’autres personnages au moins aussi esquintés. C’est une odyssée un peu particulière, un roman qui vous emmène, malgré vous, dans une certaine Amérique : violente, sans foi ni loi, souvent grotesque et drôle. Mais c’est un humour un peu désespéré. Le seul qui vaille.
Un mot sur l’auteur.
Donal Ray Pollock a passé trente ans de sa vie à l’usine, comme ouvrier, avant d’obtenir une bourse d’étude à l’université. C’est là qu’il commence à écrire son premier roman, Le diable tout le temps, qui a rencontré un très beau succès il y a deux ans. Et ce dernier ouvrage confirme son immense talent.
Une mort qui en vaut la peine donc pour découvrir ce génie américain, c’est chez Albin Michel.