La future chaîne d'informations de France Télé ne devrait pas être en direct plus de sept heures par jour.
Le fait média du jour, c’est ce document confidentiel qui a fuité hier. Un document dans lequel on en apprend un peu plus sur la future chaîne d’information en continu que prépare France Télévisions.
Qu’apprend-on dans ce document ?
Il dessine les contours d’une des marottes de Delphine Ernotte, la nouvelle patronne de France Télé : cette fameuse chaîne info en continu qu’elle appelle de ses vœux depuis sa prise de fonction. Ce document interne d’une centaine de pages est destiné à présenter, dans le détail, le projet de cette chaîne. Il a été rédigé en vue d’un comité d’entreprise extraordinaire qui doit se tenir au siège de France Télé vendredi prochain. Jeudi, en fin de journée, son contenu a fuité dans les médias. Et il nous confirme d’abord une chose qu’on savait déjà, c’est la date de son lancement : dès le mois de septembre prochain.
Elle sera disponible sur les box des fournisseurs d’accès internet, mais aussi sur ordinateurs, tablettes ou smartphones, notamment en s’appuyant sur le site internet d’info du groupe, FranceTV Info. L’objectif, c’est de toucher un public qui délaisse les médias traditionnels notamment les cibles jeunes.
Ce document nous en dit un peu plus aussi sur le dispositif d’antenne, et sur les créneaux qui seront en direct. C’est ce qu’on regarde en priorité pour une chaîne d’info, c’est ce qui permet de juger de la capacité de réactivité d’un média audiovisuel. Petite surprise : la chaîne que prépare France Télé prévoit pour l’instant seulement sept heures de direct par jour. Elles seront réparties en trois tranches horaires, à des moments clés de la journée : une tranche de trois heures le matin entre 6h et 9h. Une autre en avant-soirée, de 18h jusqu’à 20h, histoire de ne pas cannibaliser le JT de France 2, puis enfin une dernière tranche de deux heures en début de nuit, entre 22h et minuit.
Concrètement, qui va faire cette chaine ?
Essentiellement les rédactions de France 2 et France 3. C’est elles qui alimenteront en majorité l’antenne de la chaîne. Elle fonctionnera avec un effectif de 75 personnes. Mais attention, l'heure n'est pas à l'embauche, il s'agira pour l’essentiel d'un redéploiement de personnels déjà intégrés au groupe. Elle sera aussi l'occasion d'expérimenter une synergie entre plusieurs médias publics. Début septembre, quelques jours seulement après sa prise de fonction, Delphine Ernotte et Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, officialisaient leur union dans un communiqué.
Tous deux affirmaient vouloir opérer un rapprochement entre leurs deux groupes. Et notamment la rédaction de France Info, qui sera associée de très près au projet et qui opérera même quelques décrochages dans la grille de la future chaîne. Sur le pilotage de ce projet, il était alors confié à Germain Dagognet, ancien rédacteur en chef des JT du week-end de TF1. Mais depuis, la situation a un peu évolué. Début décembre, Michel Field est arrivé à la tête de l’information du groupe France Télévisions. C'est à lui que va incomber désormais la mission de mettre sur pied cette chaine tout info.
Finalement, ce document semble poser plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
De l’avis de certains personnels de France Télévisions qui ont eu accès à l’intégralité de ce document, il est très long, et surtout il est très complexe. Il interroge sur les moyens humains notamment. 75 journalistes pour une chaine d'info en continu, c'est beaucoup moins que pour une chaine comme BFM TV, qui compte par exemple 300 journalistes sur ses 400 salariés. Il interroge aussi sur le dispositif antenne : sept heures de direct par jour même si elles sont réparties au moment où le besoin d’info est le plus fort, ça semble bien peu, en comparaison là encore avec les autres chaînes tout info.
Mais finalement, ça s’accorde tout de même avec une volonté, celle de Delphine Ernotte. Dans son dossier de candidature, elle expliquait vouloir sortir d’une logique de "buzz permanent", où une information chasse la précédente, passer de l’information "continue" à l’information "permanente" éloignée de la "dictature de l’urgence". En clair : présenter l’information sur un temps long, avec une large place laissée à la réflexion, à l’analyse et pas seulement aux commentaires des faits. Un moyen de se différencier de la concurrence.
De ce point de vue, on se dit qu’il y a au moins une forme de cohérence.