Philippe Poutou et Jean Lassalle ne se sont pas gênés pour critiquer l’émission de Laurent Ruquier, ce qui n'a pas plu à l'animateur.
Place au décryptage média de notre expert, Jérôme Ivanichtchenko. On se penche ce matin sur le traitement médiatique de ceux qu’on appelle souvent les "petits" candidats. Samedi soir, sur France 2, Laurent Ruquier recevait deux d’entre eux sur le plateau d’ "On n’est pas couché" : Philippe Poutou et Jean Lassalle. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont été particulièrement malmenés par l’animateur
Oui et pour s’en convaincre, il fallait veiller très tard samedi soir. Il est 2 heures et demi du matin quand Philippe Poutou arrive sur le plateau de Laurent Ruquier. L’interview se déroule d’abord "à peu près" normalement. "A peu près", parce qu’on sent tout de même une certaine tension.
Il faut dire que le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste garde un très mauvais souvenir de son dernier passage dans l’émission. C’était fin février. Vous vous souvenez sans doute de ce fou rire de la chroniqueuse Vanessa Burggraf qui avait duré plusieurs minutes alors qu’elle interrogeait Philippe Poutou sur le sujet des licenciements. Une séquence qui avait choqué le candidat du NPA. Il s’en était plaint sur les réseaux sociaux. Forcément, ça a déplu à Laurent Ruquier qui n’a pas manqué de le rappeler à son invité.
Laurent Ruquier a la dent très dure. Il n’apprécie que très moyennement qu’on critique son émission. Et il ne se prive pas pour le dire à l’antenne sans prendre de gants.
Un peu plus tard dans la soirée, les choses se sont passées de la même façon avec Jean Lassalle
Oui, et là encore, mêmes causes, mêmes effets. Il est plus de 3 heures du matin quand le député des Pyrénées-Atlantiques entre en plateau. Et comme Philippe Poutou, il a, lui aussi, en travers de la gorge son dernier passage dans On n’est pas couché, c’était fin janvier. Il avait critiqué le montage de l’émission. Il se plaignait d’avoir passé une heure en studio pour l’enregistrement, pour un résultat final d’une demi-heure diffusée à l’antenne. Et il a voulu le rappeler à Laurent Ruquier, pour mettre en lumière sa "sous-exposition" médiatique. Mal lui en a pris… Piqué au vif, l’animateur n’a pas tardé à lui répondre…
"On a gardé ce qui était cohérent" Si Laurent Ruquier voulait expliquer à Jean Lassalle que son propos était inepte, il ne s’y serait pas pris autrement.
Ces passes d’armes sont révélatrices du traitement de certains candidats dans les médias
Oui, c’est en tout cas le ressenti de très nombreux téléspectateurs qui se sont emballés sur les réseaux sociaux, tout le week-end. Dans l’attitude de Laurent Ruquier, ils ont vu du mépris de classe de l’ironie de la condescendance. Du coup, beaucoup s’interrogeaient sur le courage de l’animateur, qui n’aurait pas été aussi virulent avec d’autres candidats avec des "gros" candidats.
Philippe Poutou et Jean Lassalle sont tous deux crédités de très faibles intentions de votes. Entre 0.5 et 1 % selon les sondages. Résultat, ils sont souvent relégués au rang de second choix. Les contraintes du CSA ont beau imposer l’égalité du temps de parole, on constate qu’ils ne jouissent pas d’une égalité de traitement sur la forme. Les accrochages de samedi soir en sont une preuve supplémentaire une illustration de plus de ce qu’on appelle la politique spectacle.
Des accrochages qui s’ajoutent aux critiques déjà nombreuses qui pleuvent sur France 2 en cette campagne présidentielle. On pense aux difficultés de la chaîne à organiser le fameux "débat à 11" du 20 avril, ou aux attaques contre L'Emission politique.
France 2 voulait jouer un rôle central dans cette élection. Elle est en train de passer complètement à côté.