Jérôme Ivanichtchenko décrypte chaque jour les programmes des candidats en matière d'audiovisuel.
Place au décryptage média de notre expert, Jérôme Ivanichtchenko. Ce matin, vous entamez un grand tour d’horizon des programmes des candidats à la présidentielle en matière d’audiovisuel. Vous démarrez cette grande série avec François Fillon. Quelle est la mesure phare du candidat des Républicains ?
Eh bien, il veut remettre à plat l’audiovisuel public. Ça concerne aussi bien les chaînes de France Télévisions que les antennes de Radio France. Dès son arrivée à l’Elysée, il propose un grand état des lieux, une réflexion sur l’évolution des usages. Les modes de consommation des contenus ont évolué, notamment avec ce qu’on appelle la "délinéarisation", c’est-à-dire le replay ou le téléchargement.
Début mars, devant une assemblée de producteurs et de diffuseurs, Nathalie Kosciusko-Morizet détaillait cette première mesure du candidat Fillon. Elle expliquait qu’il fallait "simplifier" l'offre du service public et regrettait au passage la "multiplication des canaux". Il faut comprendre en filigrane, qu’il y a trop de chaînes et de radios publiques.
Pour François Fillon, "on peut aujourd’hui s’adresser à des publics différents sans financer des canaux différents". Il faut aller chercher les téléspectateurs et les auditeurs là où ils sont, sur les supports qu’ils utilisent. Pour "réduire la fracture culturelle", François Fillon veut donc une "optimisation" de l’offre de l’audiovisuel public.
Et quand on entend "optimisation", on entend aussi économies
Oui, le candidat des Républicains veut adapter les ressources à ces nouveaux usages. C’est un autre point clé de son programme. Il est donc favorable à un élargissement de la redevance pour l’ensemble des supports de diffusion, plus uniquement les téléviseurs, mais aussi les ordinateurs, les tablettes ou les smartphones.
En revanche, sur le sujet du financement de France Télévisions, pas question de revenir sur la suppression de la publicité après 20 heures. C’est assez logique : cette loi, elle a été votée lorsque François Fillon était à Matignon. France Télé, comme toutes les entreprises, a besoin de visibilité, de stabilité. Selon lui, revenir sur cette règle fragiliserait le groupe public.
Plus largement, sur le secteur de la création, le candidat des Républicains veut faire de la France une "championne des industries de l’image", ce qui lui permettrait de rayonner à travers le monde. Il imagine une démarche commune, au niveau européen, pour soutenir les producteurs, et notamment ceux qu’il appelle les "Airbus" de l’audiovisuel et du numérique
Plus anecdotique, quels sont les goûts de téléspectateur de François Fillon ?
Dans TV Mag, ce week-end, il raconte être un amateur de séries. Le candidat des Républicains est fan de "24 heures chrono", "une série qui a inventé un style" selon lui. Il rejoint sur ce point Nicolas Sarkozy, qui déclarait en 2012 qu’il appréciait lui aussi les exploits de Jack Bauer. Il apprécie aussi, la série de Canal+ "Le bureau des légendes" ou encore "Downton Abbey".
Il regarde aussi les émissions d’information, mais semble un peu moins friand des programmes politiques. Son émission préférée serait une émission dans laquelle on donnerait "la priorité aux idées plutôt qu’à la provocation ou au buzz". On comprend qu’il ne trouve pas son compte dans l’offre actuelle, on peut difficilement s’empêcher d’y voir aussi un petit tacle contre "L’émission politique" de France 2 contre laquelle il a formulé de nombreuses critiques durant cette campagne.
Demain, vous vous intéresserez au programme de Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste.